Orléans Bach Festival : des concerts haut de gamme

Le festival orléanais vient de s’achever en apothéose avec deux magnifiques concerts : « Dido furens » mardi 2 avril et « Les paysans chanteurs » ce jeudi 4 avril. Du très haut de gamme !

La nébuleuse : de G à D Samuel Guibal, basse, Romain Bazola, baryton, Clémence Niclas, soprano, Pernelle Marzorati, harpe, Riho Terajima, orgue et clavecin, Manon Papasergio, viole de gambe, Gabriel Rignol, théorbe et direction. Photo ACC



Par Anne-Cécile Chapuis

 

« Observez bien le titre du festival, il va se transformer l’an prochain ». C’est ainsi qu’Éric Valette, président, conclut la saison 2024. En effet, l’intitulé « Bach festival » est quelque peu réducteur (excusez du peu !) et les programmations l’ont bien dépassé cette année. Certes Bach y était à l’honneur, avec les concerts d’ouverture et de final consacrés au maitre de Leipzig, mais plusieurs pas de côté ont permis de faire entendre ou découvrir d’autres compositeurs comme Buxtehude, Mazzocchi ou Bodinus. Pour le plus grand plaisir des spectateurs.

Eric Valette, président et organisateur d’Orléans Bach Festival. Photo ACC

« Dido furens », quand Mazzocchi rencontre Virgile

Mardi 2 avril, un grand moment a réuni trois chanteurs et quatre instrumentistes dans des pièces inédites de Falconieri, Kapsberger et Mazzocchi.

L’ensemble « la Nébuleuse », fondé en 2021 et dirigé par le théorbiste Gabriel Signol a proposé un concert original et de haute qualité. La pièce « Dido furens » qui met en scène un passage de l’Énéide de Virgile, évoque la séparation entre Énée et Didon et la mort de cette dernière. De belles phrases, magnifiquement interprétées par Clémence Niclas, (quelle présence sur scène !) Romain Bazola (une voix pleine d’émotions) et Samuel Guibal (la chaleur des graves), soutenues avec brio par un ensemble instrumental en pleine harmonie teintée de connivence, ont rallié l’admiration du public, conquis par cette découverte.

Ensemble instrumental La Nébuleuse dirigé par Gabriel Rignol. Photo ACC


Domenico Mazzocchi (1592-1665), contemporain de Monteverdi est un musicien qu’il fut très agréable de découvrir et « Orléans Bach Festival » a pleinement rempli les objectifs qu’il s’est fixés en faisant découvrir des  « pépites », que ce soit chez les compositeurs ou chez les interprètes.

« Les paysans chanteurs », cantate burlesque

Et ce propos n’était pas démenti ce jeudi 4 avril où « La cantate des paysans chanteurs » prenait l’espace de l’Institut.

Ensemble les Artifices. De G à D : David Rabinovici, violon, Matthieu Bertaud, flûtes, Lise Viricel, soprano, Romain Bockler, basse, Alice Julien-Laferrière, violon et direction, Hager Hanana, violoncelle, Kazuya Gunji, clavecin, François Leyrit, contrebasse, Lucien Julien-Laferrière, cor. Photo ACC


Chanter Bach en français était une gageure tenue par l’ensemble Les Artifices, sous la houlette (et l’archet véloce !) d’Alice Julien-Laferrière. Des recherches, des idées, des hypothèses ont ainsi permis un concert « qui décoiffe » où l’originalité le dispute à l’humour, sous le signe de la précision harmonique et mélodique.

Les très belles voix de Lise Viricel ou Romain Bockler ont superbement servi une partition pour le moins originale de Bach dans laquelle s’intercalait des extraits de concerto ou sonate de Sebastian Bodinus (1700-1759) (encore une découverte de la saison). Côté instrument, ce fut un régal d’entendre la virtuosité des flûtes ou des violons, la force du continuo, et l’apport inédit du cor naturel de Lucien Julien-Laferrière. Dans cette famille de musiciens, c’est le frère d’Alice !

Une musique galante, actualisée dans une traduction à la française, des traits d’humour, ne serait-ce que par l’air du rire confié à la basse, une présence musicale sans faille, ont remporté l’adhésion du public et offert une belle conclusion à ce festival qui prend toute sa place dans le paysage orléanais.

Clap de fin pour Orléans Bach Festival. Photo ACC


Vivement l’année prochaine, avec un nouveau nom, de nouvelles surprises et toujours le même souci de haut niveau !

Pour en savoir plus :

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Commentaires

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  1. “Le titre du festival va se transformer l’année prochaine”. Chance ! Il va peut-être devenir français et non plus anglo-saxon comme encore cette année. Le “Festival Bach d’Orléans” aurait-il été si ringard ?

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