Très peu connue en Europe, la Luffa est une cucurbitacée étonnante. Appelée aussi « Courge du hammam », sa fibre spongieuse, douce et résistante est utilisée comme exfoliant pour le corps et comme éponge pour la vaisselle. En Touraine, un ouvrier agricole vient de lancer une production sur un domaine. Unique en région Centre-Val de Loire !
Par Estelle Boutheloup
Voici une courge qui ne se mange pas mais qui lave ! Luffa est une cucurbitacée originaire du Bénin, très connue en Asie et dans les pays du Maghreb. Là-bas, elle se nomme même la « Courge du hammam » en référence à son utilisation : une fois sèche, sa fibre devient une éponge. Guillaume Pouvreau la découvre au fil de lectures. Poussé par la curiosité, cet ouvrier agricole à Saint-Pierre-des-Corps en Touraine, veut alors tenter l’expérience. « J’en ai fait pousser dans mon jardin il y a 2-3 ans et ça m’a convaincu. J’ai donc proposé d’en cultiver quelques-unes cette année où je travaille et de tester une production à plus grande échelle. »
Ainsi, une planche expérimentale d’environ 30 m2 a pris racine sur les terres du Domaine des 4 Saisons de la Morinerie. « Cultivée dès le mois de mai jusqu’à 6 mois sous serre, jusqu’à son extrême maturité, de telle sorte que le pied soit le plus sec possible », poursuit Guillaume. Le fruit passe progressivement du vert au jaune puis au marron. La courge Luffa est alors pelée laissant apparaître à l’intérieur une fibre totalement asséchée. « En la secouant, par exemple contre un mur, elle se vide de ses graines. On fait alors tremper la fibre dans de l’eau pour retirer la couche grasse visqueuse qui l’entoure. » Une fibre très résistante et douce qui sera découpée en morceaux ou laisser en entier à sa guise et prête à l’emploi, la Luffa peut alors servir d’éponge pour la vaisselle, d’éponge exfoliante pour le corps, voire même de porte-savon.
Une éponge 100% végétale et rentable
100% naturel et sans traitement chimique contrairement aux éponges classiques, ce fruit séché, au toucher agréable, n’absorbe pas l’eau et ne conserve donc ainsi aucune bactérie. « Elle passe même en machine à laver sans problème, se garde longtemps, ne pourrit pas, ne dégage pas d’odeur », précise Guillaume. Utilisée brute, la Luffa se conserve jusqu’à 4 mois en usage vaisselle – « le produit vaisselle ne l’abîme pas » – et bien plus longtemps en usage corporel. « Et tout se composte de A à Z. »
Vendues directement sur le domaine, les fibres de Luffa constituent les seules productions de façon professionnelle en région Centre-Val de Loire : « Celles que l’on peut trouver en magasins bio viennent pour la plupart d’Égypte ou du Bénin. » Quant aux graines ? Elles sont essentiellement vendues chez des semenciers en ligne sur Internet mais la Ferme de Sainte Marthe en Sologne (Loir-et-Cher) en propose. Comme toutes les cucurbitacées, les plants de Luffa se développent très vite, comme un jardin de courges dès les premières chaleurs au printemps, ou sous serre à faire grimper comme une production de concombres. « C’est un produit très rentable : une courge peut donner jusqu’à une centaine de graines avec lesquelles on fait des plants. » Ceux de Guillaume aux Quatre Saisons de la Morinerie ont bien donné pour leur première saison : « Certaines sont plus fibreuses que d’autres, plus denses ou plus longues : il faut que je comprenne encore le pourquoi du comment ! »
Rubrique parrainée par CODIFRANCE.