Difficile de qualifier ce spectacle complet et grandiose qui a retenti sur la scène du Zénith d’Orléans le week-end dernier. Bien plus qu’un opéra, au-delà d’un concert, loin d’un spectacle traditionnel, c’est toute une machinerie qui s’est mise en route pour la 9e édition de La Fabrique Opéra et qui a produit ce Nabucco à la fois magique et fantastique.
Après la partie coulisses, parlons du spectacle.
Nabucco en représentation du 22 mars 2024. Photo Valérie Thévenot
Par Anne-Cécile Chapuis et Valérie Thévenot
Monter Nabucco, c’est mettre en évidence le chœur. Clément Joubert, directeur artistique et chef d’orchestre le souligne : « West Side story privilégiait la danse, Tosca mettait en valeur l’orchestre, avec Nabucco, c’est l’apogée du chœur ». Un chœur de 110 choristes présent, engagé, aux belles voix harmonieuses, qui accompagne le spectateur tout au long de l’opéra. Saluons au passage le travail de Corinne Barrère, cheffe de chœur et Jérôme Damien, pianiste chef de chant, pour cette mise en place en amont et l’aboutissement de qualité produit par les amateurs.
Une scénographie d’une grande esthétique « simple et lisible »
La qualité, celle qui fait ouvrir les oreilles et l’originalité, celle qui fait écarquiller les yeux, étaient au rendez-vous dans la salle plutôt ingrate a priori du Zénith. Cécile Hurbault, assistée de Ludovic Meunier, scénographe, a privilégié les contrastes lumières/ombres pour symboliser le combat entre le bien et le mal, entre l’oppression et la liberté, thèmes chers à Verdi. Ses choix très esthétiques sont convaincants et offrent un écrin « grand format » pour cette évocation du peuple des Hébreux, de Jérusalem à Babylone en 587 avant J.-C.
Marilyn Clément, Abigaïlle passionnée et convaincante. photo Valérie Thévenot.
La musique avant tout
Avec une sonorisation opérante et efficace, la musique envahit l’espace et touche les 4 000 spectateurs présents. L’orchestre des 54 musiciens de l’Inattendu montre ses grandes qualités, révélant ses potentiels tant dans l’ensemble que dans les soli (à noter de très beaux airs accompagnés par la harpe ou par le violoncelle solo) ou dans l’harmonie des cuivres (par exemple dans l’ouverture de l’opéra, où l’émotion est créée d’emblée).
Et les commentaires – exercice difficile s’il en est – ne sauraient occulter les solistes qui déroulent la trame de l’intrigue et savent faire passer le spectateur de la passion à l’émotion. La très belle voix de Marilyn Clément avec ses sublimes aigus (Abigaïlle), le vibrato large de Thibault de Damas (Nabucco), la présence scénique de Vincent Billier (Zaccaria) ou la pureté vocale de Marie Rocca-Tendraïen (Fenena) contribuent, entre autres, à ce spectacle de qualité.
Nabucco. Photo Valérie Thévenot
Clément Joubert, bien plus qu’un chef
Tout ce dispositif repose sur ses épaules, quoi qu’il en dise. C’est lui qui impulse, coordonne, dirige, bien sûr, mais surtout c’est lui qui donne l’esprit de cette « entreprise coopérative » qui fédère de nombreuses forces vives dont la place est reconnue, valorisée, encouragée. Pas de petits rôles pour la Fabrique Opéra, et ces réalisations qui vont bientôt fêter leur dixième anniversaire méritaient bien le « Trophée régional du bénévolat et de la citoyenneté 2024 » qui a été remis, ainsi que la médaille de l’engagement bénévole et volontaire décernée aux établissements scolaires participant à ce projet.
Remise de trophées pour la Fabrique Opéra et les 13 lycées partenaires. photo AC Chapuis
La vie de la Fabrique Opéra continue et le rendez-vous est déjà fixé pour la version 2025 qui fêtera le dixième anniversaire avec Carmen de Bizet.
« La billetterie 2025 est ouverte ! » sera le dernier mot de Clément Joubert.
Et pour conclure, c’est en images !
Pour en savoir plus :
Nabucco côté coulisses à Orléans
Flashmob : 2 374 choristes pour le chœur de Nabucco à Orléans