Le maire de Blois répond en exclusivité aux questions de Magcentre : projets d’investissement, implantation de l’école d’architecture de Versailles, évolution du projet Saint-Vincent, enquête préliminaire du parquet visant la ville de Blois, élections européennes, Nupes et enfants à la rue.
Par Jean-Luc Vezon
Magcentre. Quels sont les projets de votre municipalité pour 2024 ?
Marc Gricourt. Nous allons poursuivre nos investissements à hauteur de 24,5 M€ par an sur les cinq prochaines années. Le projet de renouvellement urbain (PRU 2) sera finalisé avec les travaux sur le gymnase Cerdan. Les projets structurants comme l’aménagement du quartier gare vont se poursuivre. Ce site accueillera ainsi le restaurant universitaire du CROUS (actuellement en cœur de ville) et des logements étudiants. Un dernier bâtiment devrait accueillir la future antenne de l’école d’architecture de Versailles. Le dossier avance bien. Le projet vient d’être déposé au ministère. Notre région est l’une des rares en France à ne pas disposer d’une école d’architecture. C’est donc une belle opportunité car ce secteur souffre d’un manque de jeunes formés. Les usagers de la gare bénéficieront d’un parking provisoire en attendant la réalisation du projet Effiat.
Parmi les autres projets, quels sont les plus emblématiques ?
J’en citerai quatre : la restructuration de la place Vaslin de la Vaissière en bord de fleuve, la reconquête de logements en centre-ville (îlot Denis Papin, dans le cadre d’action Cœur de ville en partenariat avec Action Logement, la Banque des territoires et 3F, le centre de congrès et de théâtre, prévu par le CPER, verra le jour dès 2025 sans oublier le Carré Saint-Vincent. Nous avons fait évoluer le projet en diversifiant les usages de cet espace en cœur de ville. Les surfaces commerciales passeront à 2 500 m² avec notamment une halle maraîchère de 1 000 m² qui sera exploitée par la ville en régie. La Maison de la région CVL s’installera aussi sur le site (800 m²) dont la première tranche pourrait démarrer début 2024 après validation du PC modificatif. En continuité du square Victor Hugo, en cours de rénovation, cet espace sera un élément d’attractivité pour notre centre-ville.
A l’échéance 2026, il y a aussi le projet de halle sportive d’athlétisme couverte près du stade Jean Leroy pour laquelle le tour de table reste à finaliser mais qui devrait accueillir la Ligue du Centre d’athlétisme.
Que répondez-vous aux allégations d’Anticor (1) qui vous accuse d’avoir vendu 80.000 € un terrain de 10 000 m² à un promoteur immobilier alors que 4,8 millions d’euros d’argent public y avaient été investis sur 10 ans ?
Je précise d’abord que je n’ai pas encore reçu de saisine officielle du parquet de Blois. Ces accusations sont graves mais mes services et moi-même restons sereins. De quoi s’agit-il réellement ? D’un projet de reconstruction de la ville sur elle-même via une offre de logements sur le quartier Vienne sur l’emprise de l’ancien hôpital psychiatrique. En 2019, nous avons cédé à la société d’économie mixte (SEM) 3 Vals Aménagement ce terrain pour l’aménager. Après un premier projet qui n’a pu voir le jour faute d’équilibre financier, le projet a été retravaillé et revu à la baisse avec la construction de 14 maisons individuelles et la création d’un espace public arboré. Le terrain a ensuite été vendu par la SEM à un promoteur (2) à un prix favorable pour permettre l’équilibre du projet. S’il est vrai que le coût supporté par la collectivité (450 K€ de frais d’acquisition par la ville, 1,5 M€ de démolition, 1,8 M€ de fouilles archéologiques, 1,5 M€ d’aménagement) est important, tout a été fait dans le respect des règles d’urbanisme.
(1) Dossier révélé par France 3 CVL. L’agrément de cette association anticorruption a été annulé le 16 novembre dernier par la cour administrative d’appel de Paris.
(2) L’acquéreur de cet îlot est la société civile de construction immobilière (SCCV) Blois Clérancerie, co-gérée par le promoteur immobilier Initio et par la SEM 3 Vals Aménagement.
Quel peut être l’avenir de la NUPES ?
La Nupes est un accord électoral qui a permis à la gauche d’être représentée à l’assemblée. Mais, aujourd’hui, la position de Jean-Luc Mélenchon sur le Hamas, la politique étrangère française et l’Europe n’est pas compatible avec les valeurs du Parti socialiste. Une rupture est donc inévitable. Pour autant, seule une démarche d’unité de la gauche lui permettra de revenir au pouvoir. Nous devons donc maintenir nos échanges avec LFI. Il n’y a pas d’incompatibilité avec LFI mais avec Jean-Luc Mélenchon. Pour construire un projet d’avenir, il lui faut d’autres leaders.
Les élections européennes approchent, y a-t-il des personnalités régionales susceptibles à vos yeux de figurer sur la liste soutenue par le PS ?
Temanuata Girard, vice-présidente déléguée à l’Agriculture et l’alimentation de la région CVL ferait une excellente candidate. Elle est fortement engagée en faveur d’une agriculture durable. Je soutiens pour ma part la candidature de Raphaël Glucksmann comme tête de liste.
Une manifestation de soutien a réuni 600 personnes devant la préfecture le 20 novembre dernier en faveur des enfants à la rue. Pourquoi soutenir cette démarche ?
En effet, si voir des personnes à la rue est insupportable, voir des enfants est indigne et inacceptable dans un pays signataire de la convention internationale des droits de l’enfant de l’ONU. Peu importe la situation des parents, s’ils sont en situation irrégulière ou déboutés du droit d’asile, c’est une question de dignité. Le collectif « Pas d’enfants à la rue 41 » m’avait alerté dès septembre de la situation. J’avais pour ma part saisi le préfet et rédigé un communiqué lors des Rendez-vous de l’Histoire.
La situation n’a pourtant pas été réglée et la ville de Blois a dû agir…
Après un accueil de 4 nuits dans l’école Jules Ferry grâce à la mobilisation de la communauté éducative, la ville a mis à disposition un logement (la Fabrique) pour deux mamans et neuf enfants. Mais nous ne pouvons faire plus. Au total, il y a 33 enfants concernés dont 6 de moins de trois ans. J’appelle donc l’Etat à dégager de nouveaux crédits et à héberger ces familles mais aussi le département, compétent sur la PMI, à assurer leur protection. J’appelle également les communes de l’agglomération à faire preuve de solidarité en accueillant les enfants à la rue.
Propos recueillis par Jean-Luc Vezon
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