Le célèbre écrivain Jean-Christophe Rufin était l’invité ce vendredi 22 mars 2024 de la Librairie Nouvelle d’Orléans. Il y a présenté et signé son dernier livre d’Or et de jungle. Un roman d’aventures divertissant qui interpelle néanmoins sur la dérive des technologies actuelles.
L’écrivain Jean-Christophe Rufin à la Librairie Nouvelle d’Orléans le 22 mars 2024 pour son dernier roman “D’or et de jungle”. Photo Sophie Deschamps
Par Sophie Deschamps
On ne présente plus Jean-Christophe Rufin. Médecin, diplomate, ses nombreuses vies lui ont inspiré quelques récits dont Immortelle randonnée, mais aussi de nombreux romans (Rouge Brésil, Le Collier rouge…). Berruyer d’origine, il est venu presque en voisin ce 22 mars à la Librairie Nouvelle d’Orléans parler de son dernier opus D’Or et de Jungle (Calman-Lévy). L’histoire se passe dans le minuscule Etat du Brunei où un coup d’Etat “clés en main” va se produire au profit d’un géant californien du numérique. L’un des personnages principaux Flora, petite-fille d’un célèbre mercenaire inspiré de Bob Denard se retrouve malgré elle plongée dans cette aventure. Et bien sûr rien ne va se passer comme prévu. Mais nous n’en dirons pas plus.
Écrire des romans pour décrire le monde
Devant une assemblée fournie, Jean-Christophe Rufin a donc fait partager son plaisir d’écriture : « J’aime écrire des romans parce que c’est une manière d’exprimer des idées sur le monde, qu’il soit passé ou contemporain en utilisant des personnages qui incarnent les choses. »
Selon lui, le roman peut et doit évoquer les problèmes et les dangers de notre société. Ici ce sont les GAFAM qui sont directement visés car explique-t-il, « leurs travaux touchent à l’humanité, notamment l’idée de tendre vers l’immortalité en prolongeant la vie, ou de connecter directement l’homme à la machine comme avec le projet Neuralink » (projet d’implant cérébral d’Elon Musk, NDLR). De plus, ce sont des libertariens. Ils ne supportent pas l’idée que ce qu’ils veulent faire soit interdit. Pour eux, la liberté humaine doit être absolue. D’où l’idée de s’emparer d’un Etat pour contourner les lois et les normes, en dehors de toute éthique. »
Toutefois, plutôt que d’assommer son lectorat avec des informations techniques, Jean-Christophe Rufin les met dans la bouche d’un vieil universitaire trotskiste, le professeur Delachaux, spécialiste des coups d’Etat. Mais précise-t-il, « il ressemble tellement à l’un de mes amis que j’ai jugé plus prudent de lui faire lire les passages où il apparait. En fait, il a rigolé ».
Fier d’être un Immortel
Parmi les questions posées par le public, une femme demande tout de go s’il ne s’ennuie pas à l’Académie Française. Et l’Immortel de répondre : « L’Académie française n’est pas faite pour s’amuser. Mais j’ai adoré cette maison quand j’y suis entré il y a quinze ans. Je côtoyais des gens comme Jean d’Ormesson, Michel Serres, Max Gallo, etc… C’est une institution qui existe depuis 1634 donc elle fluctue selon les périodes. Au fond, il y a peu de pays qui accordent autant de prix à leur langue et leur littérature au point d’en faire une institution. Nous n’en avons plus beaucoup comme ça en France. »
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