Franck Bellucci, homme de théâtre et d’écriture

Magcentre a rencontré Franck Bellucci, directeur artistique de la Compagnie de l’Encre, qui prépare sa prochaine création, « La Perruche » dont la première aura lieu le 15 mars à l’espace Rabelais à Ormes près d’Orléans, où la Compagnie est en résidence.

Propos recueillis par Bernard Thinat


Magcentre : Franck Bellucci, quel a été votre parcours théâtral avant de diriger votre Compagnie ?

FB : Le théâtre, le cinéma, la comédie ont été très importants dans ma vie. J’ai fait un passage au cours Florent parisien en parallèle d’études à la Sorbonne. Après l’agrégation, j’ai été nommé enseignant, muté dans la région orléanaise. J’ai alors repris le théâtre dans des structures amateurs, mais j’ai senti que j’étais à l’étroit, et très vite j’ai ressenti le désir de créer ma propre Compagnie afin de choisir des textes qui présentent des qualités littéraires que j’avais envie de défendre. C’est pourquoi en 2011, j’ai créé la Compagnie de l’Encre.

Magali Lesage et Franck Bellucci, Elle et Lui dans la Perruche – Photo B.T.


Pourquoi le nom, Compagnie de l’Encre ?

Parallèlement, j’ai beaucoup écrit, j’ai publié plusieurs textes dont certains de théâtre, et je désirais qu’il y ait un lien avec l’écriture, que la Cie s’intéresse aux écritures contemporaines et explore tous les genres et tous les registres. Je ne voulais pas nous interdire des spectacles exigeants, voire un peu violents, qui questionnent.


Vous êtes à la fois, dans votre Compagnie, metteur en scène et acteur ?

Parfois, je fais appel à des metteurs en scène extérieurs, ce qui a été le cas pour « The Great Disaster » qui est un monologue et où j’étais seul en scène. Et parfois, la mise en scène s’impose à moi dès la lecture d’une pièce. Mais la mise en scène et le jeu sont deux démarches totalement différentes. C’est moins complexe que ce que j’imaginais au début, je pensais que ce serait difficile d’être à la fois dedans et dehors. Parfois, je fais appel à des regards extérieurs, pour voir un filage et me faire des retours. Je travaille aussi souvent avec une caméra. Mais généralement, la mise en scène s’impose à moi très vite au moment de la lecture du texte, et c’est souvent un signe.

Les ateliers de la Compagnie


Vous animez des ateliers ?

Nous animons deux ateliers, l’un sur l’écriture, et l’autre sur le théâtre, chacun une fois par mois, et nous organisons deux stages par an sur deux ou trois jours, pour lesquels nous choisissons une thématique. Le dernier stage, « comment jouer avec l’autre », portait sur la relation avec le partenaire, sur la construction d’un travail collaboratif, la confiance réciproque. Le prochain sera consacré aux différentes interprétations qu’on peut faire d’un même rôle, d’un même personnage, selon un parti pris, une mise en scène particulière, mais sans modifier le texte. On peut ainsi avoir un changement d’interprétation assez radical, explorer plusieurs territoires, et c’est passionnant.


Vous nous parlez des ateliers d’écritures…

Ils existent depuis la création de la Compagnie. J’avais au départ une pratique assez solitaire, mais la demande m’a amené à les créer. On a 18 personnes à ces ateliers, venant d’univers très différents, de tous âges, de toutes professions, d’horizons extrêmement variés et en presque parité hommes / femmes. On essaie de pratiquer toutes les formes d’écritures, très personnelles ou collaboratives. Parfois, je demande à un groupe d’écrire une scène à trois personnages, et chacun devra écrire les répliques de l’un d’entre eux. Ainsi, chacun doit prendre conscience que chaque personnage à une langue qui lui est propre. Ce peut être une écriture ludique, plus intime, plus ambitieuse, des nouvelles… Il y a des textes autobiographiques, fictionnels, mais la ligne directrice est l’écriture créative. On essaie d’aboutir à une production de fin d’année, un fascicule édité par la ville d’Ormes, une exposition de textes, une mise en voix devant un public, textes pris en charge soit par l’auteur, soit par quelqu’un d’autre.

L’attente sera longue, dans la Perruche – Photo Cie de l’Encre

« La Perruche est une pièce très féministe »

Venons-en à « La Perruche » dont la première a lieu très bientôt.

J’avais très envie de créer quelque chose de léger. J’ai lu beaucoup de comédies et j’ai eu très vite un coup de cœur pour La Perruche, parce que ça joue énormément avec les codes du vaudeville, mais cela va au-delà parce qu’il y a un regard très aigu porté sur le couple, sur les concessions qu’on fait au sein d’un couple, et en travaillant sur le plateau, je me suis rendu compte qu’il s’agit d’une pièce très féministe. Le sous-titre aurait pu être « émancipation d’une femme ». Comment une femme, à l’occasion d’un dîner qui déraille, va prendre conscience de l’existence, de la soumission qui est la sienne, va découvrir quel est l’homme avec qui elle vit. Ce qui m’a plu dans cette pièce, c’est qu’elle est drôle, légère, dynamique, très bien écrite, et petit à petit, on bascule vers quelque chose d’émouvant, et c’est ce mélange des registres que j’ai vraiment aimé.


Cela rappelle un peu la pièce d’Ibsen, « Mademoiselle Julie ».

Il est vrai qu’il y a des thématiques similaires, et c’est un texte que j’aimerais beaucoup monter.

(Interview réalisée le 7 mars 2024)

 

La Perruche
Texte : Audrey Schebat
Mise en scène : Franck Bellucci
Jeu : Magali Lesage et Franck Bellucci

A Ormes, Espace Rabelais
Le vendredi 15 mars à 20 h 30
Le samedi 16 mars à 20 h 30
Le dimanche 17 mars à 16 h 30
Entrée gratuite, donation libre au chapeau

A la MAM d’Orléans

Le samedi 20 avril à 20h30
Le dimanche 21 avril à 16h30
Tarifs : 8 euros / 5 euros (réduit)

A La Chapelle-Saint-Mesmin, Espace Béraire

Le vendredi 3 mai à 20 h 30
Le samedi 4 mai à 20 h 30
Le dimanche 5 mai à 16 h 30.
Tarifs : 8 euros / 5 euros (réduit)

Réservations

Par mail à compagniedelencre@gmail.com
Par téléphone : 06 66 15 19 82

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