Une quarantaine de personnes ont manifesté dans le calme ce samedi 17 février contre le centre de rétention administrative d’Olivet, CRA, mis en service le 5 février 2024. Le Collectif COLERE dénonce une « prison pour migrants » qui ne dit pas son nom.
Par Sophie Deschamps
« Nous sommes des otages ! ». C’est par ces cris que deux des neuf migrants détenus depuis le 5 février 2024 au tout nouveau centre de rétention administrative d’Olivet ont interpellé les quelque quarante personnes venues manifester ce samedi 17 février contre ce lieu d’enfermement. Des migrants qu’il était difficile d’apercevoir à travers le grillage opaque du lieu (voir photo ci-dessus) installé sur le campus d’Orléans-la-Source, à côté de la Loiretek du département. Ils dénoncent surtout la négation de leurs droits comme le rapporte Delphine Dubuis membre du collectif COLERE (COLlectif contre les Expulsions et la REtention) créé en 2019 : « Ils disent qu’ils ne voient pas de médecin. Ils n’ont pas de téléphone et ils ne mangent pas à leur faim. Par ailleurs ils n’ont pas encore eu accès à un avocat. C’est pourtant obligatoire dans les trois jours suivant la mise en rétention. »
Une prison qui ne dit pas son nom
Pour ce collectif ce centre de rétention qui peut accueillir en tout 90 migrants est une prison qui ne dit pas son nom. D’où une seconde action toujours ce samedi. Ainsi, les panneaux de signalisation ont été rebaptisés « Prison pour migrants ». Pour Solange, membre de la Cimade (qui fait partie du collectif), « les centres de rétention ne devraient pas exister. Car les gens qui y sont enfermés sont privés de leur liberté alors qu’ils n’ont pas été jugés. C’est contraire à la déclaration universelle des droits humains. Je pense que dans ce pays, il est important de reprendre conscience de la valeur de la liberté. »
Une politique de rétention officiellement critiquée
Cette critique de la rétention administrative n’est pas que le fait des associations de défense des droits de l’homme. Ainsi sur le site très officiel vie-publique.fr qui dépend de la Direction de l’information légale et administrative (DILA) directement rattachée aux services du Premier ministre, on peut lire ceci en toute lettres : « Les centres de rétention sont de plus en plus sécurisés et s’apparentent à des prisons avec des espaces cloisonnés et des clôtures surmontées de barbelés. La surveillance se fait exclusivement à travers des caméras, sans contact avec les personnes retenues, livrées à elles-mêmes. »
Le site insiste aussi sur l’augmentation de la durée de séjour en centre de rétention : 7 jours en 1981, 45 jours maximum en 2011 et 90 jours depuis 2019.
Vie-publique indique enfin l’accroissement du nombre de places en rétention administrative. En effet, la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur, adoptée en décembre 2022, prévoit d’atteindre 3 000 places de CRA en 2027 contre 1 936 places actuellement dans les 25 centres existants.