La 11ème édition du festival renouvelle les mêmes recettes qui font son succès depuis 2003 : des bateaux fluviaux, des promenades sur le fleuve, des démonstrations, des spectacles, de la pédagogie et de la gratuité. Mais pourra-t-il continuer quand la Loire sera à sec ?
Par Jean-Jacques Talpin
Tous les ans depuis 2003 Orléans prend ses habits de fête pour célébrer son fleuve. Pour la 11ème édition qui a débuté ce mercredi, nul doute que le public sera au rendez-vous. Il est vrai qu’en cette fin septembre peu de manifestations régionales peuvent rivaliser avec ce festival qui attire tous les deux ans plusieurs centaines de milliers de spectateurs, 700 000 revendiqués en 2021, un million attendu cette année (chiffres invérifiables). invérifiables) … Tout dans cette fête appelle au succès populaire : des spectacles (François Morel notamment samedi soir peu avant le spectacle « pyro-symphonique »), de grands espaces de jeux pour les enfants, des promenades gratuites en bateau, des démonstrations de construction de toues ou de gabarres, de découvertes d’associations de mariniers, des restaurants et échoppes de produits locaux à consommer. Tous les sens sont donc en éveil tout comme la soif de conférences, de présentations de régions ou de pays, de rencontres autour de cette marine fluviale qu’Orléans a refoulée bien loin dans sa mémoire.
« Un festival qui a du sens »
Tous les historiens et urbanistes des dernières décennies ont qualifié la ville d’après-guerre comme celle « qui tournait le dos à la Loire ». Le réveil date de 1983 quand l’historien et responsable socialiste Michel de la Fournière publiait « Orléans-sur-Loire, hier et demain » où il affirmait la nécessité pour Orléans de se réapproprier son fleuve. C’est de cette revendication de gauche mais reprise par un maire de droite qu’est né le festival de Loire en 2003. C’est pourquoi aussi la gauche l’a boudé, tout autant que les écologistes – un peu moins radicaux aujourd’hui – pour qui ce festival était proche d’une « foire à l’andouille » voire d’une « fête à neuneu »… Depuis Serge Grouard, qui a le sens du vent, a insufflé une nouvelle dynamique en en faisant aussi une vitrine de l’environnement et de la biodiversité. Un festival qui se veut donc « écologique » même si beaucoup dans le milieu vert récusent encore l’appellation « d’écolo friendly » que l’on a pu utiliser dans un récent article. Pour Serge Grouard « c’est un festival qui a du sens » puisqu’il repose sur « l’histoire et la tradition mais aussi sur le futur avec la défense de l’environnement, des milieux naturels et le vivre-ensemble ». Au fil des éditions, le festival s’est étoffé avec plusieurs dizaines de rendez-vous et de manifestations sur 4 jours, pour en faire un grand événement touristique au budget municipal supérieur à 2 millions d’euros.
Télescopage avec les fêtes de Jeanne d’Arc ?
C’est pourquoi d’ailleurs ce festival s’est ouvert sur d’autres régions françaises comme le Pays basque et le canal du Midi cette année, d’autres pays – Croatie, Italie, Pays-Bas pour l’édition 2023 – mais aussi sur d’autres fleuves comme le Saint-Laurent au Québec.
Tous les deux ans le festival est aussi un baromètre du dérèglement climatique avec une Loire de plus en plus faiblarde et qui doit alimenter par pompage le canal parallèle qui sert de cale à bateaux. Cela entraîne son lot de critiques souvent pertinentes même si à la fin l’eau stockée retrouvera la Loire après la manifestation. Alors faut-il déplacer la date au printemps ? « C’est une équation sans solution », répond Serge Grouard car le seul autre espace-temps disponible serait avril ou mai mais avec le risque de télescopage avec les ringardes Fêtes de Jeanne d’Arc. Pas question donc de sacrifier une manifestation au profit de l’autre. La décision sera annoncée ce lundi en Conseil municipal. Mais il semble aujourd’hui très probable que les Fêtes de Loire se tiendront toujours en septembre. Il ne reste plus qu’à invoquer les dieux du ciel pour qu’il pleuve encore en 2025 et au-delà…
Plus d’infos autrement sur Magcentre : A Orléans un Festival de Loire en manque d’eau … mais pas de polémiques