Nice l’estivale, n’a pas fait voler en éclats tous les repères du conformisme du grand sud, mais on y sent comme un vent de jeunesse et de nouveauté. La preuve par six, en six lieux à découvrir.
Vue générale, colline du Château – crédit A.Issock OTM NCA
Par Bénédicte de Valicourt
A Nice tout part et tout revient à la mer. Il y a bien sûr la Promenade des Anglais, fréquentée par les touristes de passage, mais aussi à côté de la pimpante place Garibaldi restaurée, le quartier du « petit Marais », proche du port. C’est l’une des nouvelles destinations branchées de la ville, avec ses restaurants et ses bars dont le « Comptoir central électrique », qui comme son nom l’indique est installé dans les anciens locaux d’un magasin d’électricité, et en joue avec ses suspensions d’ampoules et ses pierres apparentes.
Cours Saleya crédit OCM NCA
A deux pas et incontournable : faire un tour au marché du vieux Nice.
A Nice tout passe par le marché du Cours Saleya dans la vieille ville. Classé « marché d’exception de France », on y trouve tous les délices de la cuisine niçoise, qui fait désormais partie du patrimoine culturel immatériel français. Au passage, n’hésitez pas à déguster sur le pouce une pissaladière, des petits légumes farcis, un pan bagnat ou la Socca, une galette à base de farine de pois chiche qui se mange dès sa sortie du feu de bois. Pour la trouver, il suffit de faire la queue chez Théresa qui a un stand sur le marché et une boutique pas loin dans les rues étroites du vieux Nice. Un pousse-pousse fait la navette régulièrement entre le four à bois et le marché. A visiter également : le marché de la Libération au nord de Nice.
Prendre de la hauteur
La colline du château est aujourd’hui un immense promontoire noyé dans la végétation. De là, on a une vue panoramique exceptionnelle sur la mer, la Promenade des Anglais et toute la ville jusqu’à l’arrière-pays. Pour y accéder, on peut emprunter (gratuitement) l’ascenseur, curiosité locale construite en partie dans le puits de l’ancien château, une énorme forteresse qui fonctionnait en lien avec d’autres forts. Sa destruction par Louis XIV a ouvert la ville qui a dès lors commencé sa conquête de l’Ouest et gagné sur les anciens remparts. Si l’ascenseur ne fonctionne pas n’hésitez pas à monter à pied, ce n’est pas long.
Ascenseur du château, 1, rue des Ponchettes.
Goûter à la Belle Époque
Musée des Beaux Arts crédit Ville de Nice
Ce n’est pas le plus connu de la ville, pourtant le musée des Beaux-Arts Jules Chéret vaut le détour. Ne serait-ce que pour admirer le bâtiment, un palais de la Belle Époque, rare à Nice. En y entrant, il est assez aisé d’imaginer les bals, concerts, grands dîners et salons littéraires qui s’y déroulaient, à l’ombre du parc immense qui descendait jusqu’à la mer.
Si ce n’est plus le cas aujourd’hui, la bâtisse achevée en 1883, mais pas encore rénovée au grand dam de la jeune directrice qui a bon espoir de voir les travaux débuter en 2028, a de très beaux « restes ». Elle a été conçue comme une « vila maritima » à la romaine avec ses ouvertures immenses sur la mer et la nature, ses hauteurs sous plafond vertigineuses et ses peintures polychromiques qui apparaissent çà et là au gré des sondages sous les couches de peinture. Le musée abrite une riche collection de peintures nordiques, italiennes, françaises et flamandes, la collection Raoul Dufy et des œuvres de Bonnard, Pierre Boudin, Van Dongen, et des sculptures de Rodin, entre autres. On y organise régulièrement des concerts et des expositions….
Actuellement : « Vivre pour l’art. Les collections Trachel et Rothschild à Nice ». Cette exposition qui se décline dans plusieurs musées de la ville, est l’occasion de découvrir cette riche collection offerte à la ville entre 1892 et 1912. Avec notamment les aquarelles des frères Trachel et de la baronne de Rothschild, dont un des frères Trachel était le professeur et l’ami. Il y a aussi des objets, sculptures, estampes, mobilier, céramiques et textiles. 260 œuvres issues d’un don des Rothschild ont par ailleurs été restaurées pour l’occasion. Jusqu’au 28 avril 2024.
Déambuler sur la promenade du Paillon
Vue générale miroir d’eau vieux Nice coucher de soleil Promenade du Paillon – crédit Ville de Nice
Remplacer le béton « pourri », la gare routière, les parcs autos et le square Leclerc par une vaste « coulée verte » en plein cœur du centre-ville sur 12 hectares. C’est le choix audacieux qu’a fait Nice, en plantant un parc verdoyant du musée d’Art moderne et d’Art contemporain (MAMAC) à la Promenade des Anglais, en traversant au passage la Place Masséna. Inauguré en 2013, c’est un parcours bucolique avec ses 1 600 arbres, 6 000 arbustes et 50 000 plantes vivaces. De quoi voyager en peu de pas, entre la Méditerranée, l’Asie, l’Afrique, l’Océanie et l’Australie, l’Amérique du Sud et du Nord. Au centre, un immense miroir d’eau équipé de 128 jets, des jeux, des expositions et des spectacles notamment du côté du vieux Nice. Le Nice jazz festival s’y tient aussi près du jardin Albert 1ᵉʳ. Une extension est également en cours d’aménagement sur huit hectares supplémentaires. Un choix judicieux et précieux en ces temps de réchauffement climatique. Et trop rare en France pour ne pas le souligner.
