En parallèle, septembre les voit repartir, offrant des nouveautés théâtrales. Tous les deux, Orléans et Tours, vont perdre ou ont perdu leur direction, pas pour les mêmes raisons, et leur avenir diffère. Mais tous deux présentent dès la rentrée, la dernière création de leurs directeur et directrice respectives.
Par Bernard Thinat
Le CDN de Tours, Théâtre Olympia
Jacques Vincey aura accompli ses dix années à la Direction du CDN de Tours au 31 décembre prochain, on ne peut faire plus à la tête d’un CDN, ensuite on laisse la place à quelqu’un d’autre, (j’en vois certains qui pensent qu’on pourrait appliquer la même règle en politique !), il rejoindra ensuite sa Compagnie « Sirènes » avec laquelle, on n’en doute pas, il offrira au public de nouvelles mises en scène.
Mais il lui reste 4 mois, le temps de présenter au public tourangeau sa dernière création, « Quartett » du dramaturge est-allemand Heiner Müller, avec Hélène Alexandridis dans le rôle de Merteuil, et Stanislas Nordey dans celui de Valmont, avant une tournée nationale qui le conduira dans notre région à Châteauroux, Blois et Bourges. Au théâtre Olympia de Tours, la Première a lieu le 26 septembre. (durée 1 heure 15)
« Inspirée des Liaisons dangereuses, de Choderlos de Laclos, la courte pièce Quartett en concentre et en décuple l’intensité, la cruauté, le trouble. La marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont jouent à rejouer leur relation passionnelle et les intrigues érotiques qui ont conduit au sacrifice de Cécile Volanges et de la Présidente de Tourvel. Un carrousel flamboyant et vertigineux qui déploie tous les artifices du mensonge et de l’illusion pour parvenir à la vérité du désir et du pouvoir. » (CDN Tours)
Photo CDN Tours
Au 1er janvier 2024, il sera remplacé à la direction du CDN de Tours par Bérangère Vantusso que Magcentre a présentée à ses lecteurs lors de sa nomination par la ministre de la Culture.
Plus d’infos sur le site du CDN de Tours
CDN d’Orléans
Situation différente puisque Séverine Chavrier, Directrice depuis le 1er janvier 2017, a répondu aux sirènes (pas celles de la Compagnie de Jacques Vincey), mais de la Comédie de Genève, au budget plus que conséquent, dont elle a pris la Direction au 1er juillet dernier. Une telle proposition, ça ne se refuse pas !
Depuis, il n’y a plus de capitaine dans le vaisseau orléanais. Si le ministère ainsi que le Maire d’Orléans ont bien précisé qu’il n’était pas question que le vaisseau coule, il est permis de s’interroger sur l’attitude des tutelles (DRAC, Région et Mairie) qui tergiversent avant de lancer un appel à candidatures.
Photo Louise Sari
En attendant, la saison reprend aussi au théâtre d’Orléans avec la dernière création de Séverine Chavrier, « Ils nous ont oubliés », d’après une adaptation du roman de Thomas Bernhard, « La Plâtrière ». Création qui a déjà traversé plusieurs pays (Barcelone, Porto), et sillonné la France, avant son passage à Orléans du 12 au 14 septembre prochains, à 19 heures 30 chaque jour, et de repartir en tournée ensuite. Occasion rêvée pour les Orléanais de découvrir une œuvre théâtrale marquante, dont on sait que théâtre, vidéos et musique se conjuguent dans une adaptation très libre du roman. (en français, durée
3 heures 45 avec deux entractes)
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Quelques mots sur le roman de Thomas Bernhard, « La Plâtrière », publié en 1970, que Séverine Chavrier a adapté au théâtre sous le titre « Ils nous ont oubliés ».
Roman relativement court, 250 pages, et mis à part les 3 ou 4 premières, le texte est écrit d’un seul jet, sans chapitre, ni paragraphe. Un narrateur dont on ne sait rien, évoque le couple Konrad d’après ce que lui en ont dit deux personnages énigmatiques, Fro et Wieser.
Konrad et son épouse, tous deux déjà âgés, se sont réfugiés dans une grande bâtisse, la Plâtrière, au milieu d’une forêt, lui barricadant portes et fenêtres, craignant voleurs et assassins, elle handicapée en fauteuil et n’ayant suivi son mari que contrainte et forcée. L’objectif du mari est d’écrire un essai sur l’ouïe. Il y pense depuis des dizaines d’années et n’a pas encore écrit le moindre mot. Il passe ses journées à tester ses idées sur l’ouïe en prenant son épouse comme cobaye, lui infligeant des séances de tortures auditives. D’après lui, il possède l’essai dans sa tête, ne reste plus qu’à le coucher sur le papier, ce qu’il ne réussira jamais.
Thomas Bernhard répète jusqu’à plus soif les mêmes éléments de langage, tout en incorporant à petites doses de nouvelles informations sur le couple Konrad. On pourrait penser que la lecture du roman va s’avérer fastidieuse. Bien au contraire, plus le lecteur avance dans le texte, et plus il va prendre du plaisir à sa lecture. Jusqu’au drame final que le lecteur connaît puisque Thomas Bernhard l’a révélé dès le début de son roman.
B.T.
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