Le budget 2024 adopté jeudi 7 décembre accorde la priorité aux grands travaux (SMAC, musée, conservatoire, Halles Châtelet) auxquels s’ajouteront les gros projets de la Métropole (reconfiguration des Mails, université Madeleine). Mais la raquette présente malgré tout quelques trous.
Par Jean-Jacques Talpin
La présentation – et l’adoption – d’un budget primitif donne toujours lieu à un exercice d’autosatisfaction intense, surtout quand la fin d’un mandat se précise. Serge Grouard ne s’en est pas privé jeudi soir en proposant comme tous les ans un exercice budgétaire présenté comme un modèle « d’équilibre porteur d’avenir grâce à des investissements records et à une stabilité de la pression fiscale ». Il est vrai que ce budget de 235 millions d’euros approuvé sans peine présente tous les aspects d’une gestion plutôt efficace : une dette maîtrisée à 80 millions cette année (90 millions l’an prochain), un autofinancement et une épargne encore conséquents et surtout des taux de fiscalité locale inchangés depuis Jean-Pierre Sueur en 1996 (qui auparavant les avait augmentés).
Toute l’infanterie grouardienne – Michel Martin, Charles-Éric Lemaignen, Florent Montillot, Olivier Geffroy et consorts – est donc montée au front pour vanter les atours de cette bonne gestion. La fin de mandat approchant, il est désormais l’heure de lancer les grands chantiers grâce à des dépenses d’équipements records (54 millions contre 35 en 2023). « On y est, s’est réjouie la socialiste Ghislaine Kounowski, il faut investir pour conserver notre attractivité ». De grands projets sont donc sur les rails : la SMAC (salle des musiques actuelles-Astrolabe 2) dont les architectes seront choisis en début d’année, la reconfiguration du Musée des Beaux-Arts, la modernisation du Conservatoire, etc.
Tours enfoncée ?
Des travaux qui ne font pas oublier le social comme cela fut rappelé par le lyrique Florent Montillot : « Orléans est la ville dont le prince est un enfant », surestimant ainsi peut-être les capacités des élus à intégrer Montherlant dans leurs politiques… Serge Grouard lui-même ne rechigne pas à cette autosatisfaction : « Nous sommes passés de la seconde à la première division, s’est-il exclamé en prenant comme référence… Tours. Nous investissons le double de Tours, nous avons inauguré notre seconde ligne de tram en 2012 quand il faudra attendre au mieux 2030 pour voir celle de Tours ».
Les élus tourangeaux apprécieront cette charge que l’opposition municipale – Jean-Philippe Grand, Baptiste Chapuis, Ludovic Bourreau, Dominique Tripet – a voulu tempérer en refroidissant les ardeurs du maire. Car cette belle raquette présente quelques trous que l’opposition a tenu à rappeler : l’abandon du projet Dessaux, la fin des Voix d’Orléans, le passage en biennale du “Loire Art Show“. « Faire de la politique c’est choisir, a rétorqué Michel Martin. Le projet Dessaux était impossible à réaliser, les Voix d’Orléans n’ont pas trouvé leur public ».
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Argonne : la culture au rabais ?
C’est vrai aussi avec le projet de restructuration des Halles Châtelet. Pour présenter son projet la ville va racheter pour 6 millions d’euros le bâtiment des Galeries Lafayette Hommes qui fermeront en juillet prochain. Une somme conséquente supérieure aux 4,4 millions de l’estimation des Domaines. « Mais si l’on ajoute l’indemnité d’éviction, les premières demandes des Galeries étaient supérieures à 9 millions. Nous avons bien négocié », s’est félicité le maire. Autre trou dans la raquette : la culture à l’Argonne. Dans le cadre de la « Convention territoriale Argonne », ce quartier bénéficie d’un programme de 122 millions d’euros, avec un « projet impressionnant et exemplaire » réalisé grâce à l’État (depuis peu le maire n’hésite pas à féliciter l’État et même le gouvernement qu’il conchiait hier). Mais pour Baptiste Chapuis le compte n’y est pas totalement depuis que le projet d’équipement culturel intégrant la médiathèque a été abandonné : « Ce quartier bénéficie de la plus petite médiathèque de la métropole ». « Mais le quartier est desservi par trois stations de tram, ont répondu Serge Grouard et Michel Martin, il est facile d’aller à la médiathèque du centre-ville ». Circulez…
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