La terre a tremblé au Maroc début septembre, pas loin de Marrakech, entrainant des milliers de morts, de blessés et de sans-abris. Le pays est situé dans une zone à risques sismiques importants. À première vue, les six départements de la région Centre-Val de Loire semblent à l’abri de ce type de séisme. Mais ce n’est peut-être pas aussi certain.
Par Jean-Paul Briand
Depuis que la Pangée s’est disloquée, il y a plus de 250 millions d’années, la croûte terrestre subit constamment d’extrêmes pressions liées aux déformations des douze plaques tectoniques. Les contraintes s’accumulent jusqu’à atteindre des valeurs critiques que les roches ne peuvent plus supporter. Quand elles cassent, une énorme énergie est libérée. La zone de rupture, où prend naissance le séisme est l’hypocentre. De ce foyer les ondes sismiques irradient tout autour et atteignent la surface du sol par le chemin le plus court, à la verticale de l’hypocentre et que l’on nomme l’épicentre. C’est sur cette zone épicentrique que le fracas sismique et les dégâts sont habituellement maximums.
L’échelle de Richter donne une idée des destructions
Il a été signalé que le funeste séisme marocain du 8 septembre dernier, avait une intensité de 6,8 sur l’échelle de Richter. Cette échelle, créée en 1935 par Charles Francis Richter afin d’enregistrer les séismes californiens, n’est fiable qu’à de courtes distances. Les scientifiques utilisent la magnitude de moment qui quantifie l’énergie libérée à des distances déterminées et qui permet ainsi des études comparatives, quels que soient le lieu, l’habitat ou le contexte géologique. Le Conseil européen préfère l’Échelle Macrosismique Européenne (EMS) qui comporte 12 degrés. (Voir infra). Bien que rudimentaire, l’échelle de Richter donne une idée des destructions. Ainsi il est estimé que :
- de 1 à 3, un séisme est à peine ressenti ;
- de 4 à 5, il est nettement ressenti mais cause peu de dégâts ;
- de 6 à 7, il est destructeur ;
- à 8, il est de plus ressenti sur une grande distance ;
- à 9 ou au-delà, il est dévastateur, tout est détruit sur une très grande superficie.
La région Centre-Val de Loire n’est pas épargnée
Lorsque l’on consulte la très complète base de données des séismes historiques en France, on constate que le territoire français subit des tremblements de terre, principalement aux Antilles (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélemy) mais aussi en métropole. Sur ce registre de la sismicité française, en France métropolitaine, 5 743 séismes ont été recensés depuis plus de mille ans. Parmi les mieux documentés, 2 565 ont une intensité (sur l’EMS) supérieure ou égale au degré 4 (secousse largement ressentie dans et hors les habitations, tremblement des objets) et ont pu causer de nombreuses victimes.
La région Centre-Val de Loire n’est pas épargnée même si le zonage sismique effectué en 2011, la situe en zone de très faible risque. L’Indre, le Cher et l’Indre-et-Loire, le Berry et la Touraine sont des territoires atteints par de très nombreux tremblements de terre, avec parfois des séismes d’intensité (sur l’EMS) égale ou supérieure à 6. Le Loiret, le Loir-et-Cher et l’Eure-et-Loir semblent plus épargnés.
Si le risque de séismes de grande intensité sur le territoire français métropolitain est faible, il faut se rappeler que ce sont essentiellement les constructions mal bâties qui causent les morts. La seule prévention efficace repose sur le respect de la réglementation parasismique des constructions.
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L’Echelle Macrosismique Européenne
Les experts en sismologie de l’Union européenne ont élaboré l’Échelle Macrosismique Européenne (EMS) qui comporte 12 degrés. Son approche globale d’évaluation de la sévérité des secousses sismiques est un outil très utile afin d’élaborer les règles parasismiques de construction.
- 1 : secousse non ressentie mais enregistrée par les instruments ;
- 2 : secousse partiellement ressentie notamment par des personnes au repos et aux étages ;
- 3 : secousse faiblement ressentie, balancement des objets suspendus ;
- 4 : secousse largement ressentie dans et hors les habitations, tremblement des objets ;
- 5 : secousse forte, réveil des dormeurs, chutes d’objets, légères fissures dans les plâtres ;
- 6 : dommages légers, parfois fissures dans les murs, frayeur de nombreuses personnes ;
- 7 : dommages prononcés, larges lézardes dans les murs des habitations, chutes de cheminées ;
- 8 : dégâts massifs les habitations les plus vulnérables sont détruites, presque toutes subissent des dégâts importants ;
- 9 : destructions de nombreuses constructions quelquefois de bonne qualité, chutes de monuments et de colonnes ;
- 10 : destruction générale des constructions, même les moins vulnérables (non parasismiques),
- 11 : catastrophe, toutes les constructions sont détruites (ponts, barrages, canalisations…) ;
- 12 : changement de paysage, énormes crevasses dans le sol, vallées barrées, rivières déplacées.
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