Annoncés par Gabriel Attal, alors ministre de l’Education, la mise en place de groupes de niveau dans les collèges suscite une forte opposition chez les enseignants. C’était le cas le 6 février dernier au collège Bégon de Blois.
Christelle Bérenger, représentante Snes-FSU au collège Bégon (à droite) est vent debout contre « le choc des savoirs » voulu par le gouvernement. Crédit photo Jean-Luc Vezon.
Par Jean-Luc Vezon
Dans un contexte de crise au sein de l’Education nationale, cette seconde journée de grève à l’appel de plusieurs syndicats (Snes-FSU, CGT Éduc’Action et Sud Éducation), depuis l’arrivée de la très décriée ministre Amélie Oudéa-Castéra, avait pour thème les conditions de travail et les rémunérations.
Au centre de la contestation, le projet de mise en place, pour rehausser le niveau des élèves, de trois groupes de niveau en français et mathématiques pour les collégiens de 6e et 5e. Un contresens pour Christelle Bérenger, représentante du Snes-FSU au collège Bégon, établissement de 628 élèves situé dans une zone d’éducation prioritaire (REP+) au cœur des quartiers Nord de Blois.
« Toutes les études sérieuses en sciences de l’éducation le montrent, les apprentissages doivent se construire dans l’hétérogénéité des classes, des enseignements, la coopération et une démarche de l’altérité valorisante. Les groupes de niveau illustrent au contraire une vision d’un savoir descendant où les enseignants sont de simples exécutants ». Autour de cette professeure d’anglais, ils sont une trentaine d’enseignants, assistants d’éducation et pédagogiques ou AESH avec panneaux, et banderoles. (2)
« Dans un collège avec un indice de position sociale bas (IPS), cette mesure est la porte ouverte à la ségrégation sociale et à la stigmatisation alors qu’il faut au contraire que les enseignants renforcent l’estime des élèves », craint de son côté Catherine Pereira, représentante de la FCPE. Professeur de SVT, Loïc Jourdren abonde dans son sens d’autant que, selon lui, l’éclatement des classes pour les groupes de niveau va renforcer les difficultés.
Moins d’élèves dans les classes
Les enseignants demandent au contraire moins d’élèves par classe (maximum 20) seul moyen d’assurer une pédagogie différenciée de qualité. Et avant même de prendre de nouvelles mesures, ils aimeraient que ce qui est en cours soit évalué. Dans le viseur, la mise en place, depuis la rentrée 2023, du dispositif d’approfondissement en mathématiques et français qui prévoit une heure de soutien hebdomadaire (sur 26 heures d’enseignement).
Deux autres points suscitent aussi le mécontentement. D’abord, la question de la réussite au brevet pour passer en seconde (2), puis le remplacement des enseignants en absence de longue durée. « Les chiffres annoncés sont inexacts. Des enseignants absents ne sont toujours pas remplacés, c’est le cas en français au collège de Bracieux ou en anglais dans celui d’Onzain », estime par exemple la syndicaliste.
Christelle Bérenger annonce la remise prochaine d’un cahier de doléances à la direction académique de l’Education. « Il faut écouter le terrain », insiste la représentante. Comme ses collègues manifestants, elle estime que le gouvernement « les piétine et veut casser l’école publique ».
Et de conclure, « non au choc des savoirs, oui au choc des salaires ».
(1) Sur 58 personnels au total.
(2) Ceux qui échouent suivront une classe « prépa lycée » d’un an pour rattraper leur retard.
Le collège Bégon est l’un des deux collèges situés dans les quartiers Nord de Blois. Crédit photo Jean-Luc Vezon.
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