Il y a des films où l’on regrette non seulement le prix de sa place mais aussi le bon moment que l’on aurait pu passer n’importe où plutôt qu’au cinéma… C’est comme ça, on ne sait jamais ce que l’on va voir, en dépit de critiques un peu trop souvent complaisantes…
Bref à défaut de parler du film, parlons cinéma et plus particulièrement d’un principe que mon professeur et maitre en la matière, Serge Daney, appelait la “suture”. Le principe, bien évidemment largement utilisé par des cinéastes comme Alfred Hitchcock, c’est que le film distribue un certain nombre d’indices narratifs ou visuels dont le sens sera donné lorsque le récit refermera cet indice dans le développement de la narration. Exemple: Tippi Hedren achetant deux serins en cage au début du film “Les Oiseaux” d’Hitchcock, etc…
Revenons ainsi au film “Les Salauds”, on apprend avec insistance que Vincent Lindon est commandant dans la marine marchande, (ce qui peut à la rigueur justifier son teint buriné..) et qu’il roule dans une vieille Alfa Roméo (ce qui nous vaut de longs plans sur les détails de la belle machine), mais tout cela n’apporte rien dans le déroulement de la fiction, la narration ne se nourrit jamais de ce qu’elle énonce, et lorsque l’on découvre que les salauds ne sont pas ceux que l’on croit, le film est déjà devenu sans intérêt…
Gérard Poitou
Un film de Claire Denis (1 h 40) avec Vincent Lindon, Chiara Mastroianni, Julie Bataille
http://www.youtube.com/watch?v=aASoEajpl1M