La jeune Compagnie théâtrale orléanaise a présenté à la MAM sa dernière création, « la Chasse aux sorcières », sous-titrée « Récit de femmes oubliées », histoire fictive au sein d’une vraie épidémie de peste bubonique en 1626 dans la ville de Gien, sur les bords de Loire.
Par Bernard Thinat
Sandrine Gauvin, Directrice artistique de la Compagnie, aime l’histoire, et particulièrement celle des femmes, connues ou inconnues. Sa création précédente dont Magcentre avait parlé, mettait face à face, dans une joute oratoire, Olympe de Gouges et Maximilien de Robespierre. Cette fois, elle plonge au siècle précédent où les épidémies de peste furent encore nombreuses. Celles de 1626 affecta plusieurs villes en Normandie, Bretagne, et Gien en Orléanais. Sandrine découvrira en consultant les archives qu’un million de Français sont morts durant les six années qui ont suivi, que le XVIIème siècle fut riche de procès en sorcellerie.
Rosalie jette un rat dans le chaudron de soupe – Photo Cie Le Chat qui rêve
Sur le plateau, une table et une chaise. Au fond, des rideaux rouges transparents, voire translucides, créent plusieurs niveaux d’espace, dont une cellule de prison. On apprend vite qu’une sage-femme, Angélique, a été brûlée vive, accusée d’avoir répandu la peste, jugée coupable par Sagamore (voyez-y un jeu de mots), magistrat venu d’Orléans avec son épouse Jehanne, laquelle est médecin, interdite d’exercer à la fois par l’Eglise et l’autre sexe. Avec son ami Tancrède, médecin lui aussi, tous deux cherchent les raisons scientifiques de l’épidémie, n’hésitant pas à autopsier un cadavre, une horreur condamnée par cette même Eglise.
Y verrait-on quelque parallèle aujourd’hui entre la vraie médecine reposant sur des preuves scientifiques, et les charlatans et complotistes de toutes sortes qui disent soigner le cancer avec du jus de citron ou guérir du Covid du côté de l’IHU de Marseille ?
Trois actrices et deux acteurs se relaient sur scène, avec une dizaine de personnages. Il y a la rumeur, « arme de destruction massive » selon Sandrine, ou plutôt deux, avec masques, la peste se vengera sur l’une d’elles, Rosalie la lavandière qui prépare des soupes de rats, Françoise la femme de chambre du maître de la Maison des Alix (elle existe bel et bien à Gien) et mort lui aussi de la peste, son épouse enceinte disparue avec le bébé qui venait de naître, le magistrat, son épouse Jehanne et l’ami Tancrède qui aime Jehanne « comme une sœur ». Cela fait du monde.
Lors des saluts – Photo B.T.
Parlons aussi de ce qu’on voit souvent au cinéma, mais très rarement au théâtre : de nombreux flash-backs parsèment le spectacle et explorent un passé tout proche. C’est hautement ingénieux dans la mise en scène ! On sent une excellente direction d’actrices et d’acteurs, toutes et tous très investis dans leurs rôles respectifs, dans de magnifiques costumes d’époque.
Une création de Sandrine Gauvin, autrice, metteuse en scène, actrice, costumière et accessoirement à la billetterie, spectacle qui mériterait une riche tournée, notamment dans le Giennois.
Quelques dates de programmation à venir :
• Le 10 août dans la cour du château de Nogent-le-Rotrou
• En mars 2025, à l’Unisson de Saint-Jean-de-la-Ruelle qui a accueilli la Compagnie en résidence.
La Chasse aux sorcières (Récit de femmes oubliées)
Texte et mise en scène : Sandrine Gauvin
Jeu :
Sandrine Gauvin
Isabelle Couloigner
Adrien Deschamps
Henri Haubertin
Manon Simier
Compagnie « Le Chat qui rêve »
Maison des Associations
45000 Orléans