Sur le thème des couleurs de la mort, l’historien médiéviste Michel Pastoureau a conclu en beauté la 26e édition des Rendez-vous de l’histoire dans un hémicycle de la Halle aux Grains plein comme un cercueil de pharaon. Une édition marquée aussi par la présence du fils du commandant Massoud, Ahmad et un soutien affiché au peuple arménien martyr.
Par Jean-Luc Vezon
Anouche Kunth a reçu le Prix Augustin Thierry. Photo Jean-Luc Vezon
Attribution symbolique, le comité d’organisation des Rendez-Vous de l’Histoire (CEPH) que préside Éric Alary, a ainsi attribué à l’historienne, chargée de recherche au CNRS, Anouche Kunth, le très prisé Prix Augustin Thierry pour son ouvrage Au bord de l’effacement (Edit La Découverte).
Dans ce livre époustouflant basé sur un important travail de recherche à partir des certificats administratifs de 12 000 réfugiés Arméniens arrivés en France à partir de 1915 à la suite du génocide turc, l’historienne réhabilite la mémoire de tout un peuple. Suite de l’annexion du Haut-Karabagh par l’Azerbaïdjan, il est de nouveau martyr et doit quitter sa terre.
Sur un sujet attendu, la conférence de Michel Pastoureau, historien spécialiste des symboles dans les sociétés occidentales, auteur notamment de Bleu. Histoire d’une couleur (2000), a donné un aperçu de sa culture encyclopédique.
De la personnification de la mort à l’habillage des défunts, de la liturgie aux couleurs du deuil, Michel Pastoureau a a plongé le public dans les couleurs de la mort, une camarde tout de noir vêtue depuis Philippe le Bon (1396-1467). Truffée d’anecdotes et de traits d’humour, sa prestation a puisé autant dans l’histoire de la chrétienté que dans la lexicographie. Cet érudit de haut vol a aussi rappelé quelques éléments étonnants comme la volonté de nombreux défunts, jusqu’au XVIIIe d’être inhumés dans une peau de Cerf, animal christologique symbole de résurrection.
La ville thème de l’édition 2024
Comme chaque année, il revint à Jean-Noël Jeanneney, président du comité scientifique de l’événement, qui rassemble 50 000 festivaliers durant 5 jours, d’annoncer le thème de la future édition. La ville sera à l’affiche du 9 au 13 octobre 2024. On notera enfin cette année, l’absence remarquée du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Gabriel Attal et les menaces qui pèsent sur la présence des professeurs d’histoire-géographie que le gouvernement entend maintenir dans leurs classes au détriment de leur formation continue.
Toute la communauté des historiens a d’ores et déjà rendez-vous à Blois en 2024. Photo Jean-Luc Vezon