Cimaises telles des fenêtres sur cœur. Il se dégage des toiles d’Agnès Thouvenin-Flescher, de ses scènes d’intérieur, compositions denses à la fois légères et capiteuses, un charme d’une intensité heureuse habitée d’une tendresse emplie d’humanité. Du 8 au 18 septembre, ses œuvres s’harmonisent, rue de Limare, à Orléans, avec le troublant imaginaire de Marine Dupont-Canard.
Par Jean-Dominique Burtin
Lorsque le cœur couve ses battements
Voici que s’offre au regard comme l’évocation d’un silence, un climat de solitude offerte et saisie avec une application confiante suscitant l’émerveillement. Voici des conjugaisons harmonieuses de plans convoquant motifs de papier peint et peinture aux bords merveilleusement dessinés. Ici, voici la table dressée de manière frugale et conviviale ou mémoire figée d’un instant partagé, voici une chambre aux jouets exquis disposés, disséminés, suscitant la mélancolie des souvenirs d’enfance. Et puis voici encore les citrons doux poussant comme des soleils de poche dans le cossu d’un intérieur brinquebalant, voici une lampe bleue dont la lueur est telle une ombre ou encore une coupe de fruits, autant de natures mortes diffusant avec l’art de la transparence et de la forme affirmée, ordre et désordre, beaucoup de calme et de volupté.
Sur l’une des toiles, voici un vélo rouge, celui d’un ami de passage posé contre un mur de papier, voici un chapeau posé, oublié ou conservé, voici encore aussi le dense obscur d’un bord de mer, une nuit du sud. Mais aussi cette femme perdue dans sa contemplation, et dont le corps même est peinture. A souligner encore la beauté de ces migrants franchissant le seuil de la maison accueillante. Tout est ici serein, intime, battement de cœur qui couve.
Avec Agnès Thouvenin-Flescher, place au beau travail d’une artiste peintre, à des traits doux émoussés et aigus, à des couleurs décochés avec magie pour offrir les pièces d’un magnifique château de fables.
Une troublante intensité
D’une troublante intensité est l’œuvre actuelle de Marine Dupont-Canard. Ce nouveau courant s’inscrit dans le fil d’un travail au surréalisme théâtral et captivant jouant sur l’évocation du corps avec une saisissante démesure. Ici, s’offrent cette fois aux regards, des flamboiements de couleurs mais plus encore des élans et élancements de branches, la vision de paysages aux saveurs inquiétantes et mystérieuses. Place ici à un bestiaire affolé à la course familière, à des êtres anodins s’adonnant aux bains de la vie emplis de ses surprises et des doutes qu’elle fait naître. Bref, voici une belle une peinture de visions mises en abîme.
Exposition.
Du 8 au 11 et du 15 au 18 septembre, de 15 heures à 19 heures
33, rue de Limare 45000 Orléans