[Rétro] Châteauroux, quand la Chine plie bagage

 

A l’occasion de ses vœux à la presse, Gil Avérous a annoncé que les Chinois souhaitaient vendre toutes leurs acquisitions à Châteauroux. La fin d’une parenthèse de quinze années.

Par Pierre Belsoeur

Juin 2014 : l’Etat, la Région, le département et Châteauroux Métropole sont aux côtés des Chinois pour inaugurer Eurosity. Photo Pierre Belsoeur

C’était le rêve éveillé de Jean-François Mayet et Louis Pinton. Le maire de Châteauroux et le président du conseil départemental d’alors, par ailleurs tous les deux sénateurs, imaginaient en 2009 une énorme zone d’activité à haute qualité environnementale sur laquelle seraient créés 5 000 emplois ! Le premier se bagarra avec les agriculteurs pour acheter 150 hectares de terres agricoles à transformer en zone industrielle. Le second construisit cinq kilomètres de route à deux fois deux voies enjambant une voie ferrée et un spectaculaire échangeur afin de relier l’autoroute à cette zone d’Ozans. Quinze ans plus tard, il n’y a toujours aucun emploi de créé et les agriculteurs continuent de récolter des céréales sur plus de 100 hectares appartenant à la communauté d’agglomération. La greffe chinoise n’a pas pris.

Une maquette de rêve

En 2009, c’est dans les salons de l’hôtel Crillon à Paris que Jean-François Mayet présenta en compagnie des investisseurs chinois conduits par la Bank of China, la maquette de la zone couverte de constructions en dur abritant des entreprises et leurs centres de recherche. Des implantations au milieu d’un paysage végétalisé, avec des circulations douces et des véhicules électriques pour relier Ozans à l’aéroport et au terminal ferroviaire. Tout le monde ne demandait qu’à y croire et les inscriptions aux cours de chinois de la CCI ont explosé.

Cinq ans plus tard, en juin 2014 on inaugurait en grande pompe Eurosity. Les entreprises qui devaient être la tête de pont asiatique avaient disparu mais le château d’Ozans avait reçu un coup de peinture et les dignitaires chinois étaient présents pour signer une nouvelle série de contrats avec des industriels et un organisme de formation. Les invités s’en allèrent en procession jusqu’au site où devait s’élever l’ensemble de bureaux qui devait accueillir les entreprises intéressées par une installation à Ozans. Le Citech est bien sorti de terre avec ses quatre niveaux prêts à être livrés aux investisseurs. Une série de bassins de rétention ont été creusés et des voies de communication ébauchées. Et puis plus rien.

Le Citech a accueilli nombre de délégations d’entrepreneurs chinois, mais rien ne s’est concrétisé. Photo Pierre Belsoeur

Le Covid balaie l’université

Ou plutôt si. Sur le site voisin de La Martinerie, une antenne de l’université de Pékin fut installée dans d’anciens bâtiments militaires rénovés ou construits de toutes pièces. 
Les étudiants vivaient à La Martinerie mais étudiaient sur le campus universitaire castelroussin de Balsan.
On leur avait même construit un stade avec piste d’athlétisme. Une réception célébrait l’amitié Franco-Chinoise à la préfecture à l’occasion du Nouvel An Chinois. On était arrivé à 200 étudiants lorsque le Covid s’invita. Les étudiants regagnèrent la Chine, les portes du Centre se refermèrent. Elles ne se rouvriront pas, sinon pour héberger des stagiaires du festival Darc, les élèves de l’académie de football d‘United World ou les tireurs des JO en 2024.

Sur Ozans les trois salariés de la société chargée de commercialiser le site auront été les seuls occupants du Citech. Mais les Chinois n’auront pas été les seuls à se heurter à la malédiction Ozans. En mars 2019 Gil Avérous et Dirk Dobber présentaient en grande pompe une nouvelle fois le Projet Green Challenge 36 associant des grands groupes Européens pour créer un DATA Center dont la chaleur pourrait servir à faire tourner une usine de déshydratation de luzerne et alimenter des serres horticoles.
Cinq ans plus tard rien n’est sorti de terre et Gil Avérous est plus que réservé sur ce dossier, les normes de sécurité nécessaires à une telle implantation pourraient décourager les voisins potentiels.

Ce qui est acquis, si l’on peut dire, le maire l’a confirmé lors de ses vœux à la presse, c’est que les Chinois souhaitent vendre les 40 hectares qu’ils possèdent ainsi que le Citech et le château d’Ozans, mais aussi leur centre d’enseignement de La Martinerie. Et cela en un seul lot ! Or sur la Martinerie, il y a les bâtiments réaménagés, mais aussi ceux qui entourent la cour d’honneur de l’ancienne base américaine…      

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Commentaires

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  1. habitant Le poinconnet et ayant un passé d’industriel, on s’est toujours demandé ce qui se passait, des promesses et rien… rien des routes crées et barrées….des promesses…il fallait faire croire que l’on allait sauver la Martinerie; mais ouf on a le stant de tir….

  2. Ozans c’ est comme l’ aéroport : c’ est juste à l’ image de l’ agglomération de Châteauroux et de tout le département de l’ Indre , c’ est incroyablement prétentieux , çà passe son temps à se vanter , mais c’ est la seule chose que çà sait faire , çà s’ arrête là et il n’ y a jamais rien derrière … Logique puisque çà ne s’ intéresse pas aux vrais problèmes , comme notamment l’ absence d’ autoroute traversant le Berry d’ est en ouest entre Poitiers et Troyes

  3. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient, même si sur le fond des choses, c’est plutôt une chance que l’histoire se termine ainsi, quand on observe avec un large champs de vision et dans le temps, ce qu’il advient des prises de possessions par cette nation et des motifs de fond réels qui la motivent.
    Il suffit d’ailleurs d’observer qu’il n’existe aucune réciproque concédée à quiconque, sur son propre territoire, avec une telle absence de contraintes.

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