Le festival castelroussin fête ses 22 ans. Parallèlement depuis 6 ans, les Lisztomanias humanitaires emmènent la musique de Liszt vers un public populaire. Comme le faisait le musicien hongrois.
Par Pierre Belsoeur.
Jean-Baptiste Doulcet et le guitariste Mayron sur la mini-scène du piano saltimbanque de Franck Ciup.
Photo P. Belsoeur
18h30 jeudi 19 octobre, sur l’aire des gens du voyage de Notz, en bordure de la rocade de Châteauroux. Un public hétéroclite regarde alternativement le ciel et la mini-scène où le piano saltimbanque de Franck Ciup attend les artistes. Pour inaugurer la rénovation totale de cet espace dédié aux familles de voyageurs, Châteauroux Métropole a fait appel au Lisztomanias humanitaires pour faire de cette cérémonie convenue, une fête.
Les Lisztomanias humanitaires, c’est une autre idée de Jean-Yves Clément, le créateur des Lisztomanias en 2002. « A son époque, Liszt était l’équivalent d’une rock star, mais il n’a jamais dit non lorsqu’on lui a demandé d’aller se produire gratuitement pour un public qui n’avait ni les moyens ni la culture musicale pour fréquenter les salles de concerts. Nous ne faisons que prolonger son action ».
Et si les enfants de Notz étaient un peu dissipés pendant les discours, ils étaient tout oreilles lorsque Jean-Baptiste Doulcet s’est installé au piano pour donner la réplique à Mayron guitariste et improvisateur. Et l’on a oublié les nuages pour se laisser bercer par le rythme des notes chaudes du jazz. Franck Ciup a, à son tour, dialogué avec le guitariste et tous deux ont terminé le concert en revenant à Liszt qui avait justement pioché dans le répertoire tzigane pour construire certaines de ses œuvres.
Célimène Daudet, de la Hongrie à Haïti
Notz c’était la dernière étape de cet avant Lisztomanias. Auparavant, tous ceux qui le souhaitaient et en particulier les élèves des cours d’alphabétisation, étudiants d’Ecocampus, pensionnaires de la maison de retraite Domitis voisine, avaient rendez-vous dans l’amphithéâtre de la maison du numérique de Balsan pour un mini concert de la pianiste franco-haïtienne Célimène Daudet, une interprète au jeu spectaculaire qui donne le sentiment de mâcher les notes et de rebondir avec les changements de rythmes musicaux. Elle parvint à captiver le public tout au long de « Bénédiction de Dieu dans la solitude » et termina par plusieurs pièces d’un compositeur haïtien pour rappeler que « la culture est ce pays qui devrait accueillir toutes et tous sans demander de passeport » comme l’a joliment écrit le journaliste Yvan Bernaer.
Le collectif Mondo danse sur les notes de Jean-Baptiste Doulcet – Photo P. Belsoeur
A l’heure du goûter, Jean-Baptiste Doulcet s’était installé au piano pour accompagner le ballet de Louise Cazy et du collectif Mondo, composé des femmes du foyer Blanche de Fontarce. Jean-Baptiste, on le retrouva également pour diriger une classe d’improvisation au conservatoire, mais aussi au milieu de la salle des ventes des compagnons d’Emmaüs pendant que Célimène Daudet donnait le premier récital officiel des Lisztomanias dans l’auditorium Franz Liszt vendredi après-midi.
Les femmes de Liszt
Franz Liszt eut plusieurs femmes dans sa vie, dont George Sand évidemment et l’une de ses filles épousa Richard Wagner. Le festival accueillait vendredi Kris Wagner, leur arrière-petite-fille, pour une conférence au café Equinoxe. Ce thème des femmes de Liszt s’accompagne dans la programmation d’un grand nombre d’interprètes féminines tout au long de ce week-end prolongé. Célimène Daudet on l’a dit, Anne Queffélec, première à se produire sur la scène d’Equinoxe. La pianiste Géorgienne Mariam Batsashvili ce samedi soir. Un trio Caroline Sageman au piano, la mezzo-soprano Delphine Haidan et Julie Depardieu comme récitante, accompagnées du quatuor à cordes féminin Akilone pour un concert intitulé « Une soirée chez Clara Schumann » le dimanche soir. Le lundi l’Italienne Saskia Giorgini sera au clavier et le mardi 24 octobre, la Japonaise Etsuko Hirose donnera le concert de clôture sur la scène d’Equinoxe.
En-dehors de ces grandes soirées, les concerts dans les cafés de Châteauroux, les auditions de jeunes prodiges, dont les entrées sont gratuites permettront aux mélomanes de faire le plein de notes de musique pour affronter les frimas de l’automne.
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