Ce mardi 7 novembre, la région organisait les premières assises régionales de l’eau au Vinci-Palais des Congrès de Tours. Au sortir de la journée, tous les acteurs ont salué l’initiative d’un pari du dialogue parfaitement réussi mais aux suites et conséquences encore incertaines.
Par Mael Petit
La région Centre-Val de Loire source de dialogue. C’est ainsi qu’elle se positionne sur la crise de l’eau et ses enjeux. L’image qu’elle souhaite revêtir à l’heure où le sujet prend de plus en plus d’épaisseur dans le débat public et qu’il gravit les échelons des priorités de la société. C’était l’ambition derrière la création de ces premières assises régionales de l’eau organisées au Palais des Congrès de Tours cette semaine. Plus de 600 personnes ont répondu présent, bien plus qu’espérés initialement par la Région, qui peut se targuer d’avoir réussi son pari de ce côté-là. Susciter l’intérêt de l’ensemble des acteurs et les mobiliser pour être au rendez-vous pour « une démocratie de l’eau ». L’idée était d’abord de poser des faits sur les problématiques de cette crise. Dialoguer, en parler, débattre pour en reparler… à défaut d’avoir les moyens d’en faire plus pour le moment. « La région n’a pas directement compétence sur l’eau mais plutôt que d’observer passivement nous souhaitons anticiper pour construire une culture partagée de l’eau. C’est un sujet planétaire dont les solutions sont locales, sur le terrain », explique le président de la région Centre-Val de Loire François Bonneau.
Alors cette journée s’est essentiellement vécue à l’écoute de micros. Les prises de parole se sont succédé, entre tribunes, tables rondes et ateliers pour inciter au changement dans les politiques publiques de l’eau. Scrutée, l’intervention de la préfète de la région Sophie Brocas n’a pas été aussi « chahutée » qu’annoncée, alors que des militants avaient promis de « doucher » la représentante de l’Etat qui avait eu quelques différends avec le convoi de l’eau en août dernier. Tout juste quelques « No Bassaran » lâchés pendant son discours tandis que plusieurs associations et syndicats se montraient à l’extérieur. Ce qui n’a pas empêché la préfète de délivrer son message d’alerte sur la situation. « Nous y sommes, nous avons soif ! », a-t-elle alarmé en tenant pour exemple la situation en Guadeloupe ou à Mayotte.
Surtout pas de vagues
La Région souhaitait aussi impliquer les acteurs de la recherche comme les structures du BRGM ou l’INRAE venues faire un état des lieux en Centre-Val de Loire et partager leurs données sur le territoire. « La réflexion scientifique est indispensable pour donner de la crédibilité à cette journée », rappelait le président de la Région. Autre impératif, porter la voix de la société civile lors de ces assises. Le Conseil économique social et environnemental de la région (CESER) en avait la charge notamment par l’intermédiaire de son président Eric Chevée. Alors que la ressource en eau se raréfie, le Ceser a pointé son usage dans un récent rapport. Avec des prélèvements qui augmentent chaque année de 4% en moyenne et de 10% dans les nappes souterraines, « un peu moins de la moitié de l’eau que nous prélevons n’est pas rendue aux milieux naturels. Ces augmentations sont le fait du besoin accru d’irrigation, et d’une plus grande utilisation d’eau potable ».
Pourtant le Centre-Val de Loire est bien pourvu en réserves et en ressources en eau avec la Brenne, la Sologne ou encore la nappe du Cénomanien et la nappe de Beauce dont le défi est de favoriser leur réalimentation. Pour Eric Chevée, le maître-mot « c‘est la sobriété ! Nous serons confrontés à une situation similaire à celle que nous connaissons avec la consommation d’énergie provoquée par la guerre en Ukraine. Nous avons montré qu’il était possible de changer nos méthodes, de faire preuve de sobriété. Cet effet rareté va provoquer le même résultat sur l’eau ». Des propos appuyés par François Bonneau. « Il y a 10 ans, on vivait dans un paradigme où la question de l’eau ne se posait même pas. Il faut repenser nos habitudes et la sobriété dans nos usages domestiques est le premier pas à réaliser ». Un premier pas pour résoudre la crise de l’eau tout comme ces assises représentaient le point de départ… d‘une réflexion sur le sujet ? La journée a permis de faire un constat, poser les problématiques sur la table dans un consensus et un climat de sérénité. L’heure n’était pas franchement à la confrontation d’idées ni à la contradiction. Le syndicat Confédération paysanne a même salué l’initiative de la Région. « On ne voulait pas d’invective dans la salle car rien de bon ne sortira d’une situation conflictuelle », poursuit François Bonneau. Et après cette journée, c’est quoi la prochaine étape ? Au cours des interventions, chaque acteur a rappelé plusieurs fois l’urgence d’agir, d’accélérer sur le sujet notamment avec des prises de décisions. Le président de la région a lui promis que cette journée ne serait pas « un one shot ». Qu’il pourrait y avoir l’année prochaine des assises de l’eau 2. Pour encore plus de dialogue.
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