Polémique à l’Université d’Orléans. Lors d’un exercice de simulation parlementaire organisé par l’association Orléoquence, l’exclusivité de la parole d’extrême droite et de ses idées les plus chères suscitent l’indignation.
Par Jean-Jacques Talpin
La participation d’étudiants d’extrême droite à un exercice de « simulation parlementaire » à la Faculté de Droit d’Orléans agite les réseaux sociaux depuis quelques jours, notamment à l’initiative du Mouvement des Jeunes socialistes et du conseiller municipal Baptiste Chapuis. Le 19 mars dernier, l’association « Orléoquence » qui milite pour « promouvoir la langue et la culture française à travers la pratique des arts oratoires, du débat et du plaidoyer » organisait une « simulation parlementaire » où des jeunes réunis par sensibilités pouvaient participer à un exercice de rédaction de texte, d’amendement et participer à un semblant de débat parlementaire.
« Un tapis rouge à l’extrême droite »
Mais au cours de cet exercice, seuls des étudiants d’extrême droite, proches du Rassemblement national mais réunis sous l’étiquette ad hoc « Union nationale des patriotes » ont participé avec une « proposition de loi ». Ce texte reprenait quelques théories chères à l’extrême droite telles que « l’expulsion des Fichés S » ou « le retour des peines planchers ». Des idées « nauséabondes, xénophobes et anti républicaines » pour le MJS qui considère comme inacceptable « qu’un tel tapis rouge soit déroulé à ces idées dans l’Université ». Et de demander des réactions et des condamnations au président de l’Université et à l’association organisatrice.
De son côté Baptiste Chapuis, conseiller municipal socialiste, a lui aussi réagit vigoureusement : « Les digues tombent aussi à Orléans. En tant qu’ancien étudiant en droit à Orléans, j’ai honte que ma fac facilite la diffusion de ces discours haineux et dangereux. J’ai mal à ma fac… non à la banalisation de ces idées et thèses ». « Nous ne comprenons pas cette polémique explique Marceau Trouvé le président d’Orléoquence, notre association est apolitique et veut donner la parole à tout le monde. Mais seule l’extrême droite a accepté de participer à cette simulation parlementaire ».
Le débat est d’autant plus d’actualité qu’Orléoquence organise ce jeudi à 17 heures une conférence publique avec Jean-Michel Blanquer, l’ancien ministre de l’Éducation nationale sur le thème de la laïcité. Pas question pour l’association de dérouler un tapis rouge à l’extrême droite (la conférence n’est d’ailleurs ouverte que sur inscription). « D’ailleurs poursuit Marceau Trouvé, nos trois intervenants sont irréprochables sur le terrain de la défense des valeurs républicaines ». Outre Jean-Michel Blanquer interviendront notamment Didier Chavrier, référent laïcité à l’Université d’Orléans et Gilles Kounowski, président du Laboratoire Loiret de la laïcité. Une conférence d’abord à destination des jeunes qui interprètent souvent la laïcité comme un cadre contraint, au contraire de la liberté qu’elle représente avant tout.
Plus d’infos autrement sur Magcentre: Le macronisme contre les élites (sic)