Créée en 2021 à Saint-Dizier, l’opération culturelle « La beauté sauvera le monde » va s’exporter en région Centre-Val de Loire. Six communes de l’hexagone dont deux du Cher, Bourges et Neuvy-sur-Barangeon, et une du Loir-et-Cher, Salbris, ont annoncé vouloir à leur tour remplacer leurs panneaux d’affichage publicitaires et municipaux par des œuvres d’art.
Par Fabrice Simoes.
Voilà quelques jours, à Saint-Dizier, s’est ouverte la 1ere édition de “La journée Culte ! les territoires s’emparent de la culture”. Cette journée-manifeste regroupait de nombreux acteurs culturels du pays, qu’ils soient élus, représentants du public, privés et associatifs. Elle avait pour vocation à servir de démonstrateur pour une série d’initiatives et de dispositifs culturels territoriaux, à destination, entre autres, des villes moyennes.
C’est déjà là, dans la sous-préfecture de Haute-Marne, que le maire de la ville, Quentin Brière, un peu, beaucoup, marqué par la période Covid, avait eu l’idée de « changer le monde » à sa manière et le rendre plus beau, plus artistique surtout. Le principe de son initiative est économiquement possible pour toutes les bourses et on ne peut plus simple à mettre en place. Il s’agissait de remplacer, durant plusieurs semaines, des panneaux publicitaires d’affichage moches par des représentations d’œuvres d’art. Van Gogh, Botticelli ou Klimt à la place de pub pour le magasin de déstockage d’à côté ça change quand même le cadre de vie. « Je crois intimement que l’espace public est un lieu que l’on doit humaniser. Il faut absolument en prendre soin, parce que l’espace public est le dernier lieu qu’ont en commun ceux qui n’ont plus rien en commun », expliquait alors l’élu haut-marnais. Cela peut éviter de recevoir le prix spécial de la zone commerciale la plus moche décerné, pour l’ensemble de son œuvre, par exemple, à la zone de Saint-Germain-du-Puy à proximité de Bourges. La ville de Saint-Dizier a donc décidé de créer les conditions d’une duplication à l’échelle nationale de ce dispositif, avec la bénédiction et le soutien du maire de Châteauroux, Gil Avérous, président de l’association Villes de France. Et ça marche.
Première cuvée nationale du dispositif
Plusieurs communes se sont positionnées pour bénéficier de cette opération soutenue par la Fédération Française des Trucs qui Marchent et qui bénéficie d’une aide logistique de la Réunion des musées nationaux et du Grand palais. Une sélection d’œuvres d’art sera mise à disposition des communes concernées par le dispositif. Si la première ville à reprendre l’idée, Talmont-Saint-Hilaire, est en Vendée, trois villes de la région Centre-Val de Loire se sont portées volontaires pour intégrer la première cuvée nationale du dispositif avec un calendrier commun en 2024. On retrouve là trois communes, Bourges, Neuvy-sur-Barangeon et Salbris, qui ont peu de points en commun hormis la volonté de sortir de la banalité du quotidien.
La démarche berruyère s’inscrit de manière parfaite dans l’optique de la candidature de la ville berrichonne à devenir Capitale européenne de la culture. Elle va dans le sens et la démarche voulue depuis le début de mandat par la majorité municipale. Pour Neuvy-sur-Barangeon, cette action en faveur du développement artistique vient comme une continuité des offres culturelles déjà proposées par le passé. Les 1 100 habitants ont pu bénéficier, durant plusieurs années, d’une programmation artistique de spectacles vivants dense et populaire à la fois. La saison culturelle Neuvy-sur-Scènes proposait alors créations, pièces de théâtre, concerts, spectacles de variété. Las, les contraintes budgétaires, et une approche plus rigoriste de la culture en milieu rural, avaient mis à mal cette forme d’expression en Sologne du Cher. La nouvelle action serait comme un petit retour vers une expression culturelle locale.
A quelques encablures, toujours en Sologne mais en Loir-et-Cher, si la culture est bel et bien présente, il est délicat de trouver une continuité culturelle dans l’ancien chef-lieu de canton de Salbris. Entre abattre un bâtiment « insalubre » mais dont un mur extérieur était recouvert d’une fresque de street-art de Chanoir, œuvre « éphémère » donc, et installer dans l’espace public les œuvres du Symposium de la ville, les choix fluctuent en fonction des états d’âme d’élus locaux parfois artistes, parfois moins. Dans la bourgade certaines mauvaises langues se demandent d’ailleurs s’il existe une volonté réelle de mettre la culture à la portée de tous ou si la culture est un moyen, comme d’autres, de profiter de l’effet d’aubaine pour faire parler de soi…
On serait alors bien loin de la pensée d’André Malraux : « Le droit à la culture, c’est purement et simplement la volonté d’y accéder ». Le résultat est cependant le même et c’est bien là l’essentiel.
Image mise en avant : Crédit Photo E. Girardot
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