Israël-Palestine : solution d’un Etat unique, chimère ou réalité ?

L’armée de Tsahal poursuit actuellement ses opérations dans la bande de Gaza. La situation des populations civiles est de plus en plus préoccupante et des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent face à des actes jugés « génocidaires » par certains. Deuxième et dernier volet avec l’ancienne députée Modem du Cher, Nadia Essayan qui suit au plus près les évolutions d’un conflit qui ne doit se terminer, selon elle, que par une vraie solution politique.

Les Palestiniens vivent de plus en plus dans des conditions de vie précaires. Photo FS
 
Par Fabrice Simoes

Selon l’ex-députée Modem, la décision des Nations Unies, juste après-guerre, de remplacer un peuple par un autre peuple n’a pas été juste. « C’est une injustice fondamentale. Cela aurait pu s’arranger autrement, au moins demander l’avis des Palestiniens. Qui peut dire que mettre une population entre des murs est juste ? » Elle explique que le futur de ce territoire ne passe pas obligatoirement par une « colonisation » et que le vivre-ensemble est encore possible.

« Si on regarde l’histoire, avant guerre, sur la terre de Palestine, nous avons des Palestiniens qui sont Juifs, Chrétiens et Musulmans. Il faut bien se rappeler que les trois religions étaient déjà toutes représentées alors. Mes grands-parents, mes parents, chrétiens, avaient des voisins juifs, des voisins musulmans. Ils vivaient ensemble… Avec la création d’un état Sioniste, en 1948, un jour vous êtes chez vous et l’armée anglaise vient vous dire de quitter les lieux sinon vous serez tués par les Juifs venus d’Occident. Vous devez prendre un petit sac pour mettre vos affaires pour aller vous ne savez pas où, vous ne savez pas comment, avec une voiture éventuellement, ou un âne. Vous ne savez pas si vous pourrez revenir un jour mais vous comprenez très vite que vous ne pourrez pas revenir… C’est ce qui est arrivé à mes parents. Leur maison est devenue celle de gens venus d’Occident et ils n’ont jamais pu rentrer chez eux, là où était leur histoire, leurs amis, leurs vies. Depuis 1948, quasiment tout le monde a été déplacé, dans des camps par exemple. Avec des répercussions psychologiques, physiques que l’on ne mesure pas ». Un grand remplacement qui n’a pas été sans conséquence et doit être pris en compte pour un avenir commun.

Un Etat plutôt que deux ?

« La question devrait être de savoir comment on fait aujourd’hui pour trouver un moyen de vivre ensemble », assure l’élue régionale qui n’oublie pas dans son questionnement « les effacés, expulsés, chassés et qui sont les Palestiniens de l’étranger ». Elle explique qu’il faudra aussi trouver une réponse pour ceux-là et réparer l’injustice. Et même si elle avoue croire en « la possibilité de vivre tous ensemble sur cette terre de Palestine », elle convient que la tâche est ardue. « Il faut voir comment on peut assurer à chacun sa sécurité et ses droits. Aujourd’hui, les droits qui ne sont pas respectés sont ceux des Palestiniens… Cette situation peut se régler avec la création d’un ou deux états, plutôt un seul vu le gruyère que représente la Palestine actuellement. Je suis d’ailleurs favorable pour un seul état, mais ce n’est pas une position dogmatique, c’est une position réaliste parce qu’une coexistence sur ce territoire est possible. Les peuples ne sont pas leurs dirigeants. Les peuples ont voté pour cette extrême droite comme beaucoup de Palestiniens vont soutenir le Hamas. Cependant, les peuples peuvent avoir cette sagesse, cette volonté de coexistence, de paix et de justice entre les deux camps ».

