Gil Avérous, président de Châteauroux Métropole n’envisage pas de mandat national. Président de « Villes de France » il a l’oreille des ministres matin et soir. Interview pour Magcentre.
Président de la communauté d’agglomération Châteauroux Métropole depuis 2014 et conseiller départemental de l’Indre depuis 2021, Gil Avérous, même s’il s’en défend, est l’homme fort du département. Président des Villes de France depuis septembre 2022, il dispose d’une audience auprès du gouvernement supérieure au parlementaire lambda. Il a joué au jeu des questions réponses.
Politique
Magcentre : Un de vos maires adjoints est devenu président du Conseil départemental, deux de vos collaborateurs ont conquis les villes de Levroux et Villedieu, où avez-vous pris vos leçons de stratégie ?
Gil Avérous (sourire) : Marc Fleuret, président du département est aussi vice-président de Châteauroux Métropole. Nous travaillons ensemble depuis 2014 et mon accession à la mairie. Quant à mes collaborateurs, ils ont pris leurs décisions seuls et joliment gagné leurs mairies. Non le patron du département, c’est Nicolas Forissier. (ndlr député LR de l’Indre).
Donc pas d’ambition parlementaire ?
Je suis très bien en élu de terrain et lorsque je vois ce qui se passe à l’Assemblée nationale, ça ne donne vraiment pas envie d’y aller. La loi sur le cumul des mandats m’obligerait à abandonner ma mairie. J’ai la chance en tant que président des Villes de France d’avoir un accès direct aux ministères. Si dans le premier quinquennat le gouvernement avait négligé la concertation avec les élus de terrain, désormais il se rattrape. Il ne se passe pas une journée sans que je n’aie un ministre au téléphone.
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Economie
Châteauroux Métropole associée à Éguzon-Argenton et Val de l’Indre-Brenne a été retenue par le gouvernement dans le cadre du nouveau programme « Territoire d’Industrie 2023-2027 ». C’est de la “com” ou quelque chose d’utile ?
Nous étions déjà dans le premier programme et nous avons obtenu des financements pour le centre de formation de la maroquinerie ou la cité de l’aéronautique par exemple. Cette fois nous sommes associés à Buzançais qui a une très belle zone d’activité et à Éguzon-Argenton. Et nous aurons un chef de projet pour suivre les dossiers d’aide à la transition en particulier dans l’automobile où le développement de la voiture électrique modifie la donne pour les entreprises locales.
Après le mirage chinois, le programme Green Challenge 36 est à son tour enterré. Est-ce que Châteauroux avec sa zone d’Ozans est condamné à n’accueillir que des plateformes logistiques ?
Le projet Green Challenge 36 qui partait de l’implantation d’un Data Center auquel se sont ajoutés un tas d’autres projets était trop en avance et son concepteur s’est perdu en route. Cela dit notre zone « Haute Qualité Environnementale » correspond désormais à ce qui devient obligatoire en matière d’environnement. Et compte tenu de la raréfaction des terrains avec la loi sur la préservation des terrains agricoles, les demandent affluent. Nous avons quatre projets à l’étude. Deux concernent des plateformes logistiques, deux autres des implantations industrielles : une de recyclage de gazon synthétique, une de construction industrielle. Mais en dehors d’Ozans nous avons retrouvé de l’emploi industriel à Châteauroux. En 2019 on avait zéro atelier de maroquinerie et désormais unité après unité, on arrive à 500 salariés !
Sport
Les Jeux olympiques à Châteauroux ! Le coup de projecteur est énorme. Comment changer l’image injustement ringarde de votre ville ?
Les JO ça va permettre de nous moderniser. Au niveau de l’hôtellerie en particulier. Nous rénovons des bâtiments qui, après avoir accueilli les athlètes, valides et handicapés, seront transformés en mini appartements pour les salariés qui viennent travailler à Châteauroux en célibat géographique. En termes de notoriété c’est énorme, les épreuves de tir sont retransmises dans 105 pays différents et la première médaille des jeux sera attribuée à Châteauroux devant 700 journalistes accrédités.
Cela dit les Jeux, en termes de nombre d’athlètes c’est beaucoup moins important que les tireurs attirés à longueur d’années par le Centre National de Tir pour des compétitions internationales. Des sportifs à fort pouvoir d’achat…
La Berrichonne change de propriétaire pour la deuxième fois en trois ans ! Après un siècle de stabilité. C’est inquiétant ?
C’est évidemment un sujet de préoccupation pour le maire, propriétaire des installations sportives. Le projet United était un beau projet, sur le plan sportif il n’était pas dépendant du mercato, les joueurs pouvaient passer d’un club à l’autre puisqu’ils avaient le même employeur. J’avais de bons rapports avec l’interlocuteur saoudien, mais le centre de décision (Genève) était trop éloigné. Toutefois il n’est pas sûr que United se désengage totalement du Berry. Son académie de football est en sommeil, pas supprimée. Nous retrouvons des interlocuteurs français. L’essentiel c’est qu’ils aient les moyens de faire remonter rapidement la Berri en Ligue 2.
Environnement
Vous avez l’ambition de faire de Châteauroux une ville où il fait bon rouler à bicyclette. L’intention est louable mais le résultat partiellement réussi. Un projet de bus à hydrogène est dans les cartons, va-t-il en sortir ?
En matière de pistes cyclables vous avez raison, je ne suis pas totalement satisfait du résultat, mais nous partions de loin. Alors nous allons améliorer. Le projet de bus à hydrogène est abandonné. Le coût de production de l’hydrogène « vert » était prohibitif et l’entreprise Pyrex qui souhaitait s’associer avec nous a renoncé. Pau a fait demi-tour, Montpellier a arrêté le projet également. Nous allons sur l’électrique avec l’essai d’un bus électrique actuellement sur le réseau et nous avons créé Châteauroux Métropole Energie afin de porter des projets photovoltaïques sur les bâtiments municipaux, des ombrières de parkings, etc.
Et le réseau de Châteauroux reste le doyen des transports gratuits…
Absolument. En 2001, 1,5 million de voyageurs transportés, avant la gratuité. En 2005, 5,4 millions de voyageurs. Et pratiquement pas de dégradations. Parce que lorsqu’un bus est plein, les « dégradeurs » se tiennent tranquilles. Cela dit le modèle de Châteauroux, que je suis appelé à présenter un peu partout en France, n’est pas applicable dans toutes les villes.
Propos recueillis par Pierre Belsoeur
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