Travail de transmission pour le 80ᵉ anniversaire de la libération de Vierzon

Portée par un important groupe de travail représentant six associations, une collecte de témoignages sur la période de la Seconde Guerre mondiale a été lancée sur le secteur de Vierzon où la ligne de démarcation coupait la ville en deux. Le projet est participatif et devrait déboucher sur une conférence dans les mois à venir et une brochure illustrée en 2025.

Le café du chalet en ruine suite à l’explosion du pont jaune pour retarder l’arrivée des Allemands. Ville de Vierzon


Par Fabrice Simoes


« C’est un devoir d’Histoire plutôt que de Mémoire » explique Catherine Poncelet, chargée de mission au musée de la Résistance et de la Déportation du Cher. Si elle ajoute que « la mémoire est un tamisage des choses », elle aurait pu préciser que l’histoire ne peut, et ne doit pas être alternative et comme le multivers n’est toujours pas prouvé… L’ex-professeur agrégée d’Histoire, aujourd’hui retraitée, et un groupe de travail constitué d’une vingtaine de personnes, en partenariat avec la ville de Vierzon et le musée de la commune, n’ont pas attendu que soit officialisé le label national 80ᵉ anniversaire de la Libération pour faire avancer leur propre projet sur le sujet.

Pour la zone géographique de la deuxième ville du Cher, particulièrement stratégique durant une grande partie de la dernière guerre mondiale puisque coupée en deux par la ligne de démarcation, ils se sont mis en quête de tous les documents possibles et imaginables sur la période 1939-1945. Une collecte de témoignages qui a débuté en décembre 2023 et devrait s’achever l’été prochain… mais pourra toujours évoluer par la suite. Au final, une conférence à plusieurs voix à la rentrée de septembre, au moment de l’anniversaire de la Libération de Vierzon, et une brochure en 2025, année des 80 ans de la fin du conflit, sont initialement prévues.

Six associations à caractère historique, où sont associés cinq enseignants et enseignantes, trois personnalités qualifiées, dont Laurent Aucher, sociologue et maître de conférence, ainsi que Xavier Truffaut, directeur du musée de la Résistance de Bourges, entre autres, œuvrent pour répertorier, trier, classer les divers documents qui vont de la simple photo de communion, aux documents de propagande allemands. La collecte va bon train et, avec des documents reçus de divers contributeurs depuis le lancement de l’opération, le musée de la résistance a d’ores et déjà pu réaliser six panneaux sur de multiples thèmes. Les remontées ont permis d’aborder de nombreux sujets : l’année 40 ; la défaite ; les prisonniers de guerre ; la ligne de démarcation ; travailler dans les Sudètes ; mais aussi la vie quotidienne, le bombardement de juillet 44, les maquis et les résistants.

Le musée de la Résistance de Bourges a déjà réalisé six panneaux à thèmes avec les premiers documents récoltés.

Dernières possibilités de recueil auprès de ceux qui ont vécu la période

La transmission, c’est bien là le maître mot de la démarche. Les documents ont été donnés par la grand-mère, le grand-père. Ils étaient tout gamins à l’époque… En toute logique, les témoignages directs sont de moins en moins nombreux. Le temps est compté pour ceux qui ont vécu cette période. C’est donc une opportunité de recueillir des histoires de gens qui sont passés par la ville avant de rejoindre l’autre rive du Cher, auprès de ceux qui l’ont réellement traversée ! C’est aussi l’occasion de renouer avec un passé local enfoui dans les greniers ou les caves. C’est par ailleurs une aubaine pour les historiens en mal d’éléments sociologiques sur cette période troublée. C’est surtout la possibilité de révéler des gestes de résistances, des gestes d’humanité et d’autres qui le sont moins, des situations parfois ubuesques, parfois dramatiques. Des gestes qui démontrent que, quelle que soit l’époque, la nature humaine ne possède pas qu’un seul visage… C’est cet Américain d’origine française qui explique que sa famille a traversé la ligne de démarcation légalement à Vierzon, mais le fils n’étant pas sur l’Ausweis, il a dû payer, ou pas, un passeur du côté de Thénioux pour rejoindre le reste de la fratrie. C’est la petite fille de l’un des fusillés du maquis solognot de Souesmes (Loir-et-Cher) qui explique comment sa famille a survécu au drame.

À travers un questionnaire (disponible sur ce lien) et un mail dédié (collecte-80ans@ville-vierzon.fr) le projet est régulièrement abondé et avance dans tous les sens. Catherine Poncelet ne manque d’ailleurs jamais de le rappeler : « Toutes les contributions sont prises en compte. Ce n’est surtout pas une collecte excluante ».

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