Dans l’Orléans Mag de février 2023, l’adjoint chargé de la culture, William Chancerelle, rappelait que la rénovation du Conservatoire de la ville d’Orléans était sur les rails. Les membres de ce fleuron de l’enseignement musical s’inquiètent sur leur devenir et l’avancée des travaux dans une lettre adressée cet été au maire d’Orléans et toujours sans réponse.

Par Jean-Paul Briand.

Avec ses 1 400 élèves, ses 80 professeurs et l’équipe administrative, le Conservatoire à Rayonnement Départemental d’Orléans (CRDO) de Musique, de Théâtre et de Danse est trop à l’étroit dans ses vétustes locaux, éclatés sur plusieurs sites. La restructuration du CRDO a été votée en Conseil municipal orléanais fin 2022. L’objectif est de créer une unité architecturale et pédagogique autour du site principal situé Place Sainte-Croix. Dans ce but, en mars 2023, la ville d’Orléans a acheté deux bâtiments proches, rue d’Escures. Les importants travaux d’adaptation des immeubles nouvellement acquis et la rénovation du conservatoire actuel, avec la salle de l’Institut, doivent être terminés en 2026.

Pas d’avis de réception ni de réponse

Tout semble parfait pour le CRDO : de nombreux élèves, un corps professoral aux qualités reconnues, de bons résultats à chaque fin de cycle et bientôt de nouveaux locaux qui resteront au cœur de la ville.

Néanmoins, début juillet 2023, dans une lettre adressée au maire d’Orléans Serge Grouard que Magcentre a pu se procurer, le personnel du CRDO, enseignants et administratifs, exprimaient leurs légitimes inquiétudes. A ce jour pas d’avis de réception, ni de réponses à leurs questionnements de la part du maire, de son adjoint à la culture ou des services municipaux compétents. Il est vrai que les signataires du document ont pris beaucoup (trop) de précautions pour annoncer l’objet de leur courrier : « Notre objectif est simplement de signaler la détérioration progressive de la situation au Conservatoire, qui nécessite une action urgente pour maintenir les missions centrales et essentielles que nous accomplissons auprès des habitants de la Ville, et au-delà », s’excusent presque les auteurs de la missive. Un ton plus direct et moins courtois aurait-il eu plus d’impact ?

Des moyens afin d’offrir des services de qualité à tous les usagers

Quoiqu’il en soit, il est bien légitime que les membres du CRDO s’interrogent sur le lieu de leur nécessaire relocalisation pendant la durée des travaux. Aucun choix n’a encore été arrêté. L’hypothèse de l’ancien collège Jean Rostand à l’Argonne avait été évoquée avant d’être abandonnée. Une autre piste près de la Place d’Arc avait été proposée mais rapidement écartée. D’autres hypothèses sont étudiées mais aucune décision n’a encore été prise. Pourtant le choix du transfert doit intervenir rapidement afin d’accueillir les élèves à la rentrée 2025.

Il est tout aussi fondé que les salariés signalent les « nombreuses vacances de postes essentiels non pourvus », et qu’ils demandent des moyens afin d’offrir des services de qualité à tous les usagers : « Nous devons maintenir des standards élevés tant au niveau de l’enseignement dispensé que des services proposés », revendiquent-ils.

Le dispositif Démos est un enjeu pour les signataires

Dans leur lettre, les membres du CRDO formulent leur crainte vis à vis de la survie du Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale (Démos). Cette opération démocratise la musique dans les quartiers. Sur Orléans, Démos encourage la pratique musicale et orchestrale chez des gamins de l’Argonne, de La Source, de Saint-Marceau et des Blossières. L’intégration des enfants dans Démos, à la rentrée 2024, est un enjeu pour les signataires : « Nous nous inquiétons de la capacité du Conservatoire à intégrer les enfants issus de ce dispositif à la rentrée 2024-2025 », soulignent-ils.

Les membres du Conservatoire orléanais adhèrent au projet de rénovation de leur outil de travail mais ils attendent des réponses à leurs naturelles et justifiées préoccupations. L’adjoint à la culture affirmait pourtant dans Orléans Mag que « la culture est une priorité dans ce mandat ». Son silence discourtois et celui du premier magistrat de la ville contredisent fâcheusement cette déclaration…

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