La septième saison d’ouverture au public à Street Art City vient de se clôturer. Résidence d’artistes plébiscitée dans le monde entier, l’association éponyme a accueilli depuis sa création 513 artistes en provenance de 67 pays différents à Lurcy-Lévis (03). Ils ont marqué de leur empreinte près de 22 500 m2 de fresques extérieures et 17000 m2 d’exposition intérieure. Zoom sur l’emblématique Hôtel 128…
Par Alexandra Adam
Ted Nomad était aux côtés des autres artistes pour la dernière rencontre-dédicace de la saison à Lurcy-Lévis.
Derrière chacune des portes fermées se trouve un monde parallèle. Il n’y a pas une pièce qui se ressemble et pas une technique identique qui susciterait deux fois la même émotion. Les 128 chambres de l’ancien centre de formation de France Télécom sont autant de fenêtres qui propulsent les visiteurs de Street Art City dans d’autres galaxies.
A Lurcy-Lévis, petit village de l’Allier (03), il n’y a pas de mots pour décrire l’Hôtel 128 qui fait figure de temple du street art. La déambulation dans ce lieu unique, imaginé et créé par Gilles et Sylvie Iniesta en 2015, est une expérience qui doit se vivre au rythme des claquements de portes, qui s’ouvrent et se referment au même moment, sur quatre niveaux différents.
Haut de 14 mètres et long de 53 mètres, il est le joyau d’une ancienne friche industrielle de 7 000 m2 de bâtiments sur 10 hectares de terrain abandonnée depuis 1992 avant d’être acquise par le couple en 2003.
Les façades du mythique Hôtel 128 changent de couleurs au fil des saisons.
Dans cet espace d’exposition réalisé en plusieurs tranches entre 2017 et 2019, 128 artistes en provenance de 5 continents ont réalisé des œuvres-cellules dont la visite dure au moins trois heures. Porte, fenêtre, radiateur, douche et lavabo font partie du décor qui s’étend du sol (583 m2) jusqu’au plafond.
Les artistes n’ont pas seulement réussi à créer une immersion : ils font plonger le spectateur avec eux au plus profond de leur imaginaire. Au fil de l’exploration des dédales de l’âme humaine, on y rencontre des peurs, des angoisses et des interrogations restées en suspens. Leurs contours sont plus ou moins flous et la frontière entre les couleurs n’est pas toujours nette.
Cette impossible dissociation sème le doute et plonge dans la tourmente alors que symétries et couleurs vives semblent dessiner une voie vers de nouvelles perspectives moins chaotiques.
Une chambre = un univers…
Un contraste saisissant qui s’illustre par l’opposition des créatures déformées aux multiples visages qui hantent la Chambre 120 « Dimenzions », créées par Waknine, à la précision quasi-chirurgicale de Serty31 qui a réalisé la Chambre 021 « Crystalisium Extensia » en puisant « à la source du graffiti une énergie régénératrice qui donne aux lieux une âme et une nouvelle fonctionnalité. L’univers minéral dégage dans toute la pièce une pureté lumineuse nous projetant dans une fraîcheur créatrice. »
La petite fille passeuse d’âme installée dans la Chambre 122 par l’artiste Pink’Art RoZ, entre les crânes colorés et les animaux imaginaires, revisite la légende de « L’Ankou » pour donner un visage plus doux à la mort. A Street Art City, les graffitis peuvent aussi se lire comme les vers d’une poésie qui n’a jamais de fin.
Accrochées dans les galeries de l’exposition permanente, les œuvres de Zeso, Ted Nomad, Vincent Loisy, Aéro, Valer, Zach Oreo, Ben Caillous et Sakew sont disponibles à la vente. Les artistes, qui sont allés à la rencontre des visiteurs pour ce dernier week-end d’ouverture, préparent déjà leurs prochaines créations pour continuer de faire vivre ce lieu qu’ils aiment tant. Les rencontres dédicaces reprendront le mercredi 8 mai pour lancer la saison 2024.
