Du 4 au 12 mai, la 31e édition du Festival international de sculpture de la Bresse, rendra hommage à Camille Claudel. Anne Boisaubert, artiste vivant et travaillant à Saint-Pryvé-Saint-Mesmin (45) en est l’invitée d’honneur. Dans son atelier, où nous l’avons rencontrée en février dernier, cette artiste s’attèle à la création de trois œuvres dédiées à cette si belle figure de l’art disparue.
Anne Boisaubert et la Hottée du Diable cl Valérie Thévenot
Par Jean-Dominique Burtin
Photos Valérie Thévenot
« J’ai le sentiment que Camille m’accompagne »
De nombreux amateurs d’art connaissent le talent de sculptrice et d’écrivaine d’Anne Boisaubert. Dans son atelier, à quelques pas de la galerie de ses bronzes, naissent avec précaution, audace, doute, fébrilité mesurée, élans et repentirs, de nouvelles œuvres. Ici, ses doigts dansent avec la terre, travaillent cette gangue. Tout cela pour parvenir à faire éclore ou jaillir beauté et poésie de l’œuvre.
Anne Boisaubert : « La terre est une peau qui palpite comme un vrai corps. Voici, pour évoquer Camille, une terre à modeler, souple lisse et sensuelle avant cuisson. Je veux y apporter un peu de terre d’un bois non loin de la maison d’enfance de Camille Claudel à Villeneuve-sur-Fère, un pain que j’ai récolté sur place. C’est la première fois que je fais cela, et j’en ressens une grande émotion. Pour ce travail, j’ai des idées qui peuvent évoluer mais en vérité c’est la terre qui me guide. Il m’importe toujours de partir dans l’inconnu. De Camille Claudel et de Rodin, j’ai toujours aimé la facture de leurs œuvres. Pour cette invitation du salon de la Bresse, je ne veux toutefois pas les copier. A ce jour, je ne me trouve que dans la fibre du sentiment, celui qui fait naître une sculpture qui vibre, une sculpture dont on peut épouser les creux et les bosses. Pour cette exposition dédiée à Camille Claudel, j’ai ressenti le besoin de lire à n’en plus finir sur cette artiste, de m’imprégner d’images, mais aussi et surtout d’effectuer un pèlerinage là où elle a vécu. Ici et là j’ai tenu à marcher sur ses pas, dans ces lieux qu’elle a chéris toute sa vie. Pour cette exposition, je réalise un buste de Camille et un buste de son père Louis-Prosper. Il y a toujours quelque chose d’absent qui me tourmente disait-elle. »
« Je vais voir où mes mains vont me mener »
Dans l’atelier d’Anne Boisaubert apparait le bel échange des regards entre Camille et son père. Une troisième pièce devrait être une spirale évoquant Camille telle une flamme en offrande et naissant du feu de la Hottée du Diable. La Hottée ? Il s’agit d’un lieu à quelques kilomètres de la maison familiale de Camille, d’une butte, d’un amas naturel de blocs de grès. Dans les plis de cette robe actuellement de terre, et demain de bronze, peut-être retrouverons nous suggérées les présences de Camille et de Paul, de ce petit Paul, le petit frère des jours heureux aimé avec lequel elle aimait tant parcourir ces espaces naturels.
Anne Boisaubert : « A présent, je vais voir où mes mains vont me mener. J’ai le sentiment que Camille m’accompagne. Elle est présente en moi et je suis sûre qu’elle m’aide. »
En savoir plus : www.festival-sculpture.fr et www.anne-boisaubert.fr