Tout savoir sur l’histoire de la ville
A deux pas de là, sur la Promenade des Anglais, direction le musée Masséna. Cet ancien hôtel particulier a été transformé en musée d’art et d’histoire en 1921. Du masque mortuaire de Napoléon réalisé par le Docteur Arnolt au diadème de Joséphine offert par Murat à l’Impératrice : il y a là beaucoup d’objets, tableaux, meubles, témoins de la transformation de Nice de ville jardin en ville de villégiature de 1792 à 1939. C’est passionnant et parfois drôle. On y apprend, entre autres anecdotes, qu’un règlement interdisait aux hommes de se baigner nu. Ou qu’il ne fallait pas pendre par les pieds les noyés. Au passage, ne ratez pas non plus le rez-de-chaussée avec sa salle à manger parfaitement restaurée. Et admirez la fresque du hall d’entrée inspiré de la Maison-Blanche – excusez du peu – dessinée par Fragonard. La cuisine transformée en bibliothèque, renferme un important fond régional d’histoire du Comté et plus de 35 000 livres. En sortant, on prête attention au très beau jardin historique et à ses 300 espèces rares. Il a été aménagé selon le dessein d’Edouard André, un architecte de la fin du XIXe siècle. De là, on a une vue plongeante sur le dôme du mythique hôtel Negresco. N’hésitez pas à passer le seuil. Inauguré en 1913, il abrite 128 chambres et suites toutes différentes mais surtout plus étonnant, une collection unique de 6 000 œuvres d’art français de Louis XIII à nos jours. Elles sont réparties dans les étages, donc réservées aux clients, mais il y en a également dans l’immense hall, le café et le restaurant une étoile.
Et aussi :
Le musée Matisse. Ici les collections permanentes, plus de 900 œuvres, objets et photos, tournent en permanence dans un dialogue avec les expositions temporaires. On découvre dans cette villa Belle Époque, posée au milieu des pins, les ambiances de l’atelier du maître qui a vécu à Nice de 1917 à 1954, son premier tableau, des papiers gouachés et découpés, ses œuvres réalisées à la fin de sa vie et on apprend au passage qu’il jouait de la musique, ce qui était très important pour lui. C’est beau et émouvant.
Lutter contre le « surtourisme »
Mettre un frein aux navettes qui il y a encore dix ans déversaient un flot continue de touristes dans la ville. Telle est la politique actuelle de la mairie de Nice qui a aussi réduit le nombre de croisiéristes et de ferries pour la Corse, pour lutter contre le « surtourisme ». Seuls 7 à 8 abordent le port de Nice contre une cinquantaine il y a dix ans.
Désormais à Nice, classée au patrimoine mondial de l’Unesco en 2021, la métropole Nice Côte d’Azur a par ailleurs fait le choix d’un équilibre entre industrie et numérique tourné vers la santé. Elle privilégie également le pôle éducatif passé de 20 000 à 40 000 étudiants en 20 ans, comme le tourisme évènementiel et culturel de qualité. En projet aussi, la création d’une ère marine protégée de 110 hectares, de l’aéroport jusqu’au Cap de Nice. De quoi « protéger la façade naturelle du littoral » et le sanctuaire de Pelagos, un espace maritime de 87.500 km² faisant l’objet d’un accord entre l’Italie, Monaco et la France pour la protection des dauphins et des baleines.
Carnet de voyage
Où manger ?
– Peixes 4 rue de l’Opéra, formule midi à 20 euros
– La petite maison, 11 rue Saint François de Paules, Plats 29 euros environ. C’est l’une des adresses des Niçois, incontournable de la ville.
– le clin d’œil, 2 rue Chauvin.
Où dormir pour pas trop cher ?
Villa st Hubert : Loin des grands hôtels de la promenade des Anglais, la villa St Hubert est un charmant petit hôtel sis dans une typique villa de Nice. 80 euros la nuit. Tél. : 04 93 84 66 51
Hôtel Amour. A deux pas du Negresco une villa de 38 chambres, décorée de meubles chinés, d’une literie top. Il y a aussi un patio, un restaurant et un rooftop de rêve avec une piscine avec vue à 180° sur la Méditerranée. Il y a aussi une plage privée, avec parasols rayés et transats couleur azur. À partir de 117 euros. 3 av des Fleurs.
Où acheter des livres ?
La très active librairie Jean Jaurès, est un pilier de la culture locale et la doyenne des librairies niçoises, qui accueille régulièrement des accrochages d’artistes.
Où boire un verre ?
Rouge, un bar à vin ultra-sympa tout près du port.
Où manger une glace ?
Fennochio est le glacier le plus connu de la ville, mais désormais, il y a aussi Glaces Oui, jelato, en plein cœur de la vieille ville au 5, rue de la Préfecture.
www.ouijelato.fr
www.fennochio.fr