Construite au début du XVIe siècle, la maison des Alix, l’un des édifices emblématiques de Gien, a failli s’effondrer. Au bout de trois années d’efforts, avec l’aide – notamment – du loto du Patrimoine en 2022, mais grâce, aussi, aux compétences d’entreprises régionales spécialisées dans les monuments historiques, cette restauration d’envergure touche à sa fin.
Par Izabel Tognarelli
Comment imaginer Gien sans sa maison des Alix ? La plus ancienne et l’une des plus belles bâtisses de cette ville des bords de Loire est inoubliable par la présence qu’elle dégage. Combien ont pourtant cru la voir tomber de leur vivant ? L’effet aurait été comparable à celui ressenti par les habitants du Mesnil-Raoul, en Seine-Maritime, quand leur tilleul, âgé de 500 ans, s’est effondré. Ou bien quand une tempête a eu raison du célèbre hêtre de Ponthus, à Paimpont, en Bretagne. Le paysage n’est plus le même. Mais le XXIe siècle – capable du meilleur comme du pire – a mis tous ses moyens en œuvre pour contrecarrer les effets délétères du temps et redonner tout son lustre à cette magnifique demeure, contemporaine d’Anne de Beaujeu. Les résultats sont là, presque prêts à être montrés au public.
Deux maisons jumelles, réunies sous un même toit
De cette maison des Alix, on sait relativement peu de choses, si ce n’est qu’elle appartenait à une famille de commerçants, les Alix, et que les dommages sont anciens. À l’origine, il s’agissait de deux maisons jumelées, dont on lit encore le souvenir sur la façade en pierre d’Apremont. « On pense que le chéneau qui se trouve entre les deux maisons devait avoir un défaut d’étanchéité », nous explique Laurent Rougeron, maire adjoint délégué à l’aménagement, aux travaux et au cadre de vie. « C’est peut-être ce qui a causé le désordre structurel de la maison : de l’eau qui s’est infiltrée, entraînant l’affaissement de la maison par son centre ». Afin d’éviter de reprendre ce chéneau, les bâtisseurs ont reconstruit – dans un passé lointain – un toit par-dessus, d’où l’impression d’une bâtisse unique, démentie par l’observation des dessins de la façade : « Le comblement en briques a été fait pour réunir l’ensemble ». La maison s’est retrouvée rehaussée par une charpente posée au-dessus des deux charpentes de toits d’origine, contribuant encore à l’affaissement par le poids rajouté. « Au fur et à mesure qu’elle se déformait, des matériaux ont été remis sur ses planchers afin de retrouver des planchers plats, ce qui accentuait encore l’affaissement ».
Les travaux ont aussi révélé qu’à l’origine, il s’agissait d’une maison à colombages, recouverte par un parement en briques, posé comme une peau sur la façade, mais assez peu solidaire.
Elle avait résisté aux bombardements
La maison a tenu bon grâce à une certaine souplesse dans sa construction, mais tout a une fin, et la dernière heure de la maison des Alix était prête à sonner quand la ville a décidé de prendre ce destin en main. Il faut imaginer des poutres cassées et un dénivellement de 70 cm qui se lisait sur certains chambranles de portes, devenus de guingois : « Les planchers ont été remontés, toutes les poutres éclatées ont été soulevées, étayées, maintenues, moisées ». Certains éléments ont été remplacés par du bois de récupération en provenance d’autres chantiers.
Il s’en est donc fallu de peu pour que cette magnifique demeure disparaisse à jamais du paysage giennois. Ce qui aurait été un comble quand on pense que, dans le désastre des bombardements de la Deuxième Guerre mondiale, elle avait réussi à tenir bon. Au moment où les désordres majeurs ont été constatés, la Ville était engagée dans une opération « Cœur de ville » avec des travaux et des engins : les vibrations engendrées l’auraient mise par terre. Une date se dessine pour présenter la maison des Alix au public : les élus vont essayer de fixer le cap avec les entreprises afin qu’elle soit prête pour les prochaines Journées du Patrimoine, les 21 et 22 septembre 2024.
ㅤ
Bientôt prête à reprendre du service
Mais quelle va être la vocation de cette maison des Alix à présent que la restauration est quasi terminée ? « Pour l’instant, nous n’avons pas encore totalement arrêté notre position sur la question, poursuit Laurent Rougeron. Différents projets sont sur la table. Il est à peu près acté que le rez-de-chaussée sera conservé dans sa forme actuelle : nous ne remplirons pas les colombages. Nous souhaitons conserver cet espace unique plutôt que de le cloisonner, car les volumes ne sont pas si grands. Aujourd’hui, nous pensons plutôt à un espace d’exposition, temporaire ou non, dans une configuration qui permettrait de disposer de l’ensemble du rez-de-chaussée ».
Plus d’infos autrement sur Magcentre: Le château de Sully-sur-Loire se refait une beauté par drone