Universitaire, doyen de la Faculté de Droit, il devient le premier président du CESER non-issu des milieux patronaux. Il succède à Éric Chevée à la tête de la seconde assemblée régionale.
Par Jean-Jacques Talpin
Le CESER aura évité une élection à l’africaine ou à la russe ! Alors que l’on pensait l’élection de Pierre Allorant* acquise sans coup férir, il aura finalement dû attendre le résultat du vote le confrontant à Sabine Ferrand, issue des milieux patronaux. Tous les six ans cette assemblée régionale consultative, forte de 99 membres issus de 61 organisations renouvelle ses instances dirigeantes et donc son président. L’ancien président, le Chartrain Éric Chevée, ayant choisi d’exercer un mandat patronal national à la CPME, la place était donc libre pour un nouvel exécutif. Le siège tout chaud semblait réservé à Pierre Allorant, 1er vice-président depuis 2018 délégué à l’enseignement supérieur, à la recherche et au sport. Le poste semblait taillé sur mesure pour cet universitaire réputé, juriste et politologue mais aussi doyen de la Faculté Droit, Économie et Gestion d’Orléans. Le CESER est en effet l’organe représentatif des corps intermédiaires et de la société civile qui émet, à la demande du conseil régional, des avis et produit des études de conseil à l’action publique régionale.
A l’image de la société civile
Mais ce conseil économique peut aussi s’auto-saisir de dossiers régionaux pour pratiquer un véritable lobbying auprès des élus régionaux comme ce fut le cas ces derniers mois dans le domaine de la santé ou du fret ferroviaire. François Bonneau, président du conseil régional ou Sylvie Brocas préfète de la région Centre ne s’y sont pas trompés en déclarant leur intérêt et leurs attentes pour les avis et les études réalisées par le Ceser.
Avec ses 99 membres, ce conseil – le plus petit de France à l’image de la Région Centre-Val de Loire – regroupe toutes les composantes de la société civile, chefs d’entreprises, chambres consulaires, représentants d’associations, de fédérations sportives, de syndicats de salariés. Mais jusqu’à présent la présidence semblait réservée aux milieux patronaux notamment pour les derniers exécutifs (Pierre Trousset, Xavier Beulin, Éric Chevée). Pierre Allorant est donc le premier président non-patronal de cette assemblée et qui plus est réputé homme de gauche, malgré des approches consensuelles qui le font apprécier sur tout l’échiquier politique régional.
« Alerter et éclairer les décideurs »
Une candidate s’est pourtant présentée pour braver cette élection réputée acquise : Sabine Ferrand, issue du monde patronal de l’hôtellerie-restauration de Loir-et-Cher. « Femme d’engagement » elle voulait la présidence « pour défendre l’indépendance du Ceser », pour « impulser et moderniser » et mieux le centrer sur de grandes priorités : lutte contre les inégalités, droits des femmes, numérique, environnement. De son côté Pierre Allorant affirme aussi sa volonté de « renforcer l’indépendance, l’influence et l’efficacité de cette assemblée ». Il rappelle aussi l’histoire et la mission de ce conseil : « Nous alertons les décideurs et les éclairons dans leurs choix, par une réflexion prospective et un souci du long terme, sur la santé, l’énergie, l’eau, les mobilités, la relocalisation des activités, des emplois et des compétences, la démocratie ».
Le verdict du vote fut sans appel avec 74 voix pour Pierre Allorant largement élu à la tête de ce Ceser dont la feuille de route sera définie lors d’un séminaire en mars.
*Pierre Allorant écrit également pour Magcentre.fr
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