Vibrante cérémonie franco-allemande contre l’oubli au Cercil à Orléans

Ce 27 janvier 2024, le Cercil Musée Mémorial des Enfants du Vel d’Hiv a accueilli la cérémonie de commémoration de la journée dédiée aux victimes de la Shoah et à la prévention des crimes contre l’Humanité. Sur place, des jeunes de France et d’Allemagne uni.es dans la lutte contre l’oubli.

Cérémonie Cercil 27 janvier 2024

Cérémonie Cercil 27 janvier 2024. Commémoration de la journée dédiée aux victimes de la Shoah et de la prévention des crimes contre l’Humanité en présence des autorités locales et de jeunes Allemand.es et Français.es uni.es contre l’oubli. Photo SD


Par Sophie Deschamps


L’émotion était palpable ce samedi dans la cour du Mémorial pour la célébration de cette Journée internationale dédiée aux victimes de la Shoah et à la prévention des crimes contre l’Humanité. Il y a en effet 79 ans, les Soviétiques libéraient le camp d’Auschwitz en Pologne, redonnant la liberté aux seuls 7 000 survivants du camp abandonné par les nazis. 

Cette année, la présence de jeunes venus d’Allemagne et de Stefanie Sasaki-Sellmer, responsable des relations internationales au sein du ministère de l’Éducation a mis l’accent sur l’amitié franco-allemande. Une amitié plus que nécessaire à l’heure où l’antisémitisme, le racisme et l’extrême-droite gagnent dangereusement du terrain dans nos deux pays.

Témoignages allemands à la cérémonie du 27 janvier 2024, Cercil Orléans

Témoignages allemands à la cérémonie du 27 janvier 2024, Cercil Orléans à côté du portrait de la petite Aline Korenbajzer. Photo SD

Mémoires Croisées, projet pédagogique franco-allemand

C’est notamment le travail accompli par Mémoires Croisées. Un projet de pédagogie de la mémoire, conclu entre la Région Centre-Val de Loire et le land de Saxe-Anhalt. Dans son discours l’actuel président régional François Bonneau a ainsi rappelé : « Je me souviens très bien lorsque nous avons visité le Cercil avec Madame et Monsieur Haseloff. Lui était alors ministre-président de la Saxe-Anhalt. Il faisait encore plus froid qu’aujourd’hui, il y avait de la neige au sol. Des larmes ont coulé sur les visages et je me souviens que Reiner Haseloff m’a alors dit : “Aidez-nous à porter plus loin encore le travail de mémoire de notre pays”. Bien sûr, nous avons ensuite développé ce travail en commun ».

Lettre de Simone Veil 

Et puis, comme chaque année le discours de Simone Veil prononcé le 27 janvier 2010 à Auschwitz a été lu par des jeunes “Ambassadeurs de la Mémoire”. Un texte essentiel dans lequel l’ancienne déportée dit notamment ceci : « Aujourd’hui, 60 ans après, un nouvel engagement doit être pris pour que les hommes s’unissent au moins pour lutter contre la haine de l’autre, contre l’antisémitisme et le racisme, contre l’intolérance.(…) C’est ici, où le mal absolu a été perpétré, que la volonté doit renaître d’un monde fraternel, d’un monde fondé sur le respect de l’homme et de sa dignité. »

Autre moment fort, Le Chant de Pithiviers interprété d’une seule voix par tous ces jeunes (première photo). Un chant écrit en yiddish et composé dans le camp de Pithiviers par Israël Cendorf et Mendel Zemelman, tous deux exterminés à Auschwitz en 1942.

Ont suivi les traditionnels dépôts de gerbe au pied de la photo de la petite Aline Korenbajzer, emblème du Cercil, déportée et assassinée à Auschwitz le jour de ses trois ans.

Enfin une minute de silence a clôturé cette commémoration. Une minute dédiée notamment à Annette Krajcer rescapée de la Rafle du Vel d’Hiv et qui vient de nous quitter à 92 ans. 

Les Enfants de Paris 1939-1945

Avant cette cérémonie, le Cercil avait convié le designer Philippe Apeloig pour la présentation de son ouvrage Enfants de Paris 1939-1945. Le titre emprunté au film Les enfants du Paradis recense et reproduit sur plus de 1 000 pages les quelque 1 200 plaques qui dans chaque arrondissement de la capitale rappellent les arrestations, les assassinats mais aussi les actes héroïques de résistants, de Justes, de personnalités ou d’anonymes durant la guerre.

Plaque commémorative, Paris

Exemple de plaque commémorative reproduite dans l’ouvrage de Philippe Apeloig, Enfants de Paris 1939-1945. Captage SD

Pour Philippe Apeloig dont les grands-parents et les trois enfants ont échappé à la déportation grâce aux habitants de Châteaumeillant dans le Cher, cet énorme travail effectué avec l’aide de jeunes est sa contribution pour la Mémoire et contre l’oubli, une fois de plus.

Par ailleurs sous l’intitulé Ces murs qui nous font signe, mille plaques ont été projetées sur les murs du Panthéon (qui abrite aujourd’hui en son sein Jean Moulin, Jean Zay, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Simone Veil) les 16, 17 et 18 septembre 2021 lors des Journées européennes du Patrimoine.

Pour aller plus loin sur Magcentre : Dossier 80 ans rafle du Vel d’Hiv

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  1. Émue par ce travail de mémoires croisées, je suis de plus en plus persuadée, l’âge avançant, que l’Histoire est un des piliers de l’avenir sur lequel nous pouvons nous appuyer. Essayer de ne pas reproduire les terribles événements est un premier pas.

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