Magnifique et riche de diversité. A la galerie La Tour Saint-Etienne, se tient l’exposition de 92 œuvres du peintre Jacques Ousson né en 1937, membre des Artistes Orléanais. Chaque création est ici un morceau choisi d’un merveilleux intérêt. Voici un beau parcours, reflet de 65 ans de peinture à contempler. Huiles sur toiles, pastels et sculptures enchantent et captivent le regard.
Par Jean-Dominique Burtin
Une aventure collégiale pour un passionnant hommage
Jean-Bernard Rouilly et Gil Bastide. Photo JDB
Enthousiasmante est la préparation de ce rendez-vous qui s’apparente à une légitime rétrospective. Il y a plusieurs mois que les galeristes Gil Bastide et Jean-Bernard Rouilly se rencontrent. L’entente est immédiate et tous deux décident, d’un commun accord, qu’il serait bon de rendre hommage aux 65 ans de peinture de Jacques Ousson qui vit et travaille à Ousson-sur-Loire.
Au mois d’octobre, Gil Bastide, Jean-Bernard Rouilly, le photographe Jean Dubrana, ainsi que Daniel Lenglet, proche ami de la famille de l’artiste, se retrouvent pour quatre jours dans l’atelier du peintre afin de choisir les œuvres de l’accrochage. Jacques Ousson s’est laissé convaincre et découvre à son tour des créations dont il ne se souvenait plus. L’artiste se montre ouvert, met la main à la pâte, touche, retouche, tout cela alors que son épouse, Anne-Marie, lors de ce grand travail de repérage, fait déjeuner tout son monde avec joie.
« Un homme extraordinaire d’émotion »
Gil Bastide : « Jacques Ousson, je l’ai exposé depuis 25 ans mais j’ai pu cependant découvrir dans son atelier, véritable cathédrale de toiles, des œuvres que je n’avais jamais vues. L’essentiel était pour nous de choisir, parmi cet ensemble si important, ce que nous allions exposer. Il nous fallait trouver une cohérence afin de célébrer une vie de peinture. »
Richesse et diversité. Photo : JDB
Et Gil bastide, qui a tenu à mettre, avec Jean-Bernard Rouilly, dès l’entrée de l’exposition, côte à côte une toile de 1956 (Les oliviers en fleurs) et une toile de 2022 (Le peuplier noir), de poursuivre : « Les Orléanais connaissent le peintre de Loire. Mais on ne peut le résumer qu’à cela. De fait, il y a deux périodes dans son travail, la parisienne de sa jeunesse à La Ruche, à Montparnasse, où il aimait tout autant peindre des natures mortes que s’enflammer pour les tendances artistiques de l’époque. Puis c’est la rupture, il décide d’aller chez sa grand-mère à Ousson-sur-Loire à la fin des années 60. L’urbain rencontre ainsi la Loire, il peint vaches et pommes, poules, et tant d’autres sujets. Il est un amoureux de la lumière, de la matière Loire, de la matière arbre. Jacques Ousson est un homme extraordinaire d’émotion, un maître, un lion, un seigneur, un soleil. »
Lumière céleste et densité de l’ombre
Déambulant dans la galerie, par ses grands espaces et ses alcôves, on ne peut qu’admirer des cerisiers en fleurs, un merveilleux champ de coquelicots, les verdiaux de Loire à différentes heures du jour, la somptueuse vapeur d’un bouquet de lilas, l’étonnant Chemin rouge qui conduit à l’église, la densité des iris, l’humide touffeur des hortensias. Voici encore de délicieux pastels, cette précieuse déchirure des nuages d’orage laissant apparaître un merveilleux lambeau de ciel bleu. Avec force et délicatesse, Jacques Ousson est le passeur de la douce puissance de la nature. Il nous en révèle ses secrets avec des tons palpables. Ici et là, dans l’humilité des études et le chant d’une toile, Jacques Oussson serait un impressionniste de vérité et de beauté.
Jacques Ousson : « Je me remets souvent en question et à ce moment-là, il faut détruire… J’ai beaucoup détruit et repeint sur des toiles sacrifiées. J’aime repeindre sur de vieilles toiles plutôt que sur des surfaces vierges car il y a déjà toute la générosité de la pâte sur laquelle les objets ou sujets trouvent mieux leurs places. Il faut savoir rater une toile pour avancer ! »
Galerie La Tour Saint-Etienne,
8, rue Saint Etienne, Orléans.
Jusqu’au 7 avril.
Ouvert tous les jours, de 11 heures à 19 heures, dimanche inclus.
Téléphone : 06 07 33 38 63.
Un ouvrage photographique de Jean Dubrana consacré aux œuvres de l’artiste est en vente à la galerie au prix de 20 euros.
Jacques Ousson en quelques mots
Après des études secondaires, l’artiste peintre né en 1937 entre à l’Académie Charpentier, puis à l’école des Métiers d’Art. Il s’installe à la Ruche, à Montparnasse, Paris, où il poursuit ses recherches picturales ; cela devient sa seule activité.
Il participe à la 3ᵉ Biennale de Paris en 1963. En 1969, il revient dans la maison de ses grands-parents aux bords de la Loire à Ousson, village de son enfance, dont le nom devient son pseudonyme. De nombreuses expositions de groupe et personnelles (dont celles à la galerie Gil Bastide d’Orléans de 1998 à 2015), jalonnent un parcours international. Les œuvres de Jacques Ousson figurent dans les collections publiques : à Orléans, au musée des Beaux-Arts ; à Troyes, au musée d’Art moderne ; à Tokyo, au Marimura Art Museum.
Prochaines expositions à La Tour Saint-Etienne
– Les peintres Charlotte De Maupéou et Vincent Alran, en juin.
– Le peintre Cieu, en octobre.
– L’artiste Sylvie Desmoulin, en novembre/décembre, peintures et sculptures.
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Johan Creten à Orléans : à ciel ouvert et au sein du musée des Beaux-Arts