Novo Nordisk, géant danois du secteur pharmaceutique a annoncé doubler la surface de ses usines à Chartres dans l’Eure-et-Loir. La firme souhaite augmenter la capacité de production de ses médicaments traitant le diabète et l’obésité. Emmanuel Macron s’est rendu sur place ce jeudi 23 novembre pour surfer sur la nouvelle.
Par Mael Petit
L’Eure-et-Loir, terre d’investissements pour les multinationales. Oui ce grand territoire essentiellement rural où l’agriculture joue un rôle prépondérant dans l’économie du département parvient à séduire les grands de ce monde puisqu’on a appris que la société pharmaceutique danoise Novo Nordisk, installée depuis plus de 60 ans dans la préfecture eurélienne, allait injecter 2,1 milliards d’euros dans son site de production. Il s’agit là d’un investissement record pour la France dans le domaine de la santé et une victoire pour Emmanuel Macron qui on le sait maintenant, porte la réindustrialisation et l’attractivité du pays au cœur de sa politique depuis son premier mandat.
Pas étonnant donc que le chef de l’Etat ne se déplace lui-même dans les usines de l’entreprise ce jeudi pour fêter « une victoire dans la bataille de la souveraineté industrielle et sanitaire » en compagnie du ministre délégué chargé de l’Industrie Roland Lescure et du ministre de la Santé Aurélien Rousseau. « On est en train de réindustrialiser le pays et on retrouve cette capacité à être compétitifs, s’est félicité le président face aux salariés du site Chartrain. Macron met en avant ses réformes ainsi que « la simplicité et la souplesse retrouvées » pour justifier le regain d’intérêt des investisseurs étrangers et « ce montant inédit pour l’industrie pharmaceutique en France ».
Le « made in Chartres » à l’honneur
Cet investissement colossal marque aussi un tournant significatif pour l’entreprise et souligne l’importance de la France dans le paysage pharmaceutique mondial, affirmant ainsi sa position dans le secteur en Europe. Chartres rafle ainsi la mise éloignant la concurrence d’autres pays européens qui se rêvaient à leur tour terre d’accueil pour l’entreprise scandinave alors que la France reste aujourd’hui le seul pays en Europe à héberger un de ses sites de production à l’exception du Danemark. Novo Nordisk prévoit de doubler la surface de son usine passant à 230 000 m2, renforçant au passage sa présence dans l’hexagone et le rayonnement de la cité eurélienne. « 10 millions de patients utilisent nos produits made in Chartres. Notre production n’est pas seulement destinée à la France et l’Europe, mais à l’ensemble du monde », s’est enthousiasmé aux côtés d’Emmanuel Macron le directeur général de Novo Nordisk Lars Fruergaard Jørgensen témoignant sa confiance dans le potentiel de la préfecture d’Eure-et-Loir comme centre stratégique pour les activités de son groupe.
La nouvelle infrastructure ambitieuse du boss danois devrait être équipée des dernières technologies de production pharmaceutique, ce qui permettra à la multinationale d’accroître sa capacité de fabrication et de répondre à la demande croissante de ses produits à l’échelle mondiale. Une aubaine aussi pour Chartres et son tissu économique local qui devrait profiter des conséquences de cet investissement. Déjà avec l’annonce de 500 nouveaux emplois créés sur le site s’additionnant aux plus de 1 500 déjà existants. Mais aussi aux retombées positives espérées pour l’ensemble du territoire. La finalisation de ce projet d’expansion est prévue d’ici 2028 avec l’objectif d’élargir la production qui se concentre actuellement sur les cartouches, flacons et autres stylos injecteurs d’insuline. A ce jour, on dénombre 537 millions de diabétiques dans le monde. Un chiffre qui est amené à exploser – on parle de 200 millions de plus d’ici les deux prochaines décennies – ce qui explique la forte croissance du géant danois qui, début septembre 2023, se payait même le luxe de détrôner LVMH de sa place de première capitalisation boursière en Europe.
Novo Nordisk veut booster la production d’insuline de son site à Chartres. Photo unsplash
L’obésité, un enjeu de santé publique majeur qui rapporte gros
Mais la grosse nouveauté de ces futurs investissements réside dans l’introduction dans ses lignes de production de médicaments contre l’obésité, répondant à une demande mondiale croissante. Le laboratoire souhaite développer des traitements pour les maladies chroniques graves liées à l’obésité, ajoutant ainsi une corde à son arc dans la lutte contre cette problématique de santé mondiale. Grâce à son expansion, le site eurélien doit se lancer dans la production et l’export du dernier médicament star de Novo Nordisk, le Wegovy. Ce dérivé de l’antidiabétique Ozempic, utilisé comme coupe-faim, est plébiscité sur les réseaux sociaux pour ses propriétés amaigrissantes et notamment des personnalités comme le sulfureux milliardaire Elon Musk qui en vantait son efficacité. Aux Etats-Unis on s’arrache déjà ces coupe-faim “miracle” ce qui entraîne une explosion de la demande aujourd’hui difficile à soutenir.
Commercialisé en Europe seulement au Danemark, en Norvège, au Royaume-Uni et en Allemagne, le Wegovy pourrait rapidement débarquer sur le marché en France sous un encadrement stricte pour les patients souffrant réellement d’obésité. Il faut dire que des études mettent en garde contre les effets secondaires d’une mauvaise utilisation (troubles digestifs, risque de pancréatite, augmentation de la fréquence cardiaque…) alors que l’agence nationale du médicament (ANSM) souligne que « l’utilisation du médicament Ozempic doit être réservée au traitement du diabète de type 2 ». Des médicaments loin d’être une fin en soi car indissociables d’une alimentation saine et ne dispensant pas d’une activité physique. Pas de quoi refroidir l’ambiance du côté des usines Novo Nordisk ce jeudi après-midi et un Emmanuel Macron enthousiaste et fier d’attirer les milliards d’une firme pharmaceutique à Chartres pour qui il prédit déjà de « glorieuses années à venir ».
Crédit Photo de Une : © News Øresund
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