« Des écailles sur les ailes d’une mouette », un titre assez énigmatique, mis en scène et interprété par Aurélie Audax, est la dernière création de la Compagnie de Saint-Jean-de-Braye, que l’on pourra voir très prochainement au théâtre Clin d’œil.
Par Bernard Thinat
C’est par une commande d’Aurélie Audax à Pierre Notte, on pourrait presque dire compagnon de route de la Compagnie, que ce texte lumineux et d’une grande richesse, poème au long cours, a vu le jour. Texte qui embrasse de multiples thèmes, celui d’un monde en voie d’extinction causée par les guerres ou le dérèglement climatique, ou les deux plus sûrement ; celui du théâtre dans le théâtre où les actrices tiennent chacune à terminer leur monologue ; celui de la transidentité (et tant pis pour les intégristes du genre) ; celui du féminisme évidemment avec quatre jeunes femmes sur le plateau ; celui au final de l’espoir en la renaissance de la vie sur terre. Et un texte nourri de références aux oiseaux et aux plantes, ode à la vie.
Elles sont quatre sur le plateau, Aurélie Audax accompagnée de Juliette Stocker et Lila Tamazit, et de Lorie Gervais pour la partie musicale à la basse. Sur la scène, un autel, et en fond de plateau, une croix qui penche : nous sommes dans la crypte d’un temple, sur la côte normande, et n’en ressortirons pas.
De gauche à droite : Lorie Gervais à la basse, Juliette Stocker, Lila Tamazit et Aurélie Audax – Photo B.T.
Tandis que les notes de la guitare s’égrènent, que le vent souffle dehors, Aurélie réclame le silence face à la société actuelle et tous ses travers, Lila chantera du Céline Dion, on aime ou pas, Juliette voudra partir en Suisse, « sorte de fantasme imaginé par Pierre Notte où les gens ne se font pas la guerre, ne se fâchent pas » selon Aurélie, puis Juliette évoquera son séjour au Kamchatka. Jusqu’au drame, celui du bonsaï qui faute d’être arrosé, meurt desséché, l’auteur en expliquera la raison dans un humour décalé, bien à lui. Et par un artifice théâtral signé Pierre Notte, voilà que le public découvre un des chaînons que les paléontologues placent au sein de l’évolution, de la bactérie vers l’Homo sapiens : nous y voilà, le cycle reprend et l’espoir en un monde plus juste renaît.
Une heure quinze qui passe très vite, tant le texte de Pierre Notte fait voyager le public au travers des thèmes sociétaux, environnementaux, musicaux et culturels. Aurélie confiera plus tard « qu’il est difficile au théâtre de ne pas être influencé par l’actualité », et avoir demandé à l’auteur qu’il n’y ait pas de « 4ᵉ mur » dans la pièce, d’où ce « théâtre dans le théâtre », cette « espèce de flou à l’intérieur du chaos », expliquera-t-elle. Les trois comédiennes font preuve d’une vivacité et d’une parfaite entente, on sent une direction d’actrices très forte, toutes trois chantant en chœur au final. Un très beau travail théâtral, pour lequel la Compagnie a associé des lycéens lors des répétitions et qui ont eu droit à une avant-première il y a quelques jours.
Des écailles sur les ailes d’une mouette
Texte de Pierre Notte
Mise en scène Aurélie Audax
Jeu et chant :
Aurélie Audax, Juliette Stocker, Lila Tamazit
Guitare basse : Lorie Gervais
Lumières : Emmanuel Delaire
Dates :
Théâtre Clin d’œil de Saint-Jean-de-Braye
Jeudi 11 avril à 19 heures 30
Vendredi 12 avril à 20 heures 30
Samedi 13 avril à 18 heures 30
Fay-aux-Loges (Fay’stival)
Le 31 mai à 21 heures
Salle des Fêtes
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