Au pied de l’ancienne meunerie du milieu du XIXème siècle, à Saint-Hilaire-de-Court, l’eau de l’Arnon a cessé de couler depuis de nombreuses années. Pourtant, depuis quelques dizaines de mois, le site a retrouvé de la vie avec l’écopôle alimentaire initié par la régie de territoire C2S Service. Sur place, on vient faire son marché chaque vendredi quand vient l’été.
Par Fabrice Simoes
Au siècle dernier, le virage de la Chaponnière était le premier, ou le dernier selon votre sens de circulation, de la longue, très longue, ligne droite de la Nationale 20 qui menait le quidam de Vierzon à Vatan, dans l’Indre. Et parfois, traverser vers l’un ou l’autre côté était délicat… Désormais la RN 20 n’est plus qu’une route annexe. Pour rejoindre le moulin du lieu-dit, on traverse la nationale déclassée sans trop d’appréhension maintenant. A quelques encablures de là, chaque vendredi en semi-nocturne, à partir de 17h30, l’écopôle alimentaire accueille le public pour un marché un peu autrement.
A l’entrée du marché, Mathieu fait l’accueil, indique la marche à suivre pour déambuler à ceux qui se sentent un peu perdus, et explique les divers ateliers pratiqués sur place. Jean-Luc Birski, l’initiateur du projet de l’écopôle, est là aussi, un peu plus loin, pour apporter son éclairage, et nouer le lien avec les adhérents potentiels. Très souvent dans une ambiance festive et musicale, on peut découvrir des artisans et commerçants de la région, faire le plein de produits locaux bio, effectuer une visite guidée du site et de ses installations. On peut manger ou boire un verre sur place. Chaque semaine, on peut déguster un plat végétarien préparé avec les légumes bio du moment. On peut aussi juste dire bonjour d’un coup de tête et flâner entre les petits stands du Conservatoire d’Espaces Naturels ou du Pôle d’Équilibre Territorial et Urbain, ou encore du Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile.
Un espace à façonner, un tiers-lieu à partager
Le site du moulin de la Chaponnière, ses centaines de mètres carrés de bâtiments et ses huit hectares de terre, ont été endormis bien longtemps avant de retrouver une activité. Sur place, la municipalité de Vierzon a délégué à la régie de territoire C2S Services, spécialisée dans l’action sociale, le soin de créer « un espace à façonner, un tiers-lieu à partager ». L’asso développe et met en œuvre des initiatives et des activités en faveur de l’insertion sociale et professionnelle. Elle a lancé un projet d’écopôle alimentaire sur le site. Le concept se veut « citoyen et participatif, écologique et solidaire. Un lieu outil pour avancer collectivement vers la transition ». Parce que « l’autonomie alimentaire durable ne se décrète pas et se construit avec et pour les habitants du territoire, l’écopôle Alimentaire souhaite offrir un espace de liberté pour repenser l’écosystème, réfléchir ensemble à de nouvelles solutions, adaptées à nos territoires ruraux, les mettre en pratique et ainsi engager concrètement la transition vers l’alimentation durable et la démocratie alimentaire ».
Depuis 2020, un chantier d’insertion maraîchage a trouvé sa place. La production de légumes va croissante. Au sein de l’écopôle, la diversité et l’évolution des cultures sont au cœur de la démarche agricole. Les maraîchers engagés dans cette aventure veulent partager une passion commune pour une agriculture saine et respectueuse de l’environnement. Après avoir obtenu l’autorisation d’exploitation auprès de la Direction Départementale des Territoires, l’écopôle n’a pas raté le cap de la certification bio par Ecocert.
Sous les serres on cultive donc bio. Là, on utilise la laine des moutons de l’activité
éco-pâturage en guise de paillage. A l’entrée du jardin, un grand bac déborde d’arrosoirs pour enfants. L’arrosage, c’est tellement plus marrant sous le regard des parents. Un pas et l’on côtoie les chats en quête de souris des champs. Une enjambée et on peut presque se mettre à l’ombre des feuilles des concombres empereur. Pas de problème de pollinisation, les abeilles font leur miel à quelques dizaines de mètres et un imposant hôtel à insectes trône au milieu d’une parcelle en herbe. On peut humer l’air du Berry et se dire qu’on n’est pas si loin d’atteindre l’objectif de ce « lieu qui favorise le
vivre-ensemble, la mixité des publics et des usages ».
Chaque vendredi d’été, jusqu’en septembre prochain, le marché de l’écopôle de la Chaponnière sort ses étals. Pour le dernier rendez-vous, le 22 septembre, il sera décentralisé au pied de l’église Saint-Célestin de Vierzon pour un « marché plus large qu’à l’habitude ».
Site de l’écopôle de la Chaponnière
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