Près de 30 ans après la réfection des trottoirs, ville, département, Etat et Réseau ferré de France sont tombés d’accord pour redonner une nouvelle jeunesse au pont de toutes les couleurs, emblématique de la 2e ville du Cher. Depuis des lustres, le pont de Toulouse, c’est son nom, est source de débats. Il fait l’objet d’autant de remarques acerbes que de mansuétude.
Le pont de Toulouse devrait retrouver des couleurs en 2027. Photos FS
Par Fabrice Simoes
Le Golden Gate tout en « orange international » fait la notoriété de San Francisco. A Vierzon, c’est un pont en quatre couleurs, depuis le bi-centenaire de la révolution, qui fait référence pour les visiteurs. Sur ce pont, on n’y danse pas tous en rond. Parfois, en le traversant, c’est « tous ensemble, tous ensemble » que passe la manif. Comme à Avignon, le pont de Toulouse, c’est sous cette appellation qu’il est le plus connu, comporte deux travées. Par contre, lui est dans son entièreté. Il n’a pas été bombardé, il n’a pas été saboté. Ni durant la dernière guerre, ni avant, ni après. Puisque les trains ne passent pas dessus mais au-dessous, ça n’avait pas d’intérêt. Dans la deuxième ville du Cher jamais personne n’a eu besoin de savoir qui était « le con qui avait fait sauter le pont ». Pour une histoire de droit de passage, comme entre voisins, cela aurait donc pu être un remake du film de Richard Attenborough. Un pont trop loin et ce n’est finalement qu’un pont comme les autres. Un pont en fer et en boulons, fait de simples assemblages vis-écrou.
C’est un pont en fer, comme le masque du même nom, mais en fer puddlé, beaucoup moins cher, plus lourd pour une meilleure stabilité de l’ouvrage, plus résistant, et cependant plus difficile d’entretien que l’acier. Un pont qui suscite beaucoup de remarques, de critiques souvent quant à son esthétique, parfois quant à sa sécurité. Un pont sujet à tous les débats, à toutes les passions. C’est l’histoire d’un pont à Vierzon…
Un bout d’Eiffel en Berry
Construit au début du siècle dernier (1911), ce pont modèle Eiffel, œuvre de l’un de ses élèves, était d’une grande modernité pour l’époque. La construction avec les mêmes matériaux que la tour de Gustave a fait dire que, à l’image de certains yaourts qui auraient des morceaux de fruits dedans, ce pont aurait des morceaux de ferraille de la tour parisienne. Paraît-il… Inauguré en 1912, il mesure 97 mètres de long et est large, selon les uns, de 11m, selon les autres, de 12m. Les trains passent dessous, et plusieurs milliers de véhicules passent dessus. Ils le franchissent chaque jour sur la RD2020 (ex-nationale 20). C’est le passage obligé pour enter dans le centre-ville en provenance du Nord.
Le pont nouvelle version a été inauguré en 1912. Image archives municipales
Les propriétaires sont SNCF Réseau et la ville de Vierzon, selon les uns, et aussi le département, selon les autres … parce que la propriété c’est comme la largeur, ça se discute. C’est surtout que ça se dispute pour savoir qui paye quoi ! Depuis des années des travaux sont annoncés. Depuis des années, ils n’ont pas trouvé de financement. Cette fois, ça y est… Suite à une convention signée à l’automne 2021, et des études au cours des deux dernières années, le chantier va enfin débuter à la fin du mois.
Le Département va prendre en charge les travaux de réparation et de renouvellement de la structure. SNCF réseau s’est engagé pour assurer les frais de sécurité ferroviaire induits par les opérations de remise à niveau du pont. La ville de Vierzon financera les deux couches de peinture et plus si affinités. La problématique du moment est de sécuriser l’ouvrage. Pour ce faire, le pont sera fermé à la circulation du 26 février à mi-août 2024. Des déviations seront mises en place évidement mais cela fait débat. Ces travaux de réhabilitation coûteront, hors TVA, 1.670.000 euros au Conseil départemental du Cher.
A l’issue de ces travaux, c’est la peinture qui devrait donc être refaite en 2027. Au début, le pont était aux couleurs de la ligne ferroviaire Paris-Orléans soit gris tourterelle – et non poutrelle comme entendue parfois – avant de passer au vert. Après que le directeur de la Maison de la culture de Bourges de l’époque ait lancé un concours artistique pour le faire repeindre pour marquer le bi-centenaire de la révolution française, en 1988 l’artiste Christiane Groult réalise le projet de repeindre le pont de 4 couleurs. A l’époque il avait fallu plus de 2 tonnes de peinture…
Affiche spéciale pour la nouvelle mise en couleurs du pont de Vierzon. Archives municipales
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