Le prochain budget de l’agglomération sera, comme les années passées, marqué par la stabilité fiscale, des investissements élevés et un endettement qui s’envole. Pour les habitants, la principale innovation de 2024 réside dans l’harmonisation progressive des prix de l’eau potable.
Par Jean-Jacques Talpin
Exercice obligé de l’automne, le vote des orientations budgétaires traduit en résumé ce qui sera le budget de l’année suivante. Les élus de la Métropole se sont donc astreints ce 16 novembre au vote de ces orientations qui ne traduisent pourtant pas d’évolutions notables. Certes les ressources fiscales sont en augmentation sensible mais moins cependant que les charges nouvelles et les dépenses qui demeurent à un niveau important. Pour corriger cet « effet de ciseau », l’endettement est là pour permettre aux élus de présenter un budget en équilibre. Comme adoptés en début de mandat, les taux de la fiscalité locale demeureront inchangés l’an prochain. Malgré tout, les recettes fiscales progresseront en 2024 de 13 millions (+6,9%) soit sensiblement plus que l’inflation et même au-dessus (6,7 M€) des estimations votées en début d’année dans le budget primitif. Ces rentrées supplémentaires sont notamment dues à la bonne tenue des impôts économiques versés par les entreprises. Mais ce « bonus » de 13 millions sera en grande partie grignoté par la hausse des dépenses de fonctionnement (+10 millions) notamment les charges de personnel (12,9 millions soit plus de 6,7 M€ par rapport à 2023). Face à ces charges, l’épargne disponible peine à 20,9 millions contre 30 en 2017. Et encore si l’on soustrait un bonus exceptionnel de 9 millions, cet autofinancement chute à 12 millions, un des chiffres les plus bas depuis de nombreuses années.
« Cela ne pourra pas durer »
Malgré tout, la Métropole maintient ses grands projets d’investissements à hauteur de 157 millions dont 34,5M€ pour la voirie, 21,4 M€ pour l’Université Madeleine, 5,7 M€ pour l’accueil des grandes écoles, 4,4 millions pour la requalification des Mails, etc. Pour les financer et faute d’une épargne suffisante la Métropole doit emprunter davantage (entre 85 et 95 millions en 2023, 93 millions en 2024) et accroître son endettement. La dette atteindra ainsi 718 millions fin 2023 (contre 480 millions en 2016). Et la courbe n’est pas près de s’inverser puisqu’on prévoit que cette dette fin 2024 dépassera 750 millions d’euros (dont 236 pour les transports). L’explication est à chercher dans l’envolée des taux d’intérêt… mais aussi peut-être dans la gestion de la Métropole en quête de projets somptuaires. Orléans qui a sans doute les yeux plus gros que le ventre et qui peut se référer à cette fable de « la grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf » investit sans doute trop… Le grand argentier Michel Martin l’a rappelé : « Il y a une inflation des investissements et cela ne pourra pas durer ». Les investissements représentent ainsi 637 euros par habitant à Orléans… contre 446 dans les métropoles de taille comparable. Dans ce même comparatif Orléans est 14ème et donc bonne dernière dans sa capacité à rembourser sa dette.
Trop de projets donc et des doutes de certains élus sur la requalification des Mails dont l’enveloppe est incertaine ou encore comme le coût du campus Madeleine réévalué à plus de 90 millions d’euros. Mais Serge Grouard comme Florent Montillot ont vivement pris la défense de ce campus : « Sans ce projet qui va accueillir le déménagement de la Faculté de droit, on n’aurait pas pu accueillir aussi rapidement la Faculté de Médecine. »
Entre « eau vitale » et « eau de confort »
Autre grand projet de la Métropole en 2024 la gestion de l’eau potable, de la défense incendie (pour la métropole un surcoût imprévu de 500 000 euros demandé par le SDIS pour son budget 2023 reste en travers de la gorge d’élus pas loin de parler de « racket »), l’assainissement et les eaux pluviales. Pour l’eau potable deux structures de gestion cohabitent dans les 22 communes : la gestion en régie par les villes elles-mêmes (souvent de gauche) et la gestion en délégation de service public (dont Orléans) avec plusieurs délégataires (Veolia, Suez). Face à la disparité des contrats et donc des tarifs pour les usagers, la Métropole veut gérer pleinement cette nouvelle compétence notamment en proposant une harmonisation des tarifs à l’horizon 2031 sur une base moyenne de 200 euros pour 120 m3 à cette date. La Métropole veut aussi ajouter un volet qualitatif, social et une volonté de maîtriser la consommation d’eau potable. Pour cela trois niveaux de prix sont définis pour les habitants : 0,68€ par m3 pour une consommation annuelle comprise entre 0 et 40 m3 (niveau qualifié « d’eau vitale »), 0,99€/m3 entre 40 et 120 m3 (« eau utile ») et 1,43€ m3 au-delà de 120 m3 (« eau de confort »).
Ce beau schéma sur le papier doit maintenant couler dans les robinets avec déjà certains mécontents, des communes se plaignant de hausses sensibles des tarifs de l’eau alors que d’autres villes verront leurs tarifs baisser ou se maintenir.
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Orléans : transports et énergies, les deux mamelles d’une Métropole verte