Orléans : Arthur H ensorcelle le théâtre plein à craquer

Jeudi 28 mars, dans une salle Touchard archi-comble du théâtre d’Orléans, Arthur H, en costume blanc et coiffé de son chapeau, s’est assis à son piano. Invité par l’Astrolabe et la Scène nationale, il a tenu en haleine le public ravi pendant 2 h 30. Un moment plein de grâce, à son image, donc.



Par Bernard Cassat


La voix exceptionnelle d’Arthur H, reconnaissable entre toutes, navigue du grave rocailleux à l’aigu doux et caressant. Elle fait rouler les mots avec un plaisir sonore communicatif. Arthur annonce la couleur assez vite, « tout est musique, en fait ». Et son parlé-chanté le prouve. Il psalmodie, il appuie sur les contrastes, il gobe les mots puis ses cordes vocales les éjectent en dégageant leur puissance expressive. Quand il nous dit « beauté », tout y est, et quand il prononce « Nancy danse », on la voit avec les couleurs qu’il y met. Il nous livre comme des confidences ses images rêveuses, il serpente dans la poésie sans qu’il soit forcément important de suivre ses histoires.

Le musicien poète à son piano. Photo Clodelle.


La musique nous guide, la « vraie » musique, celle des instruments. Ce quartet qu’il constitue avec ses trois acolytes joue des arrangements prenants, complexes, inclassables. Il y a de la variété, il y a du rock, un peu de jazz. Mais surtout une telle maîtrise qu’elle peut s’ouvrir à une improvisation importante. Ils se connaissent bien, ils sont en fin de tournée, donc ont rodé le show. De longs moments de très belle liberté se développent comme un jeu entre eux. Sans pour autant s’éloigner complètement des chansons. Arthur fait durer, provoque des escapades, s’engage dans des chemins de traverse. Mais surtout, il prend le temps. Le temps du plaisir d’être ensemble, le temps de s’écouter et de se répondre. Ils sont partis si loin, sur une chanson, qu’ils n’arrivaient plus à finir !

Des musiciens hors pair

Et c’est formidable à vivre. Spectacle totalement vivant, ces quatre musiciens hors pair nous font vivre un très agréable voyage dans leur univers musical libre mais très construit, cohérent, enchanteur. Le violoncelle de Pierre Le Bourgeois, étonnant dans une telle formation, apporte une touche particulière qui s’allie parfaitement à la parole d’Arthur, autant les sons de voix que les mots prononcés, mystérieux, sensibles, profonds. Nicolas Repac aux guitares joue sur plein de registres, espagnol ou très rock, baladeur aux accents bluesy parfois ou accompagnateur précis de la voix. Quant à Raphaël Séguinier à la batterie, il est juste. Ni trop ni trop peu, juste ce qu’il faut pour amener une énergie évocatrice elle aussi d’images qui vont dans le sens d’Arthur. Tous les quatre jouent vraiment comme un groupe, ils ont un son de groupe et c’est très plaisant. Surtout quand Arthur rajoute ses intonations vocales.

Un travail scénique visuel intéressant

La scène pleine de fumée au début se dégage petit à petit avec des jeux de lumière colorée qui révèlent des éléments de décor, notamment une grosse lune rouge ou bleu qui se révélera être un gong. Et au milieu du spectacle, une magnifique image de fond de scène apporte des couleurs en accord avec la voix. Tout un jeu se développe avec ce décor. Arthur ira plus loin : avec une lampe torche, il projette l’ombre de silhouettes animales et de ses musiciens sur ce fond, créant des images furtives, mouvantes, prenantes et évocatrices. Ça fait aussi partie de la réussite de ce concert, une recherche originale pour un spectacle totalement vivant.

Arthur H et ses musiciens lors des saluts après 2 h 30 de concert. Photo Clodelle.


Arthur manie constamment le contraste, comme sa voix rude et à la fois apaisante. Il raconte des situations précises, un pianiste sur le Titanic, un chercheur d’or aux US blessé mais resté vivant, une boxeuse amoureuse. Mais en fait, la puissance de sa poésie est ailleurs, dans le flou, dans le suggéré. Dans les mots abstraits, comme beauté, plaisir, chaleur, amour. Il n’a pas ce côté rebelle de son père ou de Brigitte Fontaine, à qui il fait une merveilleuse déclaration. C’est un doux, un contemplatif, un rêveur qui nous propose de magnifiques échappées du quotidien pour nous entrainer dans son monde. Et ça, il le fait parfaitement, en homme de spectacle accompli. Il suffit de se laisser porter, de se confier à cette voix pour faire un merveilleux voyage. Le public a suivi, a même servi de chœur. Chaude soirée inventive, colorée, réjouissante.

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