La table d’anatomie virtuelle permet l’apprentissage de l’anatomie et de la dissection d’un corps humain virtuel en temps réel. Elle remplace la dissection de cadavres, n’utilise pas de produits chimiques à manipuler, ne produit aucune mauvaise odeur, n’est pas responsable de malaises d’étudiants émotifs et respecte le corps des défunts. Il en existe une quinzaine en France.
Par le Dr Philippe Emy
Conçue par l’université de Stanford aux USA, dans les années 1990, cet outil pédagogique innovant est devenu indispensable du fait du manque de dons de corps à la médecine et de l’augmentation du nombre d’étudiants désireux d’apprendre l’anatomie et la dissection qu’il s’agisse de futurs médecins, d’infirmiers, de kinésithérapeutes, de biologistes, de professeur de sport…
Les cadavres de deux hommes et deux femmes, ayant fait don de leurs corps à la science, ont été congelés, puis découpés en plusieurs milliers de tranches anatomiques très fines, de section de 0,05 mm. Chaque coupe a été photographiée et numérisée puis reconstituée en 3D, en couches successives, pour reconstruire un modèle du corps humain à l’identique. Son prix avoisine 100.000 euros.
Un corps humain en 3D
La table d’anatomie virtuelle se présente sous la forme d’un écran tactile de la grandeur nature d’une table d’opération. Elle se pilote facilement avec trois doigts, elle permet de faire pivoter le corps humain en 3D, zoomer, choisir des coupes dans différents plans de l’espace. En isolant une partie du corps à étudier, on peut modifier l’affichage, faire disparaître ou au contraire ajouter des éléments anatomiques, voir en transparence, coloriser et légender certains éléments. Par exemple si l’on souhaite visualiser le cœur, on supprimera successivement les coupes de la peau, de la graisse, des muscles et des côtes. Le cœur apparaitra seul avec en transparence les os de la colonne vertébrale. Il est même possible d’animer le cœur en visualisant les flux sanguins et les contractions du muscle cardiaque.
L’apprentissage devient plus ludique et permet de voir dans l’espace, et avec l’aide de logiciels de manipulation d’images disponibles sur internet, il serait possible à distance.
Une aide au diagnostic
La table offre aussi la capacité de construire une bibliothèque en ajoutant par exemple des menus tout prêts pour réaliser des leçons d’anatomie. Elle peut également être une aide au diagnostic, en comparant des images de scanner ou d’IRM de patients avec les coupes de la table virtuelle.
Mais elle ne remplace pas les cours classiques délivrés à partir de dessins et de planches anatomiques. Pour une vingtaine d’étudiants en deuxième année de médecine à Orléans, rencontrés lors d’un travail dirigé, c’est un outil un peu gadget, qui n’est, ni en libre accès, ni pour l’instant utilisable à distance contrairement à des logiciels en 3D disponibles sur internet. L’enseignement de l’anatomie a été beaucoup allégé depuis plusieurs années dans le programme des études de médecine et est maintenant réservé de façon plus approfondie aux futurs chirurgiens.
Pour le Dr David Dussart, enseignant et chirurgien au CHU d’Orléans, la table d’anatomie nécessite beaucoup de temps pour bien en maitriser toutes ses possibilités, un enseignement par groupes de deux ou trois étudiants permettrait une plus grande participation.
La dissection sur cadavre n’est plus proposée aux étudiants en deuxième année de médecine. Âgés de moins de 20 ans, c’est pour la plupart, le premier contact avec la mort. La vision, et le toucher d’un cadavre disséqué, pas toujours en bon état, est une épreuve souvent traumatisante. La table d’anatomie virtuelle est une alternative, un complément innovant, interactif pour l’apprentissage de l’anatomie du corps humain.
Leçon d’anatomie du docteur Willem van der Meer à Delft, par Michiel Jansz van Mierevelt (1617)
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