Le restaurant solidaire l’Entre-Mets, porté par le CCAS de la ville et l’association Le Relais, basée à Bourges, est un projet innovant dans sa conception et son mode de fonctionnement. Le pari était d’associer mixité sociale, réduction du gaspillage alimentaire et insertion. Aujourd’hui la gageure est tenue : autour d’un repas chaud préparé sur place, on échange et on partage aussi.
Par Fabrice Simoes
Midi pétante. Un premier client pousse la porte de l’Entre-mets, présente une carte nominative à la caisse et va, tranquillement, s’asseoir à une table. Une table pour deux puisqu’un collègue va bientôt le rejoindre. Une deuxième habituée se présente et va, tranquillement, s’asseoir à une table. Une table pour trois… Le restaurant est devenu un lieu de rendez-vous entre gens qui ne se connaissaient pas voilà quelques mois encore. Il est un peu plus de midi et une dizaine de clients sont désormais installés dans la salle de ce « restaurant pas comme les autres mais avec les autres ». C’est comme ça tous les jours de la semaine, sauf le week-end. Le maximum des trente couverts n’est pas toujours atteint. Ici, ce n’est pas le sujet. Ici, à la mi-journée, on mange et on échange. Ici, c’est entrée-plat-dessert-café pour tous ceux qui le souhaitent pour même pas le prix d’un paquet de clopes. Ici, c’est un restaurant « solidaire et convivial » chapeauté par le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) de Vierzon, co-géré avec l’association de solidarité et d’insertion Le Relais, basée à Bourges.
Cela fait désormais un an et demi que le restaurant a ouvert ses portes dans ce quartier du tunnel-château où la mixité des âges et des milieux
socio-professionnels est de mise. Dans l’esprit des responsables du CCAS vierzonnais, et plus particulièrement de Philippe Fournié, l’adjoint au maire délégué aux solidarités, le projet a germé à l’issue de la pandémie. La volonté était de faire de la cuisine sur place, de créer de la mixité sociale pour dépasser le cadre des personnes en difficulté et s’ouvrir sur le monde et les gens, tous les gens. Inauguré en septembre 2022, dans un local propriété de la ville de Vierzon, le restaurant est désormais un lieu de pause pour les « clients », un lieu de professionnalisation pour une grande partie du personnel, un lieu d’échange pour tous. D’ailleurs, certains après-midi, pour poursuivre les échanges, l’Entre-Mets devient atelier créatif « pour réaliser de beaux objets uniquement avec des fournitures et objets recyclés ».
Pour l’insertion, contre le gaspillage alimentaire
En cuisine et en salle, c’est une brigade de six salariés, et un encadrant chef de cuisine, qui s’affairent. En caisse, les personnels du CCAS gèrent les notes des clients, les stocks, l’administratif. Même si les recettes ne sont pas à négliger, elles ne sont pas un obstacle pour la pérennité de la structure. La structure est née d’une volonté politique où l’humain est en première ligne. Le projet était de proposer un repas complet à des tarifs attractifs pour toutes les strates de la société. À l’Entre-Mets on coche bon nombre de cases en associant la lutte contre le gaspillage alimentaire, et la récupération des invendus dans les magasins et des produits de la banque alimentaire pour faire les menus, l’insertion professionnelle pour les personnels, la mixité sociale, la rupture de l’isolement pour certains. C’est là l’essentiel. Pour une cuisine, simple et composée de produits alimentaires du jour, sans justificatif, le tarif est fixé à 13 €. Pour les habitués inscrits au centre d’action communale, les plus précaires, ce sera 1,50 € ou 2,50 €, pour une possibilité de deux repas par semaine. Et ceux qui trouvent que le menu est trop copieux pourront même repartir avec le « pas tout mangé à midi ». « C’est parfois le seul repas correct de la journée pour certains qui viennent ici », explique Virginie Canon, la responsable du jour au restaurant mais aussi d’EPICEA, l’épicerie solidaire locale. Pour les étudiants, et les moins de 12 ans, c’est 5€ seulement.
Après la période découverte et un regard différent sur le service, la clientèle est désormais plus « mélangée ». Les habitués du restaurant social viennent toujours régulièrement. Des personnes âgées du voisinage, des clients lambda en recherche de bon plan, des résidents de maison de retraite pour une sortie resto, quelques étudiants, se retrouvent là aussi. Au fait, ne cherchez pas la carte des vins, ni celle de boissons à base de houblon ou industrielles et trop sucrées. La carafe d’eau est déjà sur la table…
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