Le président U2P de l’antenne loir-et-chérienne de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Centre-Val de Loire, élu depuis 2015 revient sur la situation difficile et conflictuelle au sein de l’établissement public consulaire. Et il ne mâche pas ses mots sur la gouvernance d’Aline Mériau.
Propos recueillis par Jean-Luc Vezon
Magcentre. Que se passe-t-il à la CMA 41. Aline Mériau vous a vivement interpellé dans la presse suite à un incident électrique dans le nouveau campus ?
S.B : C’est surréaliste de m’attribuer publiquement (NDLR : dans la NR 41) la responsabilité d’un incident électrique issu d’une malfaçon alors que les installations avaient été vérifiées par l’APAVE (organisme de contrôle) qui avait donné la conformité. J’aurais mis la vie d’autrui en danger alors même qu’on ne m’avait pas informé de l’incident. En fait, c’est un règlement de compte politique visant à me déstabiliser. Aline Mériau cherche à me pousser à la démission comme elle l’a déjà fait avec ma collègue du Cher Marie-Christine Teyssou et mon collègue d’Eure-et-Loir Julien Chéron, démissionnaire le 25 septembre dernier s’estimant « trahi par sa famille politique régionale ».
Magcentre : Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
Outre ce fait, la présidente fait tout pour me mettre sur la touche et attirer la lumière sur elle. Au sein du bureau, ce sont des attaques permanentes. Pire, lors de l’assemblée générale de la CMA CVL de juin, elle m’a reproché en tribune de ne pas avoir bouclé le plan de financement du nouveau CFA. C’est un mensonge éhonté. Tout le monde sait que le budget est équilibré à hauteur de 30,7 M€ avec une subvention de la région de 25 M€. Ce nouveau CFA, dont nous avons mis en service deux des 6 bâtiments (mécanique auto-peinture-carrosserie et alimentaire) est un outil performant qui nous permet d’augmenter nos effectifs d’apprentis de 7 % (+73). En septembre dernier, on m’a même refusé le soutien de la CMA CVL au concours de la Tarte Tatin à Lamotte-Beuvron.
Comment expliquer la situation financière dégradée de la CMA CVL ?
Nous sommes sous la menace de la tutelle de l’Etat. Avec un déficit de 3,5 M€ et un plan de restructuration, la gestion d’Aline Mériau interroge. Alors qu’elle annonçait la création de 40 emplois lors de son élection, aujourd’hui on ne va pas reconduire certains CDD, on réduit les évènements, on envisage de supprimer des projets départementaux … le personnel est en grande souffrance. Sur le fond, plusieurs explications peuvent être avancées : écrêtement par l’Etat de la TFCMA qui réduit notre principale ressource, impact de la mise en place de la régionalisation et de la péréquation, suppression du stage de gestion obligatoire (SPI), fin de nos missions régaliennes comme la gestion du répertoire, conséquence de la loi PACTE mais aussi le changement de publics des chambres avec la montée en puissance des micro entrepreneurs (1) et la mutation de notre modèle économique. Je rappelle aussi qu’en 2021, date de la mise en place de la régionalisation, la CMA 41 dégageait un résultat excédentaire de 300 000 €…
Que reprochez-vous à Aline Mériau ?
C’est d’abord le non-respect du règlement intérieur comme rappelé par la préfète de région Sophie Brocas, le 13 décembre dernier (2), son mépris avec un fonctionnement vertical et en silo à l’image du nouvel organigramme qui ne respecte pas le règlement intérieur (3). Comme l’a dit Marie-Christine Teyssou dans sa lettre de démission, « les départements n’ont plus de moyens, il n’y a plus de confiance ». Pire, « la parole est sans valeur et l’institution est devenue une machine à broyer les initiatives personnelles, à uniformiser les 6 départements. Les valeurs humaines, qui sont au cœur de notre artisanat, ont disparu ». À mes yeux, la régionalisation, ce n’est pas ça. Je ne conteste pas les mutualisations mais il faut gouverner avec les acteurs du territoire qui ont la légitimité. La CMA CVL ne respecte pas les élus des territoires.
Envisagez-vous de réagir ?
Face à la non-prise en compte répétée de nos demandes de démocratie et de transversalité, il n’est pas impossible que mes collègues président de l’Indre-et-Loire (Gérard Bobier) et du Cher (Richard Carton) et moi-même n’alertions publiquement ce qui s’apparente à une forme de « dictature ». Sous la présidence précédente de Gérard Bobier, la discussion existait. Les présidents départementaux étaient écoutés et leurs avis pris en compte. Aujourd’hui, nous sommes des pantins à la tête de coquilles vides.
Quels sont vos projets pour cette année ?
Malgré les difficultés, nous ne lâchons pas les artisans. Nous accompagnons plus que jamais les entreprises dans leurs transitions numériques, énergétiques ou RH. Nous soutenons les créateurs dans leurs projets, déployons une offre de formation qualitative et un accès aux différents labels comme Eco-défis ou QualiRépar. Portée par nos conseillers, notre offre de services est accessible aux 9 732 entreprises artisanales du Loir-et-Cher et à leurs 11 000 salariés. L’antenne Loir-et-Cher de la CMA CVL reste un acteur majeur qui fait la fierté de mon équipe.
(1) En Loir-et-Cher, ils représentent 46 % des ressortissants avec une moyenne de CA de 6 810 €.
(2) Aline Mériau, a voulu nommer trois membres supplémentaires du bureau, personnes qualifiées, en infraction au code de l’artisanat et du règlement intérieur de la CMA CVL.
(3) Il n’y a plus un directeur d’antenne par département mais quatre directions (28-41, 18-36, 45 et 37).
Plus d’infos autrement sur Magcentre: Orléans: le Salon régional des Métiers d’Art sur le thème “L’un vers l’autre”