Inflation, hausse des dépenses contraintes, charges nouvelles : le conseil régional doit affronter tous ces écueils pour préparer son budget de l’an prochain. La fiscalité augmentera légèrement mais les investissements seront maintenus à un haut niveau
Par Jean-Jacques Talpin
En charge des lycées la Région est évidemment impactée par le climat de violence et de terrorisme qui s’est manifesté à Arras avec l’assassinat du professeur Dominique Bernard. C’est face à cette « situation très préoccupante » que le conseil régional tiendra sa session d’automne ce jeudi à Bourges, session qui sera également marquée par l’émotion consécutive au terrorisme du Hamas en Israël. François Bonneau le président de la Région ne manquera pas en ouvrant la séance de dénoncer « la folie meurtrière, l’obscurantisme et la barbarie » des terroristes du Hamas. A voir si cette émotion sera partagée par toute la majorité régionale puisque François Bonneau gouverne aussi avec LFI aux positions très controversées sur cette question.
La session sera avant tout marquée par l’examen des « orientations budgétaires » 2024, c’est-à-dire l’esquisse du budget de l’année prochaine qui sera adopté dans les prochains mois. Un exercice chaque année difficile, mais plus encore aujourd’hui avec « le contexte dévastateur de l’inflation ». « Notre modèle est en grande difficulté explique François Bonneau, nos recettes augmentent moins vite que nos coûts, la précarité s’accroît. Nous préparons un budget qui sera tout sauf de gestion, mais avant tout de mobilisation et d’action. La Région sera sur tous les fronts : éducation, solidarité, cohésion sociale, élaboration d’un nouveau modèle de développement ».
Une filière Sciences PO !
Pourtant les recettes de TVA (principal apport fiscal de la Région) n’augmenteront cette année que de 3,5% face à une inflation et donc des coûts de 4,8%. Dans le même temps, les taux d’intérêt des emprunts sont passés en deux ans de 0 à plus de 4%. Durant la même période, le coût des denrées pour préparer les 8 millions de repas annuels servis dans les lycées a progressé de 15 à 20%. Face à cela le coût pour les familles n’évoluera que de 3,5% et même moins pour certaines grâce à une tarification sociale.
Pour maintenir son programme d’investissements (plus de 2 milliards d’euros d’ici à 2027) la région n’a que deux possibilités : augmenter la fiscalité ou ses emprunts et donc son endettement (qui dépasse désormais le milliard d’euros). Le conseil régional a choisi d’ouvrir légèrement la vanne des impôts. Ainsi les recettes de cartes grises qui tombent dans les caisses de la région progresseront de 10,4% (5,20 euros supplémentaires par cheval fiscal). Dans le domaine des transports, les tarifs des billets TER (bloqués depuis 2017) évolueront de 6%. Dans ce cadre très contraint la Région veut donc maintenir ses investissements dans la solidarité territoriale, l’économie ou l’enseignement supérieur, notamment pour financer l’évolution du CHRO en CHU et pour abriter la nouvelle Faculté de médecine d’Orléans qui prendra place dans les locaux de la Faculté Droit Économie Gestion qui sera transférée en 2025 sur le campus Madeleine à Orléans.
Bourges, capitale de la culture
A terme la Région veut accroître le nombre d’étudiants dans les établissements régionaux, notamment pour éviter les « fuites » vers la région parisienne ou les régions périphériques et pour cela voudrait créer une « filière sciences Po » afin que de nouveaux enseignements soient installés. C’est également dans le domaine des transports que la Région veut maintenir ses efforts avec un niveau moyen d’investissements de 100 millions par an. Le 8 novembre la livraison des 32 nouvelles rames TER sera achevée alors qu’un nouveau crédit de 144 millions vient d’être voté pour acquérir 7 autres rames pour soulager les lignes les plus chargées comme Tours-Chartres-Paris. Pour cela la Région attend un effort conséquent de l’État notamment à travers le volet mobilité du CPER (contrat de plan État-Région) qui sera signé en décembre. Dans ce cadre, près de 135 millions d’euros devraient être consacrés à la modernisation du POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse) tandis que la réouverture aux voyageurs d’Orléans-Châteauneuf devrait être actée avec du matériel léger. Dans ce ciel chargé, la Région attend une éclaircie le 11 décembre. Ce jour-là, un jury indépendant choisira la ville désignée « capitale européenne de la culture » pour 2028. Face à de grandes cités comme Clermont-Ferrand, Montpellier et Rouen, le « petit poucet » Bourges croit à ses chances. La Région y croit aussi et renforce pour cela son soutien à la candidature berruyère dont le succès devrait rayonner sur toute la région et même au-delà…
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