Dans ce quartier populaire, le lien social et la solidarité ne sont pas de vains mots grâce à l’association RéSO qui veut valoriser les compétences et les talents de ses membres sur la base d’un réseau d’échanges de savoirs.
Les habitants mobilisés dans RéSO. Photo Magcentre
Par Jean-Jacques Talpin
Loin de clichés sur l’individualisme ou l’absence d’implication des habitants des quartiers populaires, l’association RéSO vient prouver le contraire. La structure née en 2018 dans la continuité d’un conseil de quartier en est bien le contraire. Avec un petit budget, près de 40 000 euros, sans beaucoup d’aides mais avec 90 adhérents, « l’Association RéSO des quartiers Nord d’Orléans » a mis sur pied une organisation qui mobilise aujourd’hui de nombreuses initiatives. « C’est le pouvoir d’agir explique le président Jean-Marie Boutiflat, et la recherche de solutions pour le bien vivre-ensemble ». A l’origine l’association est un réseau d’échanges de savoirs où chacun apporte et reçoit dans la réciprocité : « Une heure de service offert égale une heure de service reçu quelles que soient la nature et la complexité du service échangé ».
Le principe initial est toujours de vigueur même si de nouveaux services sont venus s’y greffer. Grâce à un partenariat avec la Banque alimentaire du Loiret que préside Antoine Vitoux, des distributions de produits alimentaires sont organisées deux fois par mois dans le local des Blossières. « C’est notre vocation d’apporter soutien et accompagnement aux associations, explique Antoine Vitoux, nous le faisons avec 104 associations même si face au nombre accru de demandeurs nos distributions sont en régression ».
« Reprendre confiance »
Au fil des ans d’autres services ont été apportés. Ainsi avec le chef cuisinier Ludovic Baubert un « atelier culinaire solidaire » y est organisé régulièrement avec les produits de la Banque alimentaire. « Nous voulons proposer des menus simples avec des produits peu chers pour élaborer des menus rapides, efficaces et dégustés dans le partage et la convivialité. C’est aussi un exercice de lutte contre le gaspillage alimentaire et la malbouffe », explique le chef.
Autre service qui s’est étoffé : un atelier de couture et de restauration vestimentaire en partenariat avec l’Atelier de Bérangère Pouget. Pour les « gens en difficultés cet atelier permet de confectionner à moindre coût des vêtements ou d’en rénover d’autres ». Chacun met ainsi la main à la machine à coudre pour apprendre, se former et réaliser des vêtements. Et cela avec une vocation d’éducation populaire pour « acheter moins, réparer, favoriser le réemploi » tout en formant des « couturiers » (car il y a des hommes qui fréquentent l’atelier) « à reprendre confiance en eux ». RéSO propose aussi une collaboration avec Nomad’I Serane de Noémie Briand qui propose du théâtre à la ferme à Ingrannes et une « médiation animale » notamment avec des ânes. Avec ces sorties en ferme pédagogique les habitants peuvent aussi sortir de leur quartier, bénéficier de jeux autour du théâtre et d’animations avec des animaux. RéSO propose encore un atelier d’accompagnement administratif en réponse aux besoins des habitants notamment avec le concours d’Edwige, l’unique salariée de l’association.
Partenaires aux abonnés absents
« Toutes nos activités, appuie Jean-Marie Boutiflat, contribuent à mettre en valeur les compétences insoupçonnées des habitants sur un quartier un peu trop souvent relégué. Mais surtout avec une façon d’accueillir différente dans l’amitié et la solidarité ». Avec autant d’activités on pourrait s’attendre à ce que l’association soit soutenue financièrement d’une manière pérenne. Et bien non ! RéSO a un temps été intégrée au contrat de ville avant d’en être exclue et avec elle la fin des subventions. L’État, la ville d’Orléans, la CAF, les bailleurs sociaux (à l’exception de Valloire habitat) sont aujourd’hui aux abonnés absents. Certes Jean-Marie Boutiflat a bon espoir d’être réintégré cette année au contrat de ville mais sans pour autant renoncer aux fondamentaux de RéSO et à la défense d’une « population reléguée et précarisée » quitte à aller sur d’autres champs d’intervention comme la défense du bureau de Poste des Blossières qui est sérieusement menacé.
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