A l’occasion de la sortie de la bande dessinée « Adieu Paris ! Make Berry Great Again » dont l’ensemble des planches originales encrées sera exposé au Château d’Eau – Château d’Art, jusqu’au 22 décembre 2023, le chanteur et artiste peintre Guillaume Ledoux veut lancer le projet de référendum populaire pour… l’indépendance du Berry.
Par Fabrice Simoes
Et si on reprenait la lecture de la guerre des Gaules. Et si on s’inscrivait dans les frontières du territoire des Bituriges Cubes, à la limite de la langue d’oïl et de la langue d‘oc. Et si on redonnait à Bourges et à Mehun-sur-Yèvre, leurs lustres de capitales. Avec des si on mettrait Paris en bouteille et le Berry au centre du monde. Dès lors, comme l’impossible, l’idée d’un référendum populaire pour ou contre l’indépendance du Berry devient réalisable !
En marge, du 7e festival Humour et vin de Bourges, en marge de l’exposition des 86 planches originales encrées de la bande dessinée « Adieu Paris ! Make Berry Great Again » au Château d’Eau – Château d’Art qui est incluse au programme, et dure jusqu’au 22 décembre, Guillaume Ledoux, ci-devant chanteur du groupe Blankass et par ailleurs artiste peintre, veut prendre la tête d’un improbable mouvement séparatiste. Il prône, entre autres, la détaxation des vins de pays, le prolongement du Canal de Berry jusqu’à la mer, l’impôt sur la fortune pour tous, l’annexion de la Creuse, la nationalisation de la lentille verte… Certains jusqu’au-boutistes regardent déjà plus loin : un retour aux territoires des Ducs de Berry, de Blois à Argenton-sur-Creuse. Un sacré programme qui prouve que l’Utopie est vraiment un beau pays.
On se dit que l’idée est idéale pour un canular du 1er avril, justement au début du printemps, de Bourges évidemment, et que, sortir ça avant Noël il faut y croire vraiment, ho, ho, ho. On se dit que retrouver une province du Berry, plus grande que le duché du même nom, plus originelle aussi, avec un bout de Loir-et-Cher dedans, mettrait un joli bazar dans la géopolitique de la région Centre-Val de Loire. On se dit que, si Bourges n’était pas désignée Capitale Européenne 2028 la semaine prochaine, tout pourrait arriver. On se dit que, même si c’est pour rire, c’est un sacré programme qui démontre que l’Utopie est vraiment un beau pays. Mais on dit tant de choses…
Le FLB, ce n’est quand même pas pour demain…
Entre deux expositions de ses aquarelles de bonhommes rondouillards tous se ressemblant, sans âge et sans la moindre fantaisie du décor peut-être, mais avec une âme, entre deux concerts avec ou sans Blankass, l’Issoldunois devenu Berruyer porte fièrement l’étendard du Berry. Ils sont nombreux, ou pas, dans son cas à penser que Bas Berry indrien, et haut-Berry du Cher ne font qu’un. Ils sont tout autant nombreux, ou pas, ceux qui croient à la création d’un seul département englobant l’une et l’autre partie du Berry. Quant à une forme d’indépendance de la province, le nombre de supporters risque de diminuer, ou pas. Pourtant, on le voit bien venir le discours sur le joug exercé sur les Berrichons depuis des siècles par un Etat omnipotent. Il faut l’avouer, dans un monde actuel où la réalité alternative fait notre quotidien, et depuis le « 99 moutons et un Berrichon ça fait 100 bêtes » émis, paraît-il, par un roi en des temps anciens, pour le passage d’une rive à l’autre du Cher, et le paiement de l’impôt qui va avec, le Berry est ponctionné plus que de raison, non ?
Le FLB (Front de Libération du Berry) n’en est encore qu’à ses balbutiements. S’il voyait le jour, il n’est pas certain qu’il entre un jour dans une mouvance extrémiste ou alors, malgré les conseils de modération et de son compère bon escient, dans celle de la consommation de Sancerre, Quincy, et autre Reuilly, voir de Châteaumeillant. De quoi en boire de toutes les couleurs, du blanc, du rouge, du rosé et même du gris ! Le Berrichon est peut-être bouseux et taiseux, il sait encore se tenir et conserver son caractère entier, son esprit particulièrement facétieux. Les dessins de Frèd Langout, sur le scénario de Raynal Pellicer, évoquent ce Berry des vignes et des champs. Parfois, à l’inverse du raffarinadesque « la route est droite mais la pente est forte… », la route se termine entre deux rangs de vignes et la montée en haut du piton est fortement compromise – chose due vient de me souffler un détracteur agricole dévoyé en enjambeur vigneron.
Qu’on se le dise, quel que soit le résultat du référendum, au moment du passage du prochain Tour de France, entre Vierzon et Saint-Amand-Montrond, on ne verra certainement pas fleurir, sur le bitume, les inscriptions « On est chez nous, le Berry aux Berrichons ». Ô que nenni !
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