Comme à chaque début d’année, les cérémonies de vœux se succèdent. Si pour certains c’est l’occasion de faire parler de soi grâce à un coup de gueule, pour d’autres c’est le moment de réaffirmer son engagement et ses convictions pour son territoire. Ce qui en dit pas mal sur les desseins de chacun.
Par Mael Petit
« Nous ne céderons pas à la sinistrose et au catastrophisme ». Ces mots signés du président de la Région François Bonneau en introduction de ses vœux pour cette nouvelle année sonnent comme un clin d’œil à peine dissimulé à d’autres (non)vœux prononcés quelques jours plus tôt. Une amorce qui a d’ailleurs suscité quelques sourires au sein de l’auditoire massé face à lui. Non François Bonneau ne compte pas « instiller le poison de l’affaiblissement du lien social » en 2024. Lui préfère jouer sur le terrain de l’enthousiasme et de l’unité pour enclencher une nouvelle dynamique ces prochains mois sans néanmoins « céder à l’optimisme béat ». Peut-être un peu trop rêveur à l’heure où appuyer sur les fractures de la société avec pessimisme et user de métaphores des plus alarmistes vous donnent accès aux plateaux TV de la capitale. Tiendrait-il finalement un discours à contre-courant en souhaitant « placer délibérément cette année 2024 au carrefour de l’engagement et de la solidarité, au carrefour de la confiance retrouvée et de la volonté partagée » ?
La jeunesse, socle de la politique régionale en 2024
En-tout-cas peu de place laissée à la morosité ou au climat anxiogène dans son discours. Le président du conseil régional a tenu à s’afficher positif en s’appuyant notamment sur la jeunesse qui sera cette année encore au cœur de son action après la gratuité des transports sur le territoire régional pour les 15-25 ans les week-ends et jours fériés depuis septembre 2023. La Région veut accompagner « ses talents » avec l’ambition d’accroître dès cette année de « 25 % le nombre de jeunes engagés dans des études d’ingénieur » et travaille d’ores et déjà sur l’élaboration d’un schéma régional de la vie étudiante dans la région. « C’est un projet qui améliorera directement la vie étudiante et l’attractivité de l’ensemble des campus des six départements », promet François Bonneau. A cela, un projet de création d’un institut d’études politiques en Centre-Val de Loire est dans les tuyaux alors qu’il espère généraliser la tarification sociale dans les restaurants scolaires des lycées à la rentrée 2024.
Oui le président de la Région s’est attardé sur ses futurs projets de l’année 2024 au lieu de broyer du noir. Il aurait pu pourtant pester sur les difficultés de son territoire face à la gangrène de la désertification médicale en dénonçant une santé et l’hôpital qui vont à vau-l’eau, mais a préféré évoquer les 5 maisons pluridisciplinaires prévues pour 2024 ainsi que l’objectif d’implantation de 20 médecins salariés supplémentaires. Il aurait pu se lamenter sur le défi presque impossible imposé par le “dérèglement climatique” à la place de vendre une COP territoriale – dont son efficacité et ses résultats restent en plus à constater – ou la création de l’agence régionale énergie climat (Arec) dont « les premiers chantiers doivent être engagés dès le premier semestre ». Il aurait pu aussi nous partager une diatribe à la mode du moment sur le droit du sang et aux couleurs d’une politique immigration zéro au lieu de croire au poncif d’une intégration « par le sport, par la culture et le vivre-ensemble ».
Oui les partisans du pessimisme diront de François Bonneau qu’il est un doux rêveur. « C’est notre imaginaire collectif qu’il faut nourrir quand tant et tant aimeraient l’enterrer. J’ai la faiblesse de penser que la qualité des rapports que nous avons constitue un terreau extrêmement riche et fécond pour que nous puissions porter ces ambitions comme un enrichissement, comme une capacité à accompagner ces mouvements de transition, non pas par la peur mais par l’enthousiasme ». Mais une chose est sûre, pour cette nouvelle année, il n’aura pas le soutien des réacs. Ni les projecteurs de la capitale. Car aujourd’hui dans un contexte difficile pour beaucoup, faire de la politique, c’est bien. Mais faire de la com c‘est mieux. Surtout en vue des prochaines échéances électorales.
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Les vœux réacs de Serge Grouard font rire le PAF