Le député écologiste d’Indre-et-Loire Charles Fournier avec sa collègue Sandra Marsaud (Charente) de la majorité présidentielle, ont dévoilé mercredi les conclusions de la mission d’information parlementaire sur les incidences du déploiement des grands entrepôts logistiques, notamment dans la région Centre-Val de Loire.
Par Zoé Cadiot
Hasard ? Alors que le préfet du Loir-et-Cher, Xavier Pelletier s’apprête à rendre ces jours-ci un avis favorable à l’implantation, contestée depuis trois ans par une partie des habitants, de deux nouvelles plateformes logistiques XXL sur les communes de Romorantin et Villefranche-sur-Cher, à proximité de l’A85, un rapport parlementaire sur les incidences du déploiement des grands entrepôts logistiques, a été dévoilé mercredi 13 décembre par leurs auteurs, les députés Sandra Marsaud (Charente) et Charles Fournier (Indre-et-Loire). Il appelle à une réelle réflexion sur le sujet. Et propose dans la foulée 26 recommandations pour mieux accompagner la logistique, un secteur bousculé par ses nombreuses poussées de croissance et une image souvent écornée alors qu’il emploie plus d’1,8 million de personnes en France dont 30 910 personnes dans le Centre-Val de Loire.
Des projets souvent contestés
Il faut dire que le développement fulgurant ces dix dernières années de ces zones logistiques XXL, à l’orée des villes, suscite réserves et craintes, nourries par une réglementation protéiforme et souvent incomprise. Au point que de plus en plus de projets comme celui de la société Catella Logistic Europe dans le Loir-et-Cher, qui représente pourtant un investissement de quelque 50 millions d’euros et plus de 250 emplois à la clé, sont de plus en plus contestés dans les régions. Sauf peut-être dans les Hauts-de-France, relèvent les députés, où le soutien politique aux projets logistiques sur des friches industrielles est sans faille.
Pas de procès en sorcellerie
« Nos travaux ne consistent pas à instruire un procès mais seulement à évaluer l’impact du développement fulgurant de ces infrastructures logistiques sur l’économie, l’emploi local, l’aménagement territorial et l’environnement. Il ne faut pas oublier que ces structures très reconnaissables peuvent représenter à la fois des risques multifactoriels et un gain écologique », ajoute le député de Tours, conscient de la perplexité du dossier dans un environnement en pleine mutation avec notamment l’e-commerce, grand consommateur d’entrepôts et de plateformes logistiques mais aussi d’emplois précaires avec un fort recours à l’intérim.
« Boîtes à chaussures »
La forte multiplication de ces zones logistiques XXL entre les zones urbaines et les zones rurales qui occupent souvent plus de 40 000 m2 au sol, ne pose pas simplement la question des nuisances et autre artificialisation opportune des terres agricoles, souligne le rapport. Depuis quelques années, ces « boîtes à chaussures » en tôle serties de quais à camions, suscitent dans certaines régions un autre intérêt, porté par la financiarisation du secteur de l’immobilier logistique.
Nouvel eldorado
La saturation foncière, l’absence de produits disponibles avec un taux d’occupation de 98% et l’envolée des prix de l’immobilier, le long de la fameuse Dorsale, territoire logistique historique entre Lille-Paris-Lyon-Marseille, ont poussé en effet les acteurs du marché à s’aventurer sur des routes secondaires pour des projets… plus spéculatifs. Et à la lecture du rapport des députés, la région Centre-Val de Loire, « quatrième plateforme du secteur logistique français », apparait de plus en plus comme un nouvel eldorado des logisticiens et autres fonds d’investissements. D’autant « que ce sont rarement les utilisateurs finaux des entrepôts qui décident de leur localisation », pointe le député écologiste d’Indre-et-Loire. « La situation géographique de la région est particulièrement intéressante pour les entreprises : elle se situe au barycentre de la France. L’accès direct à l’A10 et à l’A71 permet une proximité facilitée à la région parisienne tout en ayant des loyers inférieurs à ceux du sud de l’Île-de-France », abonde Éric Lecomte, directeur de BNP Paribas Real Estate Transaction à Orléans, qui rappelle aussi la fiscalité accueillante de la région pour les acteurs des entrepôts logistiques qui bénéficient d’impositions spécifiques. Sans oublier le fait, précisent nombre d’acteurs, que l’artificialisation due aux entrepôts de logistique n’engendre pas les mêmes contraintes que celles imposées aux aménageurs de zones commerciales.
Plus de hangars que de maisons
En dressant cet état des lieux de ces mastodontes logistiques, les députés relèvent aussi la nécessité d’une véritable planification spatiale concertée des espaces logistiques aux échelles régionales et locales avec des zones dédiées à l’implantation des entrepôts XXL. Surtout que dans certaines régions comme le Centre-Val de Loire, « l’augmentation de l’artificialisation des sols a été davantage portée par le développement des zones industrielles ou commerciales et des réseaux de communication que par l’habitat ». Elle permettrait ainsi de mieux définir les besoins et les attentes des uns et des autres comme on a pu le voir dans plusieurs dossiers d’aménagement de zones logistiques, à l’image dit-on de la zone d’aménagement concerté des Portes de Chambord à Mer (Loir-et-Cher), près d’Orléans.
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