Programmé par la Scène nationale d’Orléans, mis en scène par Rachid Ouramdane, le spectacle Corps extrêmes propose une promenade dans les cimes avec des sportifs de l’extrême, ceux qui marchent sur un fil ou grimpent à mains nues des parois vertigineuses. Des vidéos nous les montrent en action, pendant que des acrobates sur scène font le spectacle.
Les voltiges des acrobates. Photo Pascale Cholette
Par Bernard Cassat
Corps extrêmes se confronte à la pesanteur, au vide, à l’exploit. Dans une projection inaugurale sur le décor qui n’est autre qu’un grand mur d’escalade, on voit Nathan Paulin traverser le Verdon (sans doute) sur une sangle. Et il raconte ses expériences au-dessus du vide, sa recherche d’extrême, par exemple parcourir plus d’un kilomètre et demi sur un fil. Ce qu’il a réalisé en Chine, et qui lui a procuré des sensations totalement inédites. On veut bien le croire, même s’il dit lui même qu’il faut l’avoir fait pour le comprendre. On est devant une somptueuse séquence télé sur un écran XXL.
Et puis sur une sangle réelle tendue au-dessus de la scène, son double bien réel lui aussi apparaît. Ses gestes de mains, de bras pour se maintenir en équilibre sont étranges, gracieux, un peu orientaux. Il semble à l’aise, même si, du côté spectateur, la peur de la chute est là. Il en parle, d’ailleurs. Il n’a pas peur du vide, mais sait que la concentration pour le vaincre est intense et fragile.
Photo Pascale Cholette
Des corps apparaissent en haut du décor, le franchissent et se lancent sur la paroi, commencent à jouer entre eux, à se porter, se lancer, se rattraper. Faire des tours, des colonnes de trois empilés sur les épaules les uns des autres. Une chorégraphie s’installe.
Un jeu avec les images interrompt cette danse. Nina Caprez prend le relais. Une vidéo nous la montre évoluer avec aisance sur une paroi. En même temps, une grimpeuse en chair et en os évolue sur le mur d’escalade. On ne sait plus très bien où on en est, l’image étant de la même taille que le corps réel. C’est très beau, fluide, ça donne envie, même si on n’est pas, justement, à la hauteur. Le mélange de l’image et du réel crée un frisson. Du rêve au-dessus de 500 mètres de vide, ce n’est pas sûr que l’attention nécessaire à l’acrobate le lui permette. Mais le spectateur assis dans son fauteuil, si !
Les chorégraphies de voltiges. Photo Pascale Cholette
Dans une autre séquence, revenue sur le plateau, elle raconte un raté, un accident, une chute. Qui l’a beaucoup atteinte, pas physiquement. Elle a eu de la chance, mais un de ses porteurs qui devait la rattraper a été blessé. Ces acrobates de l’extrême sont toujours tentés par le risque, passent leur vie à jouer avec le danger. Mais il faut mettre des limites, il faut sentir qu’il ne faut pas. C’est ce que nous dit Nina Caprez.
Un spectacle très technique
La chorégraphie sur scène recommence, avec des belles variations. Mais le spectacle reste très technique. On avait, l’an dernier, été émerveillé par Möbius, véritable feu d’artifice mis en scène par le même Rachid Ouramdane, qui lançait les corps dans tous les sens. On ne retrouve pas ici cette beauté spectaculaire, cette effervescence. Les gestes sont hyper précis, sécurité oblige, les positionnements aussi, les enchainements rapides. Tout cela force le respect. Ces acrobates sont magnifiques, qui font voler les filles dans des défis amusés avec la pesanteur. Mais la chorégraphie, le spectacle reste un peu sommaire.
Sur scène, sur le mur d’escalade, ils se jouent de la pesanteur. Photo Pascale Cholette
Les deux salles combles (jeudi 22 et vendredi 23 février) ont ovationné ces circassiens extraordinaires. L’exploit est toujours fascinant, surtout lorsqu’il représente la liberté pure, la folle aventure de passer outre les contingences de la réalité pour se laisser voler dans le vent, pour monter à mains nues une paroi apparemment lisse, nous entrainant avec eux dans ces aventures que nous serions bien incapables de réaliser.
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