En opposition avec la vision du député Meyer Habib

La Vierzonnaise s’appuie sur des retours du terrain même des opérations. « Sur cette terre très particulière, celle des religions monothéistes, des choses fortes sont vécues. Ce n’est pas mis en avant mais on sait que des médecins israéliens ont soigné des enfants palestiniens, que des Palestiniens ont sauvé des Israéliens le 7 octobre. Il y a de tout. Les gens sont capables du pire bien sûr, mais aussi du meilleur… C’est ce meilleur-là qu’il faut aller chercher pour aller vers la paix. » Et d’expliquer que, alors députée de la 2e circonscription du Cher, elle s’était heurtée aux propos de Meyer Habib qui voulait faire assimiler l’antisionisme à l’antisémitisme. « D’un côté, c’est la critique d’une politique, de l’autre une attitude fondamentale vis à vis d’une personne dans sa réalité, dans ce qu’elle est de par son histoire, sa religion. On ne choisit pas d’être juif comme on ne choisit pas d’être chrétien. Des fois on en sort, des fois on y reste … Je suis une chrétienne convaincue. Je vis ma foi et ma foi me fait vivre. Il n’y a rien dans ma foi qui soit de cet ordre-là ! Je ne nie pas que les Israéliens peuvent vivre une forme de traumatisme mais, réellement, ceux qui en paye le prix fort, ce sont les Palestiniens. Comment le laisser dire que chaque grain de sable, chaque portion de terrain, était israélien ? Que faisait-il des familles chrétiennes, des familles musulmanes qui vivent toujours sur cette terre-là ? »

A lire sur Magcentre : La conseillère régionale Nadia Essayan prône la paix en Palestine

Commentaires

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  1. Une belle approche idéaliste et humaniste, mais les deux camps ne sont ils pas maintenant allés déjà trop loin ?
    Inextricable !

  2. Palestine depuis 1947: “Ceci n’est pas un génocide”?
    “Ceci n’est pas une colonisation”? Ceci n’est pas une violation des décisions de l’ONU? 1 balle dans la tête de 5 enfants palestiniens il y a peu qu’est-ce que c’est?
    Plus d’universités, pratiquement plus d’école, les lieux de culte détruits, les bibliothèques, le siège de l’UNRWA, les hôpitaux détruits, les soignants et journalistes éliminés.
    Il faut être deux pour vouloir vivre ensemble ou bien simplement cohabiter
    “Le Wall Street Journal a rapporté que les États-Unis envisagent d’envoyer des armes d’une valeur de plusieurs dizaines de millions de dollars à Israël, juste avant l’opération à Rafah. La cargaison comprend, entre autres, des munitions de précision ou guidées et des bombes MK-82, qui privilégieraient les attaques ciblées. ”
    L’idéologie sionisme est à interroger.
    Christian Conte

  3. Madame Nadia Essayan dénonce la manière dont l’État Israélien a été créé et l’occupation israélienne du Territoire palestinien, c’est bien, mais je trouve qu’elle insiste peu sur les massacres de palestiniens orchestrés par l’État d’Israël, son armée et les colons venus d’occident.
    Entre 01/01/2008 et le 31/12/2023 source Nations Unis : le bilan humain 6 399 morts Palestiniens contre 308 morts Israéliens, 152 540 blessés Palestiniens contre 6 307 Israéliens.
    Aujourd’hui ces chiffres sont largement dépassés.
    Elle insiste peu sur le non engagement de la France pour l’arrêt des massacres de Palestiniens et les colonisations. Elle ne dénonce pas le fait que la France ne reconnaît pas l’État Palestinien et que les gouvernements français ont livrés et continuent de le faire, des armes à Israël qui tuent aujourd’hui femmes et enfants.
    Madame Nadia Essayan est une politique proche du pouvoir français actuel, elle dit s’être heurtée à Meyer Habib député tenant des propos de haine et donnant son soutien inconditionnel à Netanyahu, son ami, sur l’apartheid, les massacres en Palestine, à Gaza et en Cisjordanie et le génocide actuellement en cours à Gaza mais ce qui me questionne est-ce que celle-ci a déposé plainte auprès des tribunaux français contre les députés, politiques ou autres citoyennes et citoyens ayant fait un appel au meurtre des Palestiniens ?
    Aurais-je une réponse à cette question importante ?

  4. Tsahal est l’acronyme de Tsva ha-Haganah le-Israël, nom donné à l’armée israélienne lors de la fondation de l’État en 1948. En français, cela signifie « force de défense d’Israël ». Or, depuis 1967 et la guerre des Six-Jours, Tsahal est une armée d’occupation.

  5. En appui à la solution avec un seul État,lire le livre de Shlomo Sand Deux peuples pour un État ?

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