Réunies en collectif, plusieurs associations œuvrant dans le social ou le sanitaire, en appellent aux pouvoirs publics. Les dégradations des situations se heurtent à des législations réductrices qui ne leur permettent pas d’assurer leurs missions. Elles réaffirment leur posture d’accueil inconditionnel mais sont « à bout de souffle » au moment de rédiger ce « Plaidoyer » qui sera remis à la préfecture, Région et Conseils départementaux.
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Par Anne-Cécile Chapuis
Ils sont présents, mobilisés, concertés. Ils représentent les personnes dont ils ont la charge mais aussi les salariés ou bénévoles de leurs associations dans un « même combat » que l’on sent attisé par ce que Dominique Lorenzi, vice-présidente de l’URIOPSS, qualifie d’une « prise en étau ». Les responsables de structures sociales dressent un état des lieux qui ressemble à un état d’urgence, que ce soit en matière de logement, santé, emploi, pour ne citer que les grands axes de ce que l’on appelle l’insertion.
Pour le logement, Séverine Demoustier, directrice de la FAS (Fédération des Acteurs de la Solidarité Centre-Val de Loire) dénonce une « gestion au thermomètre » où seules les périodes de grand froid suscitent un regard sur les sans-abris. En matière de santé, Florence Moritz qui se définit comme « personne concernée », signale de nombreux cas où les personnes font l’impasse sur le soin tant le parcours est compliqué et semé d’impasses. Quant à l’emploi, les associations dénoncent les coupures dans les budgets avec des aides « en dents de scie » qui freinent tout projet d’accompagnement sur le long terme.
Si les constats sont sévères, les chiffres le sont encore plus. Par exemple, en région Centre, 156 personnes qui avaient appelé le SIAO/115 en 2023 (dispositif d’urgence Service Intégré de l’Accueil et Orientation) n’ont pas eu de solution. Parmi elles, 48 enfants. Et lorsqu’une unité s’insurge contre son manque de moyens, la réponse est sans équivoque : elle est fermée (comme ce fut le cas à Chartres).
Des effets pervers
Le manque de moyens entraine des effets terribles de gestion de crise. Dans les établissements d’accueil, une population en chasse une autre, des choix incombent aux professionnels qui n’en peuvent plus de ces « injonctions paradoxales » où l’État les charge d’une mission, la législation les contraint à des cadres réducteurs et les usagers montrent une précarité qui s’intensifie de plus en plus.
Les professionnels sont perdus, craquent, démissionnent, eux qui sont les premiers témoins des conséquences des politiques sociales au quotidien. Mais ils gardent la motivation, ciblent des micro réalisations, admiratifs devant la résilience des parcours et des personnes.
Mais ils considèrent de leur devoir d’en appeler aux pouvoirs publics et à la population sur « une restauration de confiance dans les politiques publiques » pour « protéger les personnes en situation de précarité tout comme les personnes qui les accompagnent ». Des moyens, des mesures, une mobilisation, une harmonisation, tout ceci pour « le respect et la dignité des personnes qu’elles accompagnent ».
Des demandes sous forme de Plaidoyer, entendues comme une revendication pour une société plus juste, plus accueillante et tout simplement plus humaine.
Les associations signataires :
FAS, Le mouvement Associatif, CRESS, Ressource AAA, URIOPSS, Coorace Val de Loire.
www.federationsolidarite.org
Pour aller plus loin dans Magcentre :
L’aide alimentaire en question