Depuis bientôt 20 ans, Freddy Miller chante le blues en France, en Europe et sur le continent américain. Avec ses musiciens, il a représenté la France aux Etats-Unis pour l’International Blues Challenge ou encore en Lettonie, pour le European Blues challenge. En 2017, leur premier album a été élu meilleur album blues de l’année par Blues magazine, alors que le second sort ce 18 novembre.
Par Izabel Tognarelli.
L’histoire est celle d’un bluesman qui, au départ, ne savait pas qu’il avait une voix. Il l’a découverte par hasard, au cours d’un rendez-vous musical hebdomadaire, entre amis : ils se réunissaient pour jouer du rock’n’roll, rendez-vous au cours duquel Freddy « pianotait » (dixit) au clavier : « Pour m’amuser, j’ai commencé à prendre le micro. Les autres m’ont regardé d’un air bizarre et m’ont dit : “Mais qu’est-ce que c’est que cette voix ?” C’était la mienne ». Quelque temps plus tard, il a été présenté à un harmoniciste qui montait un groupe de blues. Rendez-vous lui a été donné pour une audition au studio Music Live. Ce jour-là est né un chanteur de blues : « Si on m’avait dit qu’un jour je deviendrais chanteur, à 35 ans… ».
Des Frenchies à Memphis
Le groupe a commencé en 2005, d’abord sous le nom de Shake your hips. « Dès 2007, on a remporté les plus grands tremplins blues de France, notamment Blues sur Seine et les Rendez-vous de l’Erdre, à Nantes ». Fin 2012, le groupe est choisi par le biais du site France Blues pour représenter la France à l’IBC (International Blues Challenge, qui a lieu tous les ans à Memphis). Là se noue la rencontre avec l’Amérique : « Au moment où je suis descendu du taxi, j’ai pris l’histoire en pleine figure. J’ai levé la tête et j’ai vu le Lorraine Motel : l’endroit où a été assassiné Martin Luther King. En face se trouve le musée des droits civiques. La pièce d’où l’assassin a tiré est conservée en l’état, tout comme la chambre du motel ». La veille, il avait rencontré un jeune Noir américain avec lequel le groupe avait partagé la scène au Wet Willie’s, l’un des mythiques clubs de blues de Beale Street (LA rue où se trouvent les clubs de blues de Memphis). « Dans ce musée, j’ai retrouvé ce jeune musicien noir, en larmes, aux côtés de son père. Cela fait partie des moments humains très forts que j’ai vécus grâce à la musique ».
De vieilles canailles et deux « musical soul brothers »
Dans l’intervalle, la composition du groupe a évolué et a changé de nom pour devenir Freddy Miller and the blue steelers (et à présent, Freddy Miller, tout simplement). Avec leur premier album (élu meilleur album blues de l’année, par Blues magazine), le groupe se rend au Blues Availles, près de Châtellerault, où ils vont jouer avant Dale Blade, accompagné ce soir-là par Fred Chapellier — guitariste de Jacques Dutronc et des Vieilles Canailles — and the gents. « J’arrive comme un môme dans la salle ; Fred était sur scène, en train de faire la balance pour sa guitare ». Au premier rang, Dale Blade est en train de téléphoner. « Je m’approche de lui et je lui fais “Hi, Dale”. Il lève la tête et il dit “Oh, Freddy ! Nice to meet you !” ». Au début, Freddy pense que l’iconique bluesman originaire de La Nouvelle-Orléans a regardé le programme et a reconnu le chanteur du groupe qui allait passer avant lui. « Mais au cours de la conversation, je me rends compte qu’il me connaissait vraiment, qu’il savait vraiment qui j’étais ! Et puis on a discuté, sympathisé ; on est devenus potes, on a fait une photo et on est resté en contact. ».
L’album Just be yourself est en préparation depuis 2020. « Pendant la période covid, j’ai demandé à Dale s’il accepterait de faire un duo avec moi. Dale m’a répondu “Mais Freddy, c’est moi qui serais honoré ! Avec grand plaisir !” ». Le sort en a décidé autrement : Dale est parti des suites d’une pneumonie foudroyante. Sur ce nouvel album, la chanson One more star lui est dédiée. « Je voulais lui dédier une chanson pour lui dire qu’il me manque, mais je ne voulais pas le faire d’une manière triste parce que c’était un mec tellement solaire ». Ce morceau est un moment fort, tant dans cet album que lorsque Freddy Miller l’interprète sur scène. Just be yourself, qui a donné son titre à l’album, est l’autre temps fort, un air qui vous reste en tête, même deux mois après le concert test à Montargis, à la fin du mois d’août 2023. « Je sais très bien que nous ne serons ni riches ni célèbres, par cette musique ; l’important, c’est d’en être fier. Or cet album, j’en suis incroyablement fier ». Il y a de quoi, Freddy Miller, il y a de quoi…
Un deuxième album dans les starting-blocks
Son lancement est prévu samedi 18 novembre 2023, à 20h30, au Tivoli, à Montargis (2 rue Franklin Roosevelt). Il mêle blues, soul, rhythm and blues et comporte douze titres, dont une majorité co-écrits par Freddy Miller et Christophe Bertin, batteur, aux côtés de Freddy depuis le début. Deux musiques ont été composées par Jérôme Perrault, ancien guitariste du groupe (remplacé par Pascal Baron pour les deux prochains concerts, notamment celui de Montargis). En temps normal, Freddy Miller est accompagné de cinq musiciens, notamment Virgil Viard à la guitare et Patrice Cuvelier au clavier. Mais pour le concert de lancement, ils seront dix (plus des choristes), car une section cuivres au grand complet viendra épauler Pépé (alias Philippe Péronnet) et son saxo.
Renseignements et réservation au 0604530361.
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