Le Centre permanent d’initiatives pour l’environnement Brenne-Berry coordonne un chantier participatif pour sensibiliser à l’argumentation scientifique face aux controverses socio-environnementales. L’outil collectif, en cours d’élaboration, sera restitué au public lors de la deuxième édition de la Fête du Bocage prévue au mois de juillet.
Par Alexandra Adam
« La haie est un système anthropique qui fait le lien entre l’homme, la nature, les activités agricoles et les politiques, restitue Jacques Lamy, administrateur de Nature 18, le 22 février 2024 dans le cadre du chantier participatif du Centre permanent d’initiatives pour l’environnement (CPIE) Brenne-Berry. Le bocage est apparu entre le XVIe et XVIIIe siècle. Il est lié à l’émergence de la propriété, c’est-à-dire à l’appropriation individuelle des terres qui étaient auparavant communes. Pour les délimiter, les propriétaires ont inventé la clôture par le système de la haie. »
Membre de l’association de protection de la nature et de l’environnement dans le Cher, il participait aux travaux de groupes menés à la salle des fêtes de Saint-Maur (18) aux côtés d’une quinzaine d’autres berrichons qui sont notamment agriculteurs, chasseurs, naturalistes et élus municipaux dans le cadre des actions menées par le collectif Bocage en partage dont fait partie le CPIE Brenne-Berry.
Depuis le 20 décembre 2023, ils sont près de 24 locaux à s’être engagés dans ce travail de définition. Chacun des participants – agricultrice, auteur photographe indépendant, conseiller municipal de Senneçay, animatrice de l‘Addear 18, acteur de la communauté de communes Cœur de France, du Parc national régional Sud Berry – venus de Culan, Ardennais, Saulzais-le-Potier, Ineuil, Saint-Amand, Plaimpied, Epineuil-le-Fleuriel ou encore Saint-Vitte a pu se présenter et évoquer les liens particuliers qu’il entretient avec le bocage.
La première séance de réflexion a donné lieu à une cartographie du bocage avec les mots apportés par chacun des participants.
Comprendre et analyser les controverses
« La diversité de ces approches est riche, ne serait-ce que pour comprendre la complexité du sujet et permettre à chacun d’appréhender le point de vue de l’autre », présente Mélanie Couret, responsable de l’antenne saint-amandoise du CPIE Brenne-Berry.
Paysage moderne, le bocage est au cœur des préoccupations environnementales actuelles. Il suscite autant de crispations que d’émerveillement. Et c’est en proposant un travail de recherches sur six séances, réalisées entre décembre et février, que cette spécialiste du développement solidaire des territoires souhaite donner des clés aux participants pour qu’ils puissent défendre leur point de vue avec des éléments factuels, vérifiés et scientifiquement prouvés.
Un outil pour construire une argumentation scientifique
Mélanie coordonne ce chantier en s’appuyant sur l’expertise d’Angélique Moreau, de l’agence Savoirs à vif de Saint-Gaultier (36), spécialiste des questions à controverses socio-environnementales. « Nous travaillons, par groupe de quatre, sur des articles scientifiques dans l’objectif d’identifier les informations permettant de se forger une opinion sur le bocage », détaille la docteure en sciences de l’éducation.
Chaque groupe rédige ensuite un résumé qu’il partage avec les autres participants, invités à commenter ces données. « L’intérêt est, à terme, que les habitants soient en mesure d’argumenter scientifiquement une position et qu’ils deviennent des ambassadeurs du bocage dans nos territoires », expliquent Mélanie et Angélique.
Ce chantier, qui a débuté par une cartographie issue des mots et des représentations subjectives de chacun sur le bocage, aboutira lors de la deuxième édition de la Fête du bocage à Meillant le 7 juillet 2024 avec la création d’un outil de vulgarisation scientifique à destination du grand public